Comment les technologies transforment le rôle des conseillers juridiques
Sonia Semere
2024-12-04 14:15:42
Les nouvelles technologies deviennent assurément indispensables dans le milieu juridique. Mais comment les conseillers juridiques peuvent-ils les utiliser au mieux?
Question nouvelles technologies, Me Jean-François Denis, leader chez PwC pour l'est du Canada au département des Solutions d'affaires juridiques est, sans aucun doute, un expert en la matière.
Sa mission au quotidien ? Optimiser les services juridiques grâce à l'utilisation de technologies de pointe, notamment l'intelligence artificielle générative.
Selon Me Denis, le niveau de complexité s’est grandement accru au niveau juridique, ces dernières années.
« Il y a un environnement réglementaire beaucoup plus élaboré. Il est très important que le département juridique, dans ce contexte-là, soit capable de garder un ancrage avec les gens d'affaires de l'entreprise ».
Dans le fond, un conseiller juridique, ce à quoi ça aspire, c'est être un conseiller de confiance, un « trusted advisor » pour la haute direction de l'entreprise, ajoute-t-il.
« Le rôle du légal, ce n'est pas juste de dire oui ou non. C'est de dire, avez-vous pensé à ceci? Avez-vous pensé aux lois sur la concurrence? Avez-vous pensé aux nouvelles lois sur la protection des renseignements personnels? Avez-vous pensé à l'aspect de la cybersécurité quand vous faites ce genre de choses? ».
Plus proactifs
Assurément, les juristes aspirent aujourd’hui à devenir des conseillers de confiance. Mais pour cela, les départements juridiques se doivent d’être beaucoup plus proactifs.
Et il est bien là, tout le défi des opérations juridiques : comment devenir prédictif?
Selon Me Denis, les départements juridiques ont une occasion d'accroître leur valeur de façon exponentielle grâce aux technologies de pointe.
Avec un volume de contrat beaucoup plus élevé et un haut niveau de complexité, les technologies sont des alliées de taille.
Celui-ci prend notamment l’exemple de l'intelligence artificielle générative. « On est capable de prendre des contrats à fort volume, identifier les risques qu'on accepte et ceux qu'on n'accepte pas et automatiser le traitement des contrats».
Une fonction juridique qui sauve du temps donc, et qui permet aux membres de l’équipe juridique de se concentrer sur l’essentiel de leurs missions.
De meilleurs partenaires d’affaires
Et si finalement les nouvelles technologies permettaient aux conseillers de devenir de meilleurs partenaires d’affaires?
Pour Me Denis, plus que jamais, les juristes doivent être capables de mettre ces technologies au service de leurs clients pour pouvoir offrir à l'entreprise une standardisation dans la façon de travailler.
À l’heure actuelle, dans le milieu professionnel, les avocats font partie de ceux qui sont le moins engagés avec la technologie, souligne Me Denis.
Pour autant, celui-ci assure qu’il s’agit probablement d’une des professions qui bénéficie le plus de ce que l'intelligence artificielle générative peut apporter.
« Il ne faut pas en avoir peur ».
Car contrairement à ce qu’a pu affirmer il y a quelques années l’auteur britannique Richard Susskind, expert du domaine des services juridiques, dans l’ouvrage The end of lawyers : non les avocats ne vont pas être remplacés par les nouvelles technologies.
Néanmoins, Me Denis assure qu’à l’avenir, il y aura moins d'avocats qui ne maîtrisent pas les technologies.
« On vit à une époque où la technologie n'a jamais été aussi accessible et aussi peu coûteuse. Les avocats doivent se lancer, et tout particulièrement, les avocats seniors. Ce n'est pas qu'une tâche de service informatique », conclut-il.