Comment pratiquer en solo

Préférez les avocats solos aux grands bureaux

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Sandrine Pernod Boulanger

2015-02-09 14:15:00

Grâce à la flexibilité de leur pratique, les avocats solos sont en mesure d’offrir différents systèmes de facturation à leurs clients. De quoi rivaliser avec les grands bureaux ?
Me Sandrine Pernod-Boulanger possède une expertise en droit commercial, propriété intellectuelle et droit des technologies.
Me Sandrine Pernod-Boulanger possède une expertise en droit commercial, propriété intellectuelle et droit des technologies.
J’ai assisté à une conférence organisée par l’ACC (Association of Corporate Counsel) au mois de janvier intitulée « Les relations entre services juridiques internes et externes : comment ajouter de la valeur ? ». Autour de la table étaient réunis des conseillers juridiques de compagnies multinationales et avocats de grands bureaux pour débattre de l’éternelle problématique du système de facturation et de la collaboration.

De façon générale, cette question gouverne les relations entre les avocats - qu’ils exercent en grands bureaux ou à leur compte - et leurs clients de toutes tailles.

D’un côté, les clients souhaitent obtenir des soumissions fixes afin d’être en mesure d’établir des budgets et un meilleur contrôle des coûts. De l’autre, les avocats ont peur de perdre de l’argent en annonçant des coûts fixes car la majorité des dossiers comportent des éléments complexes et des imprévus.

La facturation au taux horaire est la méthode préférée de la plupart des grands bureaux. Cependant, pour certains, le temps n’est pas une bonne indication de valeur pour le travail juridique.

On reproche au système d’heures facturables de ne pas forcément encourager un meilleur travail ou une meilleure qualité, pour l’avocat ou le client. L’heure facturable ne fait pas la promotion de l’efficacité.

Jusqu’à récemment, le système de facturation horaire faisait l’unanimité et une fois que la confiance est établie entre un client et son avocat, ce système peut être équitable. Pourtant depuis 2008, les choses ont changé et des méthodes alternatives de facturation ont vu le jour à la demande des clients (« fixed fees », « capped fees », « contingent fees », « success fees »…).

En tant qu’avocats, il nous faut innover pour répondre à la demande de nos clients. Cependant pour les grands bureaux, l’adaptation est plus difficile car le modèle traditionnel d’affaire a été construit sur la facturation horaire. Non seulement « on a toujours fait comme cela » mais aussi celle-ci constitue aussi un moyen d’évaluation des avocats pour la firme.

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Utilisation du forfait

Cela dit, il est indéniable que la profession doit se réinventer et les solos ou les petites firmes ont un avantage essentiel qui est celui d’être flexibles et réactifs et surtout adaptés à chacun de ses clients.

L'utilisation du forfait est une alternative fréquente. Je crois que seuls certains actes juridiques peuvent donner lieu à ce système de facturation quand on est capable d’évaluer le temps et de se référer aux prix pratiqués par le marché (incorporation, dépôt d'une marque de commerce, testament ...).

Pour le reste, il y a souvent trop d'aléas. Le principe est d’annoncer un prix fixe quelques soit le temps passé. Si le professionnel y consacre plus de temps que prévu, il ne chargera pas davantage. Si à l’inverse, le travail est exécuté plus rapidement, le client n’est pas remboursé. Seule la récurrence de ce type de mandats permet ce type de facturation pour qu’un avocat s'y retrouve financièrement.

Sinon, le forfait consiste en une somme fixe qui comprend une estimation du temps multiplié par le taux horaire à laquelle on ajoute une marge de sécurité. Au bout de compte, le coût est plus élevé pour le client. Cependant, si son objectif est d’être en mesure de budgétiser ses services juridiques, cela pourrait lui convenir.

Grille de facturation et honoraires réduits

Par exemple, j’utilise fréquemment un modèle de facturation qui consiste à réduire mon taux horaire en fonction du volume d’heures travaillées. Il faut s’entendre sur une grille et à la fin du mois, une réduction est appliquée à toutes les heures au-delà d’un certain nombre.

Selon moi ce système est juste puisque les heures travaillées sont payées et le client ne craint pas de m'appeler. Cette méthode est aussi constructive car elle a pour but d'établir une relation à long terme. Mieux on connaît le business de notre client, plus on est efficace et rapide. Je crois que cette façon de faire est très adaptée à mon style de pratique puisque j’offre des services juridiques externalisés à quelques clients récurrents.

Ceci est plus difficile dans un plus grand bureau où les heures sont comptabilisées quotidiennement par les avocats désireux d’atteindre leur nombre d’heures facturables. Quelle mauvaise surprise les attend quant à la fin de mois, on leur annonce que leur nombre d’heures facturables est réduit du tiers ou de la moitié car on a appliqué la grille !

Il n’y a évidemment pas de recette miracle. La solution est de communiquer avec nos clients, de leur proposer un choix dans la méthode de facturation et de travail, et surtout d’obtenir leur confiance.
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