Un parcours atypique!
Camille Dufétel
2023-11-24 15:00:00
« Je peux dire que j’ai un parcours atypique », lance d’emblée l’avocat montréalais, originaire de Québec, passé chez Woods et Novalex, depuis peu médiateur de petites créances accrédité par le Barreau du Québec.
Il travaille depuis cette année à son compte, et s’est lancé dans cette aventure tout en étant consultant à temps partiel pour des camps d’été et en suivant des études à HEC Montréal. Le tout accompagné de son chien saucisse adopté l’an dernier, un teckel baptisé « Dobby la saucisse », jeune « chienfluenceur » qui a son propre compte Instagram!
Ne pas regretter
Quand il est entré à la faculté de droit à McGill, Me Godin-Landry travaillait en parallèle pour l’organisation Kéno, dans la région de Québec, qui assure la gestion de camps de jour et de camps de vacances. Il y a été coordonnateur de site durant l’été puis directeur de secteur pendant la saison.
Cette expérience lui a beaucoup plu, à tel point qu’il a envisagé de suivre un deuxième cycle en administration des affaires et plus précisément en ressources humaines. Finalement, lors de sa dernière année à McGill, il a suivi un atelier sur le litige civil donné par Me Sarah Woods.
« J’ai tellement aimé mon expérience que finalement, je me suis dit que si je n’essayais pas au moins le litige civil en début de carrière, j’allais le regretter », se souvient-il. Il a alors mis sur pause son projet de travailler en gestion de ressources humaines.
Il a participé à la Course aux stages durant sa dernière année d’université et a obtenu un stage chez Woods.
« Très rapidement, dès les premières semaines de stage, et ensuite dès que je suis devenu avocat, c’est devenu très clair pour moi que je m’intéressais davantage à la gestion à dimension humaine, tout ce qui est contact avec le client, gestion de ses émotions dans des situations de crise, stratégies de négociation avec la partie adverse… Ce sont les aspects de la pratique qui m’intéressaient le plus ».
Affiner ses préférences
Chez Woods, il a saisi plusieurs opportunités de travail sur des dossiers de litige civil mettant en jeu la réputation, la carrière et la vie personnelle de particuliers. « Ça m’a permis de confirmer qu’une pratique du droit à dimension humaine m’intéressait beaucoup plus qu’une pratique du droit strictement commerciale », remarque-t-il.
À l’interne, chez Woods, il précise avoir eu la chance de travailler sur des comités de travail en lien avec la gestion des ressources humaines. Il a fait partie du comité de recrutement et de celui pour le bien-être personnel.
Il se dit aussi fier du travail accompli dans le cadre de ces comités, que de celui effectué dans le cadre de ses dossiers.
Il a pris la décision de quitter le cabinet à la fin de l’année 2021 et tient à souligner qu’il est resté en très bons termes avec l’équipe. « J’ai trouvé ça un peu déchirant de quitter Woods parce que j’adorais l’environnement de travail, mais je sentais que la pratique du litige commercial, qui est vraiment le focus chez eux, n’était pas vraiment alignée avec ce que j’avais envie de faire ».
Il a alors rejoint Novalex en janvier 2022. Son objectif était de recentrer sa pratique sur le droit de l’emploi et de s’initier au droit de la famille. « Je voulais expérimenter ces domaines car on travaille au plus près des particuliers et, surtout en droit de l’emploi, des gestionnaires de ressources humaines », explique-t-il.
Cette expérience lui a permis de confirmer son intérêt pour le volet de la gestion à dimension humaine, dans la pratique du droit, et d’être exposé à plusieurs styles de gestion. Il a commencé à développer une clientèle un peu nichée dans l’industrie du loisir, en particulier les acteurs de l’industrie des camps d’été.
Opter pour l’indépendance
Il a quitté Novalex en mars 2023 et s’est alors lancé à son compte, sous la bannière Godin-Landry, avocat & consultant. Il a décidé de se concentrer sur le droit de l’emploi et plus particulièrement sur le conseil et l’accompagnement de PME et d’OBNL. Il a aussi souhaité élargir sa gamme de services au conseil plus général en gestion de ressources humaines et en développement organisationnel.
Il a également déjà fait de l’enquête en lien avec des allégations de harcèlement psychologique en milieu de travail. « C’est grâce à la confiance de mes clients que j’ai commencé à élargir ma gamme de services », note-t-il.
