L’effet de la COVID-19 sur leur champ de pratique : le droit immobilier
Florence Tison
2020-08-31 14:15:00
« Dans les plus gros bureaux, on fait du télétravail, mais on réduit le nombre d'heures, poursuit le Barreau 2002. Il y a une portion qui a fait du chômage, et ils sont limités au nombre d'heures qu'ils peuvent faire pour compenser. »
Du côté des petits cabinets en droit immobilier, l’avocat rapporte que certains « ne sont pas en mesure d'avoir suffisamment de travail pour leurs avocats », qui sont donc mis à pied.
Certains confrères spécialisés en immobilier se sont aussi consacrés à du « travail créatif », soit la rédaction d’articles de doctrine ou d'information du public.
La « super-spécialisation » copropriété
Fiset Légal a quant à lui la chance d’avoir une « super-spécialisation » : la copropriété divise et indivise. Alors même si l’aspect litige de sa pratique est tombé au point mort lors de la crise sanitaire, sa niche a permis de compenser ailleurs.
Le cabinet a notamment vu une hausse des opinions juridiques, sans parler des registres de descriptions détaillées que les syndicats de copropriétés ont dû monter pendant la pandémie, et toutes les questions de salubrité et de distanciation sociale à régler.
« Il y a eu la question des piscines intérieures et extérieures, la question de la prévention des sinistres, ajoute Me Fiset. D’ailleurs, tout ce qui relié à la COVID-19 a fait l'objet de beaucoup de demandes de consultations, et aussi les assemblées de copropriétaires qu'on pouvait faire (virtuellement) en vertu d’un décret. »
En somme, la niche copropriété de Fiset Légal lui a permis d’être moins affecté par la pandémie que d’autres bureaux d'avocats en droit immobilier.
« On est quand même chanceux et choyés », croit Me Fiset, en ajoutant qu’aucun licenciement n’a été nécessaire au sein de son bureau.
Une période habituellement très chargée, mais pas cette année
Pas que la COVID-19 n’a pas amené son lot de problèmes à Fiset Légal, loin de là!
Me Fiset estime à 40 % la baisse de volume de son cabinet, et ce en pleine pandémie; à un moment de l’année qui habituellement constitue « le pain et le beurre » des avocats spécialisés en immobilier.
« C’est le moment où tout le monde est débordé, c’est le moment où les demandes rentrent de partout, où il y a des factions de copropriété qui se vendent, où on reçoit les bâtiments ou pas », énumère Me Fiset.
Cette année, c’est du jamais vu : tout est au ralenti.
Au moins, les dossiers d'arbitrage au sein de copropriétés ont pu continuer à distance, même si les tribunaux étaient jusqu’à récemment fermés. Me Fiset en a piloté deux pendant la pandémie.
Beaucoup de clients ont également profité du confinement et des délais pour magasiner des unités et faire des offres sur des plans de condos à venir.
« C’est certain que si on avait été un peu plus généralistes, on aurait été vraisemblablement plus touchés », estime l’avocat.
Plus de travail en télétravail
Le télétravail a lui aussi ses propres complications. L’avocat fait maintenant à la maison le travail qu’il donnait auparavant aux professionnels administratifs de son bureau : impression, modifications, corrections, transcription, etc.
Des tâches qui ne peuvent être facturées au client, mais qui grignotent tout de même les heures de la journée… surtout si on ne tape pas aussi rapidement qu’une adjointe ou une technicienne juridique! Au final, Me Fiset doit mettre plus d’heures sur un dossier, sans pouvoir les facturer.
« C’est sur qu'en termes de productivité ou en termes de rendement, ça a un impact! J’ai besoin de beaucoup plus d’heures pour être en mesure de remplir le travail qu'il y avait sur ma table. »
Autre constatation de l’avocat : la pratique se dirige résolument vers le virtuel, et encore plus maintenant, suite à la crise sanitaire. Souhaitons que les avocats en télétravail améliorent leur doigté au clavier avant que tout ne se fasse de la maison!