Les différents chapeaux de l’avocat solo
Sandrine Pernod-Boulanger
2015-05-11 14:15:00
Je n’avais aucune aspiration à devenir gestionnaire et pourtant la gestion du bureau pour un solo est inévitable. L'avocat qui veut réussir dans la pratique à son compte doit être un gestionnaire c’est-à-dire être une personne capable de gérer de nombreuses taches, parfois simultanément.
Je me rends compte après quelques années que j’aime cela mais si ce type de pratique ne convient pas à tout le monde. Le vrai solo, sans employé, porte plusieurs chapeaux, tous les « chapeaux » qui peuvent exister dans une entreprise, en fait.
Ils sont la gestion et le travail. En tant que solo nous sommes : chef de la direction, chef des finances, chef de l'information, réceptionniste, secrétaire, commis et peut-être même concierge.
Lorsqu’un solo est en rendez-vous avec un client ou en conférence à l’étranger, toutes les autres opérations commerciales sont fermées parce qu'il n'y a personne d'autre de disponible pour les gérer.
La gestion d’un cabinet d'avocats signifie des choses différentes selon la taille du bureau et le type de pratique. Et pourtant les tâches générales sont similaires quelle que soit sa taille.
La principale différence de style de gestion entre les petits et grands bureaux est la délégation des tâches de gestion. Plus l'entreprise est grande, plus ces fonctions sont dévolues au personnel spécialisé dans l'administration et la gestion. A l’inverse, plus le cabinet est petit, moins il y a de ressources pour embaucher des gestionnaires à temps plein et la gestion des taches administrative incombe aux avocats.
Déléguer pour bien gérer
Les questions administratives (le bureau, les achats, la comptabilité, le personnel, établir des procédures et des systèmes, le plan d'affaires général/marketing, la technologie, etc…) sont cruciales pour l'existence du cabinet d'avocats. Si elles sont mal gérées, le succès et la rentabilité de l'entreprise vont en être directement affectés.
La clé est de déterminer si nous passons plus de temps à effectuer des tâches administratives idéalement mieux effectuées par des employés ou des consultants non-juristes qu’à livrer des services juridiques.
Lorsque l’on est solo, nous n’avons pas de personnel et quand les tâches administratives commencent à constituer un frein à l’évolution de notre pratique ou générer du retard dans la livraison de nos services, il faut prendre des dispositions pour trouver une aide extérieure pour l’informatique, secrétariat, comptabilité et d'autres questions non juridiques.
C’est ce que j’ai fait quand j’ai commencé à réaliser l’important volume d’heures non facturables à la fin du mois mais surtout que ces heures consacrées à la gestion débordaient sur les soirées, les fins de semaines et les vacances. C’était évidemment totalement en contradiction avec mon souhait d’être plus flexible et disponible pour ma famille.
Un jour j’ai pris des notes, établi des listes et des tableaux, et dressé les colonnes de pour et contre. Et j’ai commencé à déléguer, sous-traiter…comme un gestionnaire. Aujourd’hui, j’ai plus de temps pour exécuter mes mandats juridiques et développer ma clientèle et j’aspire encore à améliorer mon organisation.
En conclusion être un gestionnaire efficace ce n’est pas forcement gérer toutes les tâches simultanément mais plutôt reconnaître les limites de ses compétences et accepter de déléguer.
Après avoir pratiqué pendant dix ans comme conseillère juridique au sein de compagnies et pour le compte de cabinets privés, elle a décidé de démarrer sa propre structure de consultant en agissant comme conseillère juridique pour plusieurs de ses clients.
Me Pernod-Boulanger intervient pour des starts-up innovantes ou des compagnies déjà établies qui souhaitent développer et protéger leurs intérêts et valoriser leurs actifs au Canada et à l’international.