Un solo qui grandit!
Emilie Therrien
2013-12-02 14:15:00
«J’ai grandement apprécié le haut degré de professionnalisme et mon expérience chez McCarthy. Les dossiers et les personnes avec qui j’ai eu la chance de travailler étaient de première qualité.»
Au fil des années passées dans ce cabinet, Me Aust a réalisé que les entreprises québécoises cherchaient une alternative aux grands cabinets pour les transactions de moins grande envergure. «J’ai vu cette opportunité dans le marché montréalais», dit-il. Selon lui, il n’existe pas assez de cabinets boutiques en droit des affaires spécialisés en fusions et acquisitions au Québec.
Bien qu’il aimait sa pratique chez McCarthy, il voulait avoir la liberté de bâtir sa propre clientèle. «Si mon aventure ne fonctionnerait pas, dans le pire des cas, un cabinet me récupérerait!» explique Me Aust.
À son compte de chez soi!
Me Aust s’est donc lancé à son compte… à partir de chez lui! «J’ai appelé mes amis en entreprise, en cabinet privé ainsi que des jeunes entrepreneurs en qui j’avais confiance. Je n’avais pas beaucoup d’obligations financières: seulement mon modeste train de vie et mon ordinateur!»
Il n’est pas idéal, selon lui, de commencer à son compte avec des obligations qui peuvent influencer le niveau de stress de l’avocat. «Il faut de la flexibilité afin de ne pas être dans une situation où on a l’obligation d’accepter de représenter tous les clients qui nous approchent», ajoute-t-il.
Une pratique qui décolle
Ce n’est qu’après un an de pratique à son compte que Me Aust a décidé de louer un bureau commercial sur la rue Sherbrooke. «J’ai attendu d’avoir six mois de loyer en banque avant de me prendre un local. De même, j’ai attendu d’avoir des dossiers d’envergure pour grossir». Il a ainsi pu bénéficier des judicieux conseils de son collègue de bureau et mentor en droit des affaires, Me Peter O’Brien.
Quelques mois plus tard, Me Aust a engagé un jeune avocat, Me Andrew Johnston, qui a adhéré à la philosophie du cabinet et qui l’épaule dans ses dossiers de plus en plus importants. Ils ont notamment représenté l’acheteur relativement au récent rachat de la marque de vêtements Orage par son fondateur, Éric D’Anjou.
Me Aust est enfin passé d’avocat solo à Aust Légal inc., en collaboration avec Me A. Edward Aust (son père, ancien associé de chez Stikeman Elliott, Me Johnston, une parajuriste d’expérience à temps partiel et une étudiante en droit.
Me Aust mentionne aussi que la grande majorité de ces dossiers lui parviennent maintenant par l’entremise des grands cabinets et des boutiques spécialisés en litige, qui sont heureux d’avoir un cabinet qui répond mieux, dans certain cas, aux attentes de leur clientèle.
«Il faut savoir attendre, on ne peut pas avoir les résultats qu’on espère aussi rapidement que l’on voudrait, conseille Me Aust. De mon côté, je prenais plaisir à ce que je faisais, car j’avais l’impression de faire face au challenge de créer quelque chose qui que la communauté d’affaires à Montréal recherchait, un cabinet en droit des affaires composé entièrement d’avocats avec de l’expérience dans certains des plus grands cabinets en ville.»
Mentorat et spécialisation: des incontournables
Me Aust conseille aux avocats qui désirent partir à leur compte de se trouver un ou des mentors avec lesquels travailler. «Il ne faut pas travailler en isoloir, mais plutôt se trouver des gens avec lesquels on peut discuter de droit et apprendre», dit-il.
De même, bien qu’au début, un avocat à son compte aura tendance à prendre des mandats dans des domaines variés, Me Aust suggère de se trouver rapidement un domaine dans lequel on va se spécialiser. Selon lui, le droit est trop complexe pour pouvoir tout faire. «Il faut se dire, à un moment donné: ‘Dans quel domaine je désire être excellent?’, dit-il. Il faut penser comme aux Jeux Olympiques: un athlète ne peut pas faire tous les sports!»
Enfin, Me Aust suggère aux salariés qui désirent partir à leur compte de faire attention aux circonstances de leur départ. «Quitte ton travail avec grâce et respect, dit-il. Le marché québécois est petit et tes confrères peuvent être un bon support. Ton cabinet ne t’oublie pas.»
Émilie Therrien est avocate dans une société nominale et pratique dans plusieurs domaines de droit. Elle collabore également au Journal du Barreau. Chaque semaine, elle fait part des hauts et des bas de la pratique solo sous forme d’anecdotes et de trucs, le tout dans le but de faire comprendre ce que constitue le quotidien pas toujours facile des avocats travailleurs autonomes.