Sur les traces des fraudeurs

Daphnée Hacker
2014-04-17 14:15:00

« Je me suis découvert un réel talent à dénicher les pièces manquantes! » lance-t-elle, riant à l’idée que son patron la surnomme « Columbo », comme la célèbre série télévisée. Plus sérieusement, Mme Jacques explique que la majorité de son travail vise à fouiller dans les documents d’information financière que la banque possède, ou que l’entreprise a accepté de partager, et ainsi retracer où les actifs ont pu se retrouver.
Pourchasser des entreprises qui n’existent plus

Pour être encore plus efficace à retracer les fraudeurs, la comptable estime que les banques auraient tout intérêt à contacter les séquestres plus tôt. « Très souvent, lorsque la banque nous appelle, ça fait déjà un certain temps qu’il y a des problèmes de paiement. C’est souvent une période de temps assez longue pour que les fraudeurs aient complètement fait disparaître leur entreprise! Si on pouvait être avisés plus tôt, ça rendrait notre recherche plus rapide et efficiente », affirme-t-elle.
Monter un dossier pour la cour

« Dans ce dossier, il n’y avait plus aucun actif, nous avons remarqué beaucoup de sorties d’argent qui semblait voué au bénéfice personnel de l’entrepreneur… Nous avons collecter les preuves pour que l’avocat puisse préparer un plaidoyer solide », indique Mme Jacques. Cette dernière apprécie beaucoup cette collaboration avec les juristes. « Nous avons deux expertises distinctes qui se retrouvent à servir la même cause, c’est très enrichissant », fait valoir celle qui a d’ailleurs commencé des études spécialisées en lutte contre la criminalité financière.
Des expériences de travail aussi variées que marquantes
Avant de se consacrer aux faillites frauduleuses et aux mandats de restructuration à Richter, la comptable a débuté sa carrière au sein de deux grandes entreprises québécoises. Mme Jacques a commencé chez Alcan, une entreprise longtemps vue comme un fleuron industriel du Québec. « Un an après mon arrivée, Alcan a été acheté par Rio Tinto. Disons que ça a été un moment de restructuration pour le moins drastique! », lance-t-elle. De nombreux licenciements, des employés qui quittent après 25 ans de travail, une réorganisation d’envergure, l’apprentissage a été difficile sur le plan humain, mais riche sur le plan comptable.
Quelques années plus tard, c’est au sein de Rona qu’elle poursuit son chemin. Entre 2010 et 2012, elle agit comme lien entre les finances et les opérations de l’entreprise. « J’ai beaucoup aimé cette expérience, c’était sur le terrain, là où j’aime être.» Seulement, l’entreprise a traversé une époque économique difficile, s’adonnant à plus de trois vagues de licenciements.
Avec le recul, ces expériences marquantes ont permis à la comptable de vivre de l’intérieur des processus de restructuration. Maintenant qu’elle effectue elle-même ce type de mandat, elle juge important de garder une approche humaine, peu importe la situation. « Il y a une fausse pensée par rapport au métier de syndic de faillite, comme quoi ce sont des gens qui doivent être durs », souligne-t-elle. À ses yeux, un bon syndic est doté d’une grande sensibilité et d’une bonne capacité de communication et de persuasion. « Il faut être capable de convaincre les employés, la direction et la banque que si tout le monde travaille ensemble, ce sera pour le mieux de chacun », résume-t-elle.