Covid-19

L’effet de la COVID-19 sur leur champ de pratique : le droit fiscal

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Florence Tison

2020-08-24 14:15:00

Chaque semaine, un avocat s’ouvre à Droit-inc sur comment se porte son domaine de droit en pandémie. Aujourd'hui : le droit fiscal!
Me Paul Sabbagh. Photo : Site Web de Sabbagh & Associés
Me Paul Sabbagh. Photo : Site Web de Sabbagh & Associés
Le volume de dossiers des deux avocats chez Sabbagh & Associés a augmenté de 20 à 30 % durant la pandémie, révèle l’associé Me Paul Sabbagh; une hausse survenue avant même que les Québécois ne reçoivent leur avis de cotisation.

Pourtant, les autres cabinets montréalais spécialisés en droit fiscal semblent en arracher, puisque qu’ils ne répondent pas au téléphone!

Sabbagh & Associés reçoit en effet des appels « de gens en pleine panique parce qu’ils ont fait d’autres cabinets et personne ne répond, signale Me Sabbagh. Nous on répond, on est présents. »

Un cabinet torontois en droit fiscal a même contacté Sabbagh & Associés parce que le cabinet montréalais avec qui ils faisaient auparavant affaire… n’est plus en affaires.

« Il y a eu une panique à cause de la COVID-19, analyse Me Sabbagh. C’est sûr que quand on est 40 dans le cabinet qui se croisons dans des couloirs de un mètre, on peut bien ne pas vouloir aller au boulot! Nous sommes deux et nos couloirs sont de quatre mètres, alors vous savez, on ne panique pas. »

Trop d’avocats au Québec?

Me Sabbagh ne s’en cache pas : il aimerait beaucoup que plusieurs autres cabinets en droit fiscal ferment leurs portes.

« J’espère ardemment qu’ils vont fermer! s’exclame l’associé. À 28 000 avocats, s’il y en a 5 000 qui peuvent faire faillite, je vais être heureux! Je ne plaisante pas, je suis très sincère. Le barreau nous a tous tiré dans le pied en faisant graduer des avocats à un rythme effréné qui n’a pas de sens »

Le Barreau 1987 souligne qu’au début de sa carrière, il n’y avait que 11 000 avocats au Québec, « et on gagnait tous notre vie ». Maintenant, « le Québec a augmenté d’un million et demi de population et nous sommes plus que le double d’avocats ».

« C’est grotesque! s’emporte Me Sabbagh. Le collège des médecins protège bien plus les médecins que le barreau ne protège les avocats! »

La rationalisation des dépenses… et des avocats fantômes

Il reste que le cabinet Sabbagh & Associés tire bien son épingle du jeu en droit fiscal, et même en pleine pandémie. Quel est donc leur secret?

La rationalisation des coûts.

Le cabinet maintient ses opérations avec « ce qui est nécessaire et utile pour servir adéquatement le client », explique l’associé Me Sabbagh, qui se décrit lui-même comme un entrepreneur en droit.

« Est-ce que c’est une nouvelle que la moitié des avocats ne sont pas des gens d’affaires? demande l’avocat. Moi, j’ai une maîtrise en administration des affaires et je fais de la fiscalité depuis toujours! Alors la rationalisation des dépenses, c’est quelque chose qui est constant. »

Les deux associés Mes Paul Sabbagh et Yasmina Boukossa font en outre appel à des avocats pigistes, des « avocats fantômes », pour écouler le trop-plein de travail. Une façon de procéder qui date bien avant de la COVID-19.

« J’ai fait appel toute ma carrière à des avocats qui ne voulaient pas avoir de cabinet et qui travaillaient comme avocats fantômes », souligne le Barreau 1987.

Le cabinet n’en est pas un à gros volume non plus. Les avocats choisissent leurs clients avec soin, et « les dossiers boiteux », ils ne les prennent pas. Sabbagh et Associés, c’est un petit cabinet : moins de frais d’opération, et des clients « qui paient bien ».

Une clientèle plus consciente de ses dépenses fiscales

Si la clientèle en droit fiscal n’avait auparavant pas le temps de se pencher sur la rationalisation de ses propres dépenses, elle l’a maintenant avec la pandémie. Me Sabbagh croit que la hausse de dossiers de son cabinet vient en partie de là.

« Ils sont plus attentifs. Alors qu'avant ils étaient pris dans le tourbillon quotidien, maintenant qu’ils sont chez eux, ils se disent : “''Coudon'', j’ai de la difficulté, je vais voir combien il me reste à la fin de l'année, combien je donne, et à qui”. Alors cet aspect-là a fait prendre conscience aux gens que peut-être si j'ai du temps à mettre à regarder mes impôts, mes revenus, mes coûts, si je peux ne pas donner 3000 $ à l’État, tant mieux! »

Le souci des Québécois face à leurs dépenses en pandémie pourrait bien sauver les cabinets en droit fiscal… en autant qu’ils décrochent le téléphone.
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5 commentaires
  1. Felipe
    Felipe
    il y a 4 ans
    Bon, bon
    Ca y est, les cabinets vont fermer, foi de Me Sabbagh. Si certains avocats ne répondaient pas durant la crise, c'est peut-être parce qu'ils avaient des dossiers plus importants à gérer qu'une économie d'impôts de 3000$.

    Un peu d'humilité ne fait de mal à personne.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 4 ans
    Méchant t de c ce gars là.
    En espérant que ce soit son cabinet qui ferme ses portes.

    Qui appelle Sabbagh en matière de fiscalité? Me semble qu'on appelle Chait bien avant, pas l'avocat généraliste qui oeuvre en haut de la taverne.

  3. Anon
    Wow
    So this guy thinks the Barreau exists to keep his competition away and his fees high? How entitled and greedy can you get? Try working for a living, you parasite!

  4. L'Inconnue
    L'Inconnue
    il y a 4 ans
    Ben votre commentaire n'est pas mieux
    Je ne suis pas d'accord avec Me Sabbagh pour souhaiter malheur à autrui pour s'enrichir. (En passant quand un client vient voir un avocat en litige, c'est parce que le client a un problème, donc on s'enrichit du malheur d'autrui même si on leur le souhaite pas).

    Dire que parce qu'un avocat pratique dans un petit bureau il est moins compétent et capable qu'un avocat qui pratique dans un gros bureau est selon moi faux, la qualité d'un avocat est individuelle et non pas collective.

    Je crois que ce n'est pas parce que la prémisse et la conclusion est erronée que certains faits objectifs mentionnés ne sont pas vrais. Il est vrai que le nombre d'avocats inscrits a augmenté beaucoup plus rapidement que la population au Québec. De plus les litiges se complexifient tel que la majorité de la population n'a plus les moyens financiers de prendre un recours ou se défendre adéquatement en justice.

    Je crois que le Barreau devrait commencer à proposer aux gouvernements justement un système similaire à celui des médecins en étant plus sélectif et en garantissant un revenu décent aux avocats afin de maintenir l'accès de qualité et total à tout citoyen et une qualité de vie adéquate aux professionnels.

  5. YB
    Toute vérité n'est pas bonne à dire
    Il a dit tout haut ce que plusieurs pensent tout bas. De toute façon, c'est la réalité: on se fait tous concurrence pour les meilleurs dossiers, les clients les plus payants, etc. Ça fait "partie de la game". Si votre concurrent principal fait faillite demain, j'ai de la misère à croire que ça ne vous fera pas un petit velours...

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