L’avocat dans la bergerie
Daphnée Hacker-b.
2013-01-31 15:00:00
« J’espère en faire plus! » s’exclame-t-il, les yeux brillants à l’évocation de ses expériences marquantes.
Depuis qu’il a joint la firme d’experts comptables Richter en 1999, M. Pelletier a été exposé à une multitude de dossiers en matière de litiges financiers. L’an dernier, il a été reconnu témoin expert en quantification du préjudice financier dans une affaire opposant une compagnie de construction aux ministères des Ressources naturelles et de l’Environnement.
Avocat de formation, ce dernier a particulièrement apprécié ces expériences qui lui ont rappelé l’époque où il étudiait le droit à l’Université de Montréal. Il s’était alors rendu en finale du célèbre concours de plaidoirie Pierre-Basile-Mignault.
Un exercice qui a laissé ses marques. « Ce concours m’a permis de bien anticiper le décorum qui m’attendait en tant que témoin, même si le rôle est bien différent. »
En tant que témoins experts, nous ne sommes pas là pour plaider, précise-t-il, mais plutôt pour agir de façon indépendante et éclairer le mieux possible le juge sur des questions complexes.
« Rester indépendant, ce n’est pas toujours facile, mais c’est nécessaire pour que justice se fasse », tranche-t-il.
Être avocat, c’est pratique
Ils ne sont pas nombreux, parmi ses collègues, à détenir le titre de maître.
« Les gens sont souvent surpris, ils se demandent comment j’en suis arrivé là! » dit-il à la blague.
Et pourtant, rien de très sorcier, ajoute celui qui ne se considère pas comme un mouton noir. Comme beaucoup de jeunes, il a entrepris des études en droit, ne sachant trop où cela le mènerait.
« Mon grand intérêt pour les cours du droit des affaires m’a tout de suite indiqué que je voulais travailler avec des chiffres, et davantage dans le monde de la finance. » C’est ce qui le motive, après son barreau, à effectuer un MBA à l’Université Sherbrooke.
C’est finalement en 1999 qu’il joint l’équipe désormais connue sous l’acronyme de VLT (évaluation d’entreprises, Litige et Transactions). Rapidement, il décide d’étudier à temps partiel afin d’obtenir le titre d’expert en évaluation d’entreprises.
Aujourd’hui, il est bien intégré au groupe au sein duquel il effectue des mandats d’évaluation et de redressement d’entreprises, ainsi que de vente d’entreprises, et ce dans des contextes variant entre le litige, le fiscal et le transactionnel.
Ses clients sont de tous horizons, que ce soit en technologies de l’information, en passant par l’hôtellerie, les assurances et l’édition. Il a ainsi conseillé plusieurs institutions, telles que l’Autorité des marchés financiers et Investissement Québec.
Est-ce que le fait d’avoir une formation d’avocat l’aide dans ses fonctions? « Je le vois comme un atout », dit le Barreau 1996. Il comprend mieux le travail des avocats. Et, surtout, l’accent mis sur la rédaction en droit l’aide pour l’élaboration des rapports d’expert, éléments-clés lors de litiges.
Jouer cartes sur table
C’est justement dans les contextes de litiges, explique M. Pelletier, que la relation experts-avocats doit se faire de la manière la plus efficace qui soit.
Le secret d’une bonne collaboration, c’est le même que celui avec les clients : dès la première rencontre, il faut mettre les cartes sur table.
« Nous sommes là pour aider les clients, mais pour faire un bon travail il faut s’assurer d’être transparent sur l’état de la situation, pour éviter de créer des attentes irréalistes. Une fois que tout le monde a l’heure juste, il est plus facile d’identifier les meilleures solutions. »
Une bonne communication, ça semble être la clé pour éviter les frustrations, et parfois les échecs de transactions potentielles. Dans le cas de litiges, il y a toujours des zones grises à chaque dossier, renchérit M. Pelletier. Selon lui, son rôle consiste à aider les avocats à trouver un terrain d’entente le plus possible.
Qu’il soit en compagnie d’avocats ou d’entrepreneurs, le principe important demeure celui de vulgariser, si nécessaire, tous les faits saillants et concepts financiers liés au dossier.
« Chaque juriste a besoin d’être capable de comprendre son dossier sous tous ces aspects. Si l’avocat ne saisit pas bien les subtilités de sa cause, les chances que le juge les comprennent sont encore plus minces…! »