Comptables

La super fiscaliste qui a vaincu sa peur

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Céline Gobert

2012-08-30 14:15:00

Fiscalité internationale et prix de transfert : ce sont les deux spécialités de cette fiscaliste. Avec quels avocats collabore-t-elle ? Quels sont les grands défis de son métier ? Portrait.
Jennifer Rhee compte parmi ses clients des entreprises aux revenus variant entre 30 et 300 millions de dollars
Jennifer Rhee compte parmi ses clients des entreprises aux revenus variant entre 30 et 300 millions de dollars
Le matin même de notre rencontre, Jennifer Rhee discutait avec Me Eric Levy, associé du cabinet Heenan Blaikie à Montréal et membre du groupe du droit des Affaires.

« A Montréal, le marché des avocats fiscalistes est petit, explique l'associé de RSM Richter Chamberland. On sait rapidement qui sont les avocats, et avec qui travailler »,

Elle est amenée, dans sa pratique, à collaborer également avec Me Manon Thivierge, associée et membre du groupe national de fiscalité chez Heenan ou avec des cabinets comme Norton Rose et Osler.

« N’importe quelle entreprise a besoin de l’aspect financier et de l’aspect juridique. Nous, on cible les entrepreneurs, et leurs besoins. En cela, on fournit des services différents que les autres cabinets comptables », indique-t-elle.

Voilà pourquoi il est intéressant, selon elle, que les avocats qui travaillent avec des compagnies privées ou des entrepreneurs, collaborent avec quelqu’un qui comprend le « business », ou qui a une expertise en finance.

Même pas peur

Loin de sa Corée natale, Jennifer Rhee compte parmi ses clients des entreprises aux revenus variant entre 30 et 300 millions de dollars.

Ses partenaires commerciaux ? Les États-Unis, principalement, mais aussi l’Europe et l’Asie.

Me Éric Levy, d'Heenan Blaikie
Me Éric Levy, d'Heenan Blaikie
« De plus en plus, les compagnies canadiennes font des transactions avec les pays asiatiques, en raison des structures manufacturières à faible coût. Ces pays émergents, comme la Chine, l’Inde ou le Viet Nam, sont très préoccupés par les prix de transfert. »

Étrangement, c’est la complexité de la fiscalité qui l’a poussée dans cette voie.

« Je ne comprenais pas, et donc j’en avais un peu peur. J’ai voulu me débarrasser de cette peur, et tout comprendre. Aujourd’hui, j’adore cela. Lorsqu’on donne des conseils pour diminuer les impôts, pour gérer les risques, cela a une vraie valeur pour nos clients. »

A l’heure où les multinationales possèdent des compagnies- et font des transactions- dans divers pays, et, où les autorités fiscales sont préoccupées par la bonne répartition des profits, le travail de Jennifer Rhee est essentiel.

« On peut mettre les profits dans les pays où les taux d’impôts sont les plus bas et diminuer ainsi le coût d’impôt mondial », explique-t-elle.

Elle, se charge de donner des conseils à ses clients, majoritairement des entrepreneurs.

Manon Thivierge, d'Heenan Blaikie
Manon Thivierge, d'Heenan Blaikie
« Tous les pays ont des règles et des lois très différentes. Pour les entrepreneurs, c’est compliqué. Les grandes multinationales ont leur département de fiscalité au sein de la compagnie mais les entrepreneurs ont rarement les habilités pour gérer cela. »

C’est là qu’elle intervient selon des principes donnés par l’OCDE d’un côté, selon les propres lois du pays concerné de l’autre.

Plus de 50 heures par semaine, elle aide alors les entrepreneurs à structurer les entités légales ainsi que les transactions entre compagnies.

Aussi, elle donne des recommandations : comment peut-on faire les transactions ? Quelles entités devrait-on avoir ? Dans quel pays ?

Tolérer le risque

« Les autorités fiscales canadiennes sont réputées pour être très agressives dans leurs pratiques de vérification, dit-elle. Même si l’on a fait toute une étude, l’Agence de Revenu du Canada peut ne pas être d’accord. Pour les clients, il peut être parfois très dur de négocier avec l’ARC. »

Sur le plan de la documentation par exemple, les autorités fiscales canadiennes exigent les détails de toutes les transactions inter compagnies, la description de toute la méthodologie employée, etc.

En tant que fiscaliste, dit-elle, on se demande toujours : « Est-ce que j’en ai fait assez ? »

« En raison de la mondialisation, des transactions virtuelles et d’un monde qui se complexifie chaque jour davantage, on se demande : « Ai-je manqué quelque chose ? Est-ce que j’ai donné la meilleure réponse à mes clients ? »

Selon elle, il faut donc savoir tolérer le risque.

Mais, aussi, trouver un certain équilibre entre le travail, et la vie personnelle.

Voilà pourquoi Jennifer Rhee s’est récemment essayée à la danse, au chant, et au piano.

« Lorsque l’on pratique une activité artistique, on n’utilise une autre partie du cerveau que la gauche, la plus analytique. Et cela peut être très utile pour développer notre créativité au travail. »
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