Cinq conseillers juridiques, cinq conseils

Céline Gobert
2012-03-26 15:00:00

Pour cela, il est nécessaire d’apprendre à travailler étroitement avec les autres éléments de l’entreprise.
« En tant que conseiller juridique, nous ne sommes plus un simple fournisseur de services juridiques mais un membre à part entière de l’organisation. »
Pour faire partie de l’équipe : il faut savoir trouver ce qu’il appelle son « style », un style concis, qui va droit au but. Un « leadership style » (prononcez à l’américaine), dit-il, qui inclut d’être honnête envers soi-même.
« Prendre le temps de connaître ses collègues, de s’adapter à son nouvel environnement et de comprendre leur business est essentiel » dit Simon Fish, Vice président et Conseiller juridique à la Banque de Montréal.
Accroître sa connaissance d’autrui oui. Mais pas seulement. Il faut aussi connaître précisément les chiffres et la finance. « L’essence du business », selon Me Allgood.

2- Crédibilité et solutions
Cheryl Foy, Conseillère juridique chez ViXS Systems Inc., elle, confie que le plus important est de ne pas présumer que l’on sait tout.
Seule avocate au sein de son entreprise, elle a du construire et apprendre à asseoir sa crédibilité. Pour que ses conseils soient acceptés, elle a préféré l’option de la concertation à celle de l’affirmation trop directe.
« Il ne faut pas se faire d’ennemis, cela n’aide pas à être crédible. Au contraire, il ne faut jamais cesser d’apprendre », dit-elle.

Car dans le fond, le conseiller juridique vient au client, pour lui apporter une solution. A l’inverse d’un avocat en cabinet qui se voit sollicité par un client qui rencontre un problème.
« Il faut savoir convaincre le client, dit-elle, c’est ce qui fait la différence, selon moi, entre un bon et un excellent conseiller. »
« Je dis toujours à mes collaborateurs : ne venez pas me voir avec le problème, mais avec la solution, dit-elle, il faut toujours être « en quête » de la solution. »
3 – Connaissances et communication
« Toujours continuer à creuser, à apprendre », dit, en substance, Cheryl Foy, Conseillère juridique chez ViXS Systems Inc.

« Parler d’aspirations aussi, et non pas d’ambitions », conseille, quant à lui, Simon Fish. Et être ouvert à la discussion.
Pour cela, il insiste sur l’importance d’une réunion avec son superviseur trois fois par année. Faire le point, savoir où l’on va.
C’est ce qui permet, selon lui, de rester sur le bon chemin, de ne pas se montrer imprudent, de coller à ce qui est attendu par l’entreprise, et de ne pas ternir un essentiel : la réputation.
« Il ne faut pas hésiter à communiquer avec son supérieur, ajoute Kathryn Chisholm, si la nounou est malade, si un parent est à l’hôpital, il faut dire clairement ce qui se passe plutôt que de manquer des réunions sans raison apparente. »
Le face à face et la communication directe avec ses interlocuteurs sont donc à privilégier. Rien ne remplace une conversation. « Ni les courriels, ni les PDF » dit Cheryl Foy.
« Votre carrière, ce n’est pas seulement le travail », explique Dorothy Quann, Vice présidente, et conseillère juridique chez Xerox Canada Ltd.
4- Sens de l’humour et courage
« Vous devez être l’homme le plus drôle dans la pièce, mais jamais plus drôle que votre boss », plaisante Me Fish.

« Par là, je ne parle pas d’intelligence, mais du fait d’offrir des solutions et des conseils pragmatiques.
Après avoir identifié ses forces et faiblesses, et si l’on respecte ces trois règles selon lui, il n’y a pas d’obstacles au succès.
Aussi, il faut un certain courage, affirme Cheryl Foy.
« Il faut être capable de mener les corporations vers le changement sans titiller les susceptibilités, comprendre les agendas, personnels et professionnels de chacun. »
Mais être trop « juridique » n’est pas la solution selon elle. Il faut surtout comprendre quelles seront les conséquences des conseils que l’on donne.
« Vous devez être capable de donner une opinion, puis de vivre avec les conséquences de celle-ci. »
5- Suivre son chemin, embrasser le changement
« Je savais très clairement ce que je souhaitais accomplir. Combien de temps passe un individu à se demander ce qu’il veut accomplir ? C’est essentiel. Tout comme de saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent », dit Simon Fish.
Savoir saisir les opportunités au vol est un des secrets de la réussite.
Kathryn Chisholm en sait quelque chose.
Tout au long de sa carrière, elle n’a pas cessé de réorienter ses choix, d’épouser ses aspirations. En litige ? Elle se sent comme une « ex meurtrière ». Par la suite, elle subit « un ennui incroyable ». Elle décide alors de créer sa propre affaire.
« J’aime tellement apprendre, c’est cette volonté d’accepter tout ce qui s’est présenté à moi qui a tout changé. »
Rien ne sert donc d’avoir peur du changement, s’accordent-ils, tous les cinq, à dire.
« La seule chose qui ne change pas, résume Me Chisholm, c’est le changement.»