Le leadership version féminine

La semaine passée avait lieu à Toronto une conférence de deux jours intitulée «Women Leadership in the Legal Profession», présentée par Federated Press.

Devant un groupe d’environ vingt avocates, des associées de grands cabinets canadiens ainsi que des conseillères juridiques d’entreprises d’envergure ont raconté leur cheminement de carrière et ont livré leurs trucs pour mieux développer son leadership et sa clientèle.

Être une référence dans son domaine… et plus encore!

Les invitées de la conférence ont toutes insisté sur l’importance de devenir une référence dans un domaine précis, c’est-à-dire de se trouver une niche. Ce n’est toutefois plus suffisant, selon elles.

En effet, le monde juridique actuel fait en sorte que nous ne sommes plus seulement des avocates, mais aussi des «PME sur pattes», et nous devons toujours être en développement des affaires.

Il faut sortir de son bureau et de sa zone de confort, et développer un réseau de relations professionnelles afin de pouvoir apporter une plus-value à notre travail.

Se trouver des mentors et des commanditaires

Avoir un ou plusieurs mentors permet d’obtenir des conseils et un support au sujet de sa carrière et des décisions qu’on veut prendre. Une associée de chez Miller Thomson a d’ailleurs raconté qu’au début de sa carrière, elle s’était assurée de s’entourer de gens qui pourraient la relever si elle commettait des erreurs au niveau de son cheminement professionnel.

Les conférencières ont mentionné avoir également bénéficié de l’aide de «commanditaires». Ceux-ci possèdent le pouvoir et l’influence nécessaires pour vous faire avancer dans votre carrière, et feront en sorte de vous placer aux bons endroits aux bons moments.

Un commanditaire sera beaucoup plus enclin à vous donner le coup de pouce dont vous avez besoin si, en retour, votre personnalité et votre performance l’aideront à bien paraître.

Si vous êtes à votre compte ou si vous exercez dans un plus petit cabinet, essayez de voir qui se démarque dans votre entourage immédiat et essayez de nouer une relation de commanditaire-commanditée.

Il est donc important, voire essentiel, d’avoir des mentors ET des commanditaires, selon les conférencières.

Être consciente de l’image que l’on projette

En tout temps, une avocate doit projeter une image professionnelle et cela dépasse largement le cadre superficiel d’être toujours en tailleur et chaussures à talons. Une invitée soulignait avec raison que votre réputation est la seule chose que vous possédez vraiment.

Il est donc important que vous soyez toujours courtois avec les autres, car vous ne savez jamais à quel moment vous aurez besoin d’aide de leur part.

Si vous adoptez toujours une attitude agressive, vos confrères et consœurs se rappelleront de ne surtout pas vous appeler quand vient le moment de proposer une nouvelle opportunité à une avocate! Il faut donc se rappeler l’impression que nous laissons sur les autres.

Écouter les autres

L’importance d’écouter les autres d’une manière active a été soulignée d’une manière continue par les conférencières. Une invitée mentionnait que l’écoute est l'une des principales qualités des femmes et un outil essentiel pour donner un bon service à la clientèle.

Il faut écouter ce que vos clients, vos collègues et votre entourage ont à dire et reconnaître des points de vue différents des vôtres. N’hésitez pas à poser des questions et à vous intéresser aux autres. Vos interlocuteurs vous le rendront bien.

L’art de l’auto-promotion

Les femmes ont un point important à améliorer: l’auto-promotion. En effet, il fallait entendre les conférencières rapporter les réponses de leurs collègues masculins lorsqu’on leur demandait comment s’était passé tel ou tel dossier...

L’homme mettait beaucoup d’emphase sur le «je», tandis que la femme parlait au «nous» et soulignait le travail de toute l’équipe. Parler au «nous» n’est pas mauvais en soi. Mais il faut parfois rendre à César ce qui appartient à César.

Faites valoir vos bons coups auprès de vos collègues. Vous avez publié un article? Vous avez complété une transaction? Une invitée racontait qu’elle envoyait des courriels à ses supérieurs à la fin de chaque mandat qu’elle terminait, afin que ceux-ci soient informés de ce qu’elle faisait et qu’ils soient conscients de la qualité des services rendus.

L’auto-promotion passe également par la promotion que vous pouvez faire à l’endroit de vos collègues. N’hésitez pas à souligner leurs réussites.

Demandez des mandats à vos clients!

Enfin, les conférencières ont déploré que lorsque vient le temps de faire du développement des affaires, les avocates ont toujours peur de demander à leurs contacts qu’ils leur confient des mandats.

«Vous pouvez amener un contact luncher trois fois en trois semaines et il sera bien content. Il se doute bien que c’est dans le but d’obtenir des mandats et que ce n’est pas par pur plaisir altruiste et généreux. Mais si vous ne leur demandez jamais, ils ne comprendront pas le but de votre démarche!» a expliqué une associée d’un grand cabinet.

Bref, la conférence a démontré qu’il y avait vraiment une différence entre les femmes et les hommes dans la manière d’aborder la profession d’avocat et le développement de carrière.

Cependant, une chose a semblé faire l’unanimité auprès des conférencières: l’excellence n’a pas de genre. À nous toutes de nous démarquer!