Le défi de LKD
Natacha Mignon
2010-01-20 14:15:00
Jean-François Gagnon : En 2009, le cabinet a consacré l’élaboration d’un nouveau plan stratégique à 5 ans. Celui-ci tourne autour des trois axes suivants : la consolidation de la présence du cabinet au Québec, l’excellence de nos services professionnels, et l’embauche et la rétention des talents.
Vous savez qu’il va falloir m’en dire plus ! Comment, concrètement, allez-vous mettre en œuvre ces trois défis ?
Pour consolider la présence du cabinet au Québec, on cherche à garder des rapports étroits avec les décideurs, c’est ce qui peut faire la différence au moment de l’attribution des mandats. Pour avoir cette proximité avec les clients, les avocats du bureau s’investissent pour connaître en profondeur leurs secteurs d’activité et la culture d’entreprise de leurs clients. Également, ils se montrent disponibles. Je ne veux pas vous dire que nous sommes les seuls bons avocats de la place, car ce n’est pas vrai. En revanche, nous sommes certainement, en plus d’être bons, les plus accessibles. Nos clients n’ont pas de muraille à traverser avant de pouvoir nous parler.
Pourquoi une consolidation de votre présence au Québec ? Le reste du Canada ne vous intéresse-t-il pas ?
LKD vise en effet le Québec et n’a pas de visée canadienne. Cette stratégie permet et favorise des alliances avec des cabinets canadiens. On procède à ces alliances selon une approche one-by-one, hors des grands réseaux. On travaille ainsi avec des cabinets d’avocats à Toronto et en Europe.
Vous avez parlé également d’excellence professionnelle. Qu’est-ce que c’est concrètement ?
C’est garantir à nos clients un service irréprochable.
Et, pour cela, d’une part, on a un plan de mentorat et de coaching visant à encadrer nos avocats dès leur première année. Le programme tourne autour du développement des compétences, du développement du profil de la personne et de la progression au sein du bureau. J’ai intégré ce programme quand j’ai rejoint le cabinet et je sais qu’il est efficace.
D’autre part, le bureau a mis en place un programme assurance-qualité, par lequel on s’assure que chaque acte ou opinion juridique qui sort de notre cabinet a été relu par au moins deux associés. On procède à cette double lecture sans frais pour le client. C’est un luxe qu’on s’offre à nous mêmes. Une façon de se dire : « on dit qu’on est bon, et bien on va vraiment l’être ».
Vous voulez aussi embaucher et retenir les talents. Compte tenu de la conjoncture actuelle, cela ne devrait pas être trop difficile de faire venir du monde ?
Ce n’est pas si évident. Il y a actuellement une pénurie d’avocats qui répondent aux critères d’embauche des grands bureaux, c'est-à-dire des gens bilingues, qui acceptent une charge de travail importante et se montrent ouverts sur le monde. Ces jeