Les conseils d’une parajuriste forte de 38 ans de carrière
Camille Dufétel
2023-05-25 15:00:00
« Vingt ans, c'est long, mais en même temps, c'est passé si vite. J'ai eu et j'ai encore la chance de travailler auprès de personnes exceptionnelles », écrivait-elle ainsi récemment sur LinkedIn.
Elle a d’abord été adjointe juridique chez ce qui s’appelait Fargnoli & associés, puis chez Lavery, et chez Gasco Goodhue St-Germain. Chez Langlois, Nathalie Bénard a travaillé plus de dix ans comme adjointe juridique avant d’y devenir parajuriste pour l’équipe en droit des assurances, il y a près de dix ans.
Langlois comporte aujourd’hui 14 parajuristes dont neuf à Montréal, quatre à Québec et un à Laval.
Droit-Inc est revenu avec Nathalie Bénard sur son parcours et lui a demandé ses conseils aux futurs parajuristes.
Vous avez travaillé chez Langlois comme adjointe juridique, puis comme parajuriste. Quelle est la différence entre ces postes ?
L’adjoint juridique va faire des tâches administratives, comme la facturation, le suivi de l’agenda, faire des suivis avec les clients entre autres… C’est précieux, un adjoint juridique.
Le parajuriste va faire plus de recherches, rédiger des procédures, des projets de rapports clients, de l’enquête, des demandes d’accès à l’information… Tout dépendant de son domaine. Je travaille en droit des assurances, mais chaque parajuriste a ses spécialités.
Être parajuriste, c’est vraiment le poste entre l’adjoint juridique et l’avocat. On touche un peu à tout. Il y a tellement de choses qu’on peut faire pour libérer les avocats et qu’ils travaillent vraiment le droit, qu’ils plaident, qu’ils rendent des opinions…
À quoi ressemble votre quotidien de parajuriste en droit des assurances ?
Au-delà des exemples que j’ai pu donner, je vais faire des lettres de mandats pour des experts qu’on va mandater, de la vérification et de la préparation d’engagements et de pré-engagements dans le cadre d’interrogatoires… Aussi des résumés d’interrogatoires, de dossiers médicaux ou autres dossiers qu’on peut avoir obtenus…
Mais ce ne sont que des exemples, c’est vraiment varié, il n’y a pas deux journées où je fais la même chose.
Quels sont vos conseils aux futurs parajuristes ?
Les trois mots clés que je retiens de toute ma carrière sont la patience, la souplesse et la curiosité. Je leur dirais de toujours bien écouter, de bien lire attentivement les mandats confiés, de ne pas aller trop vite. De prendre le temps de bien comprendre et de poser des questions pour être sûr de rendre un travail précis et de qualité.
C’est très important, surtout pour les jeunes qui parfois veulent se dépêcher. Pour impressionner quelqu’un, il faut vraiment se donner la peine de tout analyser pour être certain d’avoir compris ce qui a été demandé.
Je dirais aussi d’aller de l’avant si on leur donne un mandat et qu’ils pensent que d’autres choses pourraient être utiles à l’avocat. De le proposer.
Il faut avoir l’esprit ouvert et penser plus loin que le simple mandat confié, en sachant qu’on veut offrir le meilleur service aux clients.
C’est en tout cas un travail qui se fait facilement à distance, pour ceux qui ont besoin de concentration et qui travaillent mieux seuls.
Leur conseillez-vous d’acquérir des connaissances juridiques dans un domaine en particulier ? Ou vont-ils apprendre sur le tas ?
C’est un peu tout ça. Il y a évidemment soit la formation au cégep pour être technicien juridique, soit la formation à l’université pour avoir un certificat en droit. C’est vraiment la base pour devenir parajuriste de faire l’un des deux ou même les deux.
Pour le fait de se spécialiser, un jeune parajuriste peut arriver dans un cabinet, toucher un peu à tout et se rendre compte de ce qu’il préfère. Ça dépend du cabinet. Plus il est gros, plus il est possible de cibler des parajuristes dans certains secteurs.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Je travaille bien seule, même si j’ai un grand sentiment d’appartenance auprès de mon équipe. Ce poste me permet de faire le travail par moi-même et de mettre l’épaule à la roue pour que mon équipe ait toute l’information qu’il lui faut.
Vous êtes depuis vingt ans chez Langlois, qu’aimez-vous au sein de ce cabinet ?
Tout ! C’est le meilleur des deux mondes. J’ai un grand bureau avec toutes les ressources que ça comporte au niveau informatique, du centre de services, de tous les membres du cabinet… Et en même temps, c'est un cabinet qui est resté très humain.
J’ai l’impression que mon travail au sein de cette équipe est apprécié et valorisé.
Pouvez-vous revenir sur votre carrière avant Langlois ?
Fargnoli & associés, où je suis arrivée en 1985, était un tout petit cabinet boutique. On faisait de tout, du litige, du matrimonial, du corporatif, des affaires, selon la demande du client. Cette époque m’a appris beaucoup à me débrouiller et à être créative.
Cela m’a aussi permis de développer des connaissances générales dans tous les domaines et de voir ce que j’aimais et ce que j’avais envie de faire ensuite. Dans le même temps, en 1988, j’ai suivi un certificat en droit à l’Université de Montréal. À l’époque, ça n’existait pas, les parajuristes.
Au bout de cinq ans dans ce cabinet, j’ai eu le goût de faire autre chose. Je suis allée chez Lavery et c’est à partir de là que j’ai commencé à faire du droit des assurances. Ça m’a permis d’apprendre à travailler dans de gros dossiers, ce que je n’avais pas fait dans mon premier bureau.
Il y avait de gros moyens technologiques et des services qu’on n’avait pas dans un petit bureau. Je suis restée chez Lavery pendant sept ans. Un de mes patrons s’en allait chez Gasco Goodhue St-Germain et m’a demandé de le suivre, alors je suis allée le rejoindre.
Chez Gasco, j’ai fait du droit des assurances. En 2003, j’ai suivi une de mes collègues qui est allée chez Langlois.
J’y étais adjointe juridique jusqu’en 2013, puis soudainement, j’ai reçu un courriel disant qu’un poste de parajuriste pour l’équipe droit des assurances à Montréal allait être créé. J’ai répondu à la blague en disant que j’avais les connaissances pour.
Finalement, j’ai obtenu le poste, alors que je n’avais pas vraiment envisagé d’être parajuriste.
Qu’est-ce qui vous a au tout départ attirée vers le droit ?
C’est un concours de hasard. En 1984, je me suis inscrite pour une formation professionnelle au Collège de secrétariat moderne. Je voulais devenir adjointe. Ce qui m’intéressait, c’était le médical.
La directrice du collège m’avait fortement suggéré de plutôt orienter ma carrière en droit en me disant qu’il y avait plus de demande et que c’était plus payant. Sans vraiment y avoir réfléchi, je me suis inscrite en option juridique.
J’aime l’organisation, préparer des choses, sans être mise nécessairement en avant. Et j’aime être dans une équipe.