Les cabinets préférés de Bombardier
Daphnée Hacker-B.
2013-02-18 16:00:00
À la tête d’un contentieux regroupant 175 avocats à l’échelle mondiale, dont 60 sont au Québec, Me Desjardins connaît bien les dilemmes que rencontrent les chefs des services juridiques lorsqu’il est temps de décider à qui confier un mandat externe et de savoir comment gérer efficacement son équipe interne.
Droit-inc : Comment déterminez-vous à quel cabinet vous confierez un mandat?
Daniel Desjardins : Tout dépend des mandats, certains nécessitent une expertise pointue dans laquelle un cabinet est plus reconnu que les autres. Nous sommes devenus de plus en plus stratégiques et il nous arrive de faire appel à des cabinets spécialisés pour certains types de dossiers. Pour la majorité des grands mandats, nous avons une liste de cabinets désignés avec qui nous faisons affaire sur une base régulière.
Et lesquels se trouvent sur cette liste?
Eh bien ils sont quelques-uns à être dans le cercle de nos « amis préférés ». Il y a Norton Rose bien sûr, mais aussi McCarthy Tétrault, Stikeman Elliott et Fasken Martineau, entre autres.
Comment s’assurer que ces cabinets assurent le meilleur service?
Il y a une règle de base qui consiste à ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. C’est pourquoi nous avons choisi quelques cabinets pour trouver un équilibre entre exclusivité et saine compétition. L’établissement d’une concurrence fait en sorte que nous faisons appel à la meilleure expertise en fonction d’un dossier, alors que l’exclusivité nous permet de travailler avec des avocats qui sont familiers aux besoins et objectifs de notre entreprise. Ils sont ainsi plus efficaces et on gagne tous en productivité.
Y a-t-il des désavantages à se limiter à quelques firmes?
Il faut demeurer vigilant et ne pas devenir moins exigeant, car les performances ne sont pas toujours les mêmes.
Et ça coûte cher…
Effectivement, chaque dossier revient à une question de coûts, mais surtout d’efficacité. C’est pour cela que j’insiste pour avoir une revue annuelle des performances de chaque bureau, et que je rencontre l’associé-directeur pour faire un bilan de la façon dont les mandats ont été gérés, afin de réajuster le tir au besoin.
Donc même si vous connaissez bien ces conseillers externes, il faut les suivre de près?
Il faut plus que les suivre! Il faut s’assurer d’une qualité constante. On ne fait pas qu’envoyer un dossier de litige à un cabinet et le laisser gérer de A à Z notre requête. Le contentieux doit s’assurer que le traitement du dossier est fait de façon efficace, en fonction de notre vision. L’équipe interne doit bonifier le travail du cabinet externe.
Parlons de votre équipe interne, justement. Lorsqu’il est temps de recruter, qui sont les meilleurs candidats?
Nous privilégions toujours les juristes qui ont les compétences techniques recherchées pour apporter un service juridique de grande qualité. Il est aussi optimal qu’ils détiennent une bonne compréhension de notre entreprise.
Vous arrive-t-il de piger chez des concurrents?
Jamais! Même si les avocats qui travaillent régulièrement avec nos compétiteurs sont bien placés pour comprendre le fonctionnement de notre société, il faut faire attention. Les connaissances qu’ils ont des dossiers de leurs anciens clients peuvent poser de grands problèmes, tel que nous exposer à des poursuites ou encore nous empêcher d’utiliser leur service pour certains dossiers.
Êtes-vous parfois tenté de recruter des avocats que vous connaissez déjà et dont vous appréciez la compagnie?
Il est sûr que les relations humaines sont importantes en affaires, mais en aucun cas elles ne devraient primer sur les compétences d’un individu à offrir la qualité technique recherchée. Lorsque je recrute, je cherche avant tout des personnes pouvant conjuguer expertise et capacité d’adaptation. Dans une société comme la nôtre, les choses bougent constamment.
Que voulez-vous dire?
Notre compagnie évolue en termes de pays et de champs d’affaires qui entraînent de nouveaux défis juridiques, notamment. Dans les dernières années, nous avons construit des usines en Inde, en Afrique du Sud et en Arabie Saoudite.
Des endroits où les régimes juridiques sont bien différents!
Oui, surtout en Arabie Saoudite qui est régie par la loi islamique, la Charia. Il faut se familiariser avec ce régime, comprendre sa structure juridique et ses limites, pour bien gérer nos contrats. Ce sont des façons de faire complexes, et c’est pour cela qu’il nous faut des juristes prêts à relever des défis hauts en couleur.