De crack informatique à redresseur
Daphnée Hacker
2014-02-13 14:15:00
«Il me suffit souvent de faire le tour physique de l’entreprise et de rencontrer quelques heures la direction pour comprendre globalement ce qu’il faut revoir», explique-t-il. «Je suis passionné par l’idée de me retrouver devant une situation complexe et de trouver les moyens de changer les problèmes pour en faire des opportunités», ajoute ce père de quatre garçons.
Si son «pif» est bien aiguisé aujourd’hui, c’est grâce à son parcours plutôt atypique, qui lui a permis d’avoir très rapidement de grandes responsabilités. Retour en arrière.
Dans les hautes sphères de Vidéotron
«C’est un mélange de chance et de hockey qui m’a permis de débuter ma carrière aussi vite!», raconte-t-il en riant. Au milieu des années 1990, le jeune Marchand sort d’un match avec un coéquipier, qui lui offre alors de venir faire son stage de maîtrise chez Vidéotron. C’est un moment de grands changements dans le monde des télécommunications. Avec l’arrivée de Bell sur le marché, la concurrence est sur le point de s’installer et il faut revoir tout le fonctionnement de l’entreprise monopolistique pour survivre.
Après deux mois à côtoyer les grands patrons de Vidéotron, dont Guy Crevier, maintenant président et éditeur du quotidien La Presse, M. Marchand dépose timidement son essai de maîtrise. Le document contient des recommandations stratégiques et opérationnelles à prendre pour assurer la pérennité de l’entreprise.
«Je n’en revenais pas… ils m’ont engagé pour appliquer toutes les recommandations! J’avais 26 ans, c’était un mandat monstre, mais aussi une des plus belles périodes de ma vie», témoigne-t-il.
Deux ans plus tard, le génie informatique de M. Marchand sert un autre grand projet de Vidéotron; celui de la téléphonie IP, qui vise à faire passer le téléphone résidentiel via Internet, plutôt que par les lignes téléphoniques. «Vidéotron était le leader mondial dans ce domaine, plusieurs pays avaient les yeux rivés sur nous, pour voir comment on allait y arriver, c’était un grand défi pour les informaticiens…», se remémore-t-il.
L’appel du redressement se fait entendre
Après 4 ans chez Vidéotron à acquérir de l’expérience en gestion de projet et en réorganisation d’entreprise, M. Marchand a très hâte de pouvoir se consacrer au redressement. Coup du hasard, le téléphone sonne, on lui offre un poste en redressement à la firme Raymond Chabot Grant Thornton. «Depuis l’adolescence, je savais que c’était du redressement que je voulais faire», affirme celui qui a été inspiré par le légendaire Lee Iacocca, un homme d’affaires américain connu pour avoir remis sur les railles la compagnie Chrysler.
Moins de deux ans plus tard, l’un de ses clients, la Banque nationale, découvre ses talents informatiques et organisationnels. Encore une fois, on lui offre un emploi. «On m’a demandé de refaire tout le modèle informatique d’analyse financière de la division Master Card… le défi était trop attirant pour refuser!» s’exclame-t-il.
Avant son intervention, l’entreprise était seulement capable de connaître la probabilité des portefeuilles tous les 6 à 8 mois. Après son intervention, la profitabilité était connue tous les trois mois. Un fois les défis relevés, l’envie de refaire du redressement est trop forte. M. Marchand retourne chez Raymond Chabot, pour joindre un peu plus tard la firme Richter.
L’avocat, un ailier indispensable
Même s’il a perdu de vue le monde informatique, M. Marchand se dit autant passionné par son travail en redressement. «Chaque situation est unique, c’est la beauté de la chose. Chaque mandat implique que je comprenne le fonctionnement d’un secteur complexe, ce n’est pas de l’informatique, mais c’est tout aussi fascinant», fait-il valoir.
Comprendre toutes les subtilités juridiques d’un domaine comme la construction n’est pas possible sans l’aide d’un juriste, poursuit le comptable. Pour celui qui joue au hockey depuis toujours, les avocats représentent un «ailier incontournable». «Les avocats sont aussi nécessaires que moi pour atteindre le but», conclut-il avec un clin d’œil.