Moins payés, plus heureux !
Céline Gobert
2015-06-19 14:15:00
C’est même parce qu’ils « se trompent de récompenses » que les avocats et les étudiants en droit font fausse route quand il s’agit de définir les ingrédients nécessaires à leur recette du bonheur, indique le New York Times.
Selon Lawrence S. Krieger, un professeur de droit à l’Université de l’État de Floride, les étudiants en droit se consacreraient même à leurs études au détriment de leur santé et de leurs relations personnelles en pensant « plus tard, je serai heureux, parce que le rêve américain sera mien ». Sauf que cela ne marche pas, déplore-t-il.
Rappelons nous du cas de Me Hans Marotte, avocat au Mouvement Action-Chômage que Droit-inc avait rencontré et qui avec un salaire de 40 000 dollars annuels, était plus heureux qu’un avocat d’un grand cabinet montréalais qui pleurait le matin avant de se rendre au travail !
Le bonheur dans les services publics
Les avocats employés des services publics, qui gagnent moins d’argent que les avocats de grands bureaux seraient les plus heureux de la profession. Ils consommeraient également moins d’alcool que leurs confrères aux salaires plus élevés. Pourquoi ? Parce qu’ils auraient un but…
Devenir associé, le sacré Graal dans un bon nombre de cabinets, ne suffirait pas non plus à faire le bonheur des juristes : les associés junior rapportent un bien-être identique à celui des associés senior. Pourtant, ils sont payés 62 % de fois moins qu’eux.
Le problème avec les emplois prestigieux, explique Lawrence S. Krieger, c’est qu’ils n’engendrent pas les sentiments de compétence, d’autonomie et de connexion nécessaire au bon développement de soi, conformément à ce que défendent certaines théories en psychologie. « Les emplois dans le service public le font, eux. »
Cynisme et haine du public
Les recherches ont prouvé qu’une vision optimiste de ce qui nous entoure est bon pour notre santé mentale, explique Patricia Spataro, la directrice d’un programme d’assistance pour avocats ayant des troubles mentaux. Or, la profession d’avocat s’accompagne souvent d’une certaine dose de cynisme malsaine pour le bien-être du professionnel.
Selon elle, les avocats sont en outre entraînés à toujours s’imaginer le pire des scénarios pour mener à bien leurs affaires, ce qui n’est pas très sain non plus.
L’image négative de l’avocat qu’entretient la population n’est pas là non plus pour arranger les choses : il existe une véritable hostilité du public pour la profession. « Les gens ont l’air de détester les avocats, dit-elle, on trouve des milliers de sites internet qui regroupent des blagues sur eux, c’est horrible. »
Pire, selon l’article du NYT : sur le site de CNN, des milliers de commentaires, depuis censurés, se réjouissent du suicide d’avocats.