Aujourd’hui, il s’est entouré d’une adjointe juridique et d’une étudiante en droit et parle d’une phase d’expérimentation.
Au cours de l’été dernier, l’avocat a eu l’opportunité de retourner travailler dans un camp de vacances. Il a été directeur des opérations pour la saison 2023 au Camp Bruchési dans les Laurentides.
« Ça a été une belle opportunité de voir quels sont les enjeux propres à ce type d’organisation en 2023, pointe-t-il. J’ai été confronté sur le terrain à la pénurie de personnel. C’est une chose d’en parler, mais ça en est une autre de la vivre. »
Son contrat s’est prolongé quelque peu durant l’automne, à temps partiel à titre de consultant.
Quand on lui demande ce qui lui plaît tant dans l’univers des camps d’été, il répond qu’ils sont pour lui un milieu d’éducation complémentaire aux écoles traditionnelles. « J’ai passé tous mes étés quand j’étais jeune autant dans des camps de jour que dans des camps de vacances et j’ai développé mes intérêts, mes forces et certaines qualités interpersonnelles dans les camps. C’est aussi un milieu d’éducation ludique. »
Reprendre des études
Ce n’est pas tout pour l’avocat, puisque ce dernier est aussi retourné cet automne à temps partiel aux études à HEC Montréal au D.E.S.S. en gestion - ressources humaines, dans l’objectif de devenir CRH agréé et de compléter son offre de services.
Aucune semaine ne se ressemble pour l’avocat de 27 ans au mode de vie très hybride. « Ce que j’ai fait m’a permis de prendre confiance en mes compétences, en mes aptitudes juridiques et entrepreneuriales », constate-t-il. À terme, il ne sait pas s’il travaillera à temps plein comme avocat ou s’il œuvrera dans une entreprise.
S’épanouir
Il se sent en tout cas plus heureux qu’il ne l’était comme avocat salarié en cabinet.
« J’ai un meilleur contrôle sur ce que j’ai dans mon assiette, même si c’est sûr qu’il y a des impondérables, assure-t-il. J’ai la satisfaction de m’être lancé dans des projets fidèles à ce que j’ai envie de faire en ce moment. Je me donne le temps d’expérimenter et de recevoir du ‘feedback’ de mes clients, qui jusqu’à présent est très positif. »
Il remarque qu’en cabinet, la réalité de la pratique pour un avocat junior est d’avoir soit un gros volume de dossiers à gérer pour remplir ses objectifs d’heures facturables, soit un plus petit volume de dossiers, mais à grand déploiement.
En étant à son compte, il se sent plus disponible d’esprit pour ses clients. Il estime qu’il maintient une quinzaine de dossiers actifs à la fois, et tous ne nécessitent pas de travail hebdomadaire.
En somme, tout est encore en construction pour l’avocat, qui se laisse le temps de voir. S’il est conscient d’avoir un profil éclectique, il explique que le fil conducteur de son parcours est son intérêt à travailler pour accompagner des individus et des entreprises à traverser différentes épreuves.
Il teste par ailleurs de nouveaux services, comme les consultations éclair à tarif fixe sur réservation accessibles aux particuliers, « comme quand ils vont s’acheter un billet de cinéma ».
L’avocat souhaite montrer à son bassin de clients que l’engagement sur le long terme n’est pas obligatoire et qu’il est possible d’avoir une consultation unique. « J’ai senti que c’était une demande pour laquelle il n’y avait pas vraiment d’offre ».
Une chose est sûre, pas le temps de s’ennuyer pour Me Godin-Landry, qui se permet tout de même des moments d’arrêt et ce, grâce à son chien !
« Tous mes clients personnels l’ont déjà vu, que ce soit durant une consultation vidéo ou en personne, et tout le monde tombe en amour avec lui. C’est anecdotique mais adopter un chien a été une façon pour moi de m’imposer des pauses. Quand je sors avec lui dans la rue, je ne peux pas avoir mon téléphone dans les mains! »
Quoi qu’il en soit, l’avocat a l’intention de continuer à faire de la gestion saisonnière de camps d’été, mais ne sait pas encore où, et indique que rien n’est acté!
Beau portrait
il y a un anRafraichissant portrait d'un avocat prometteur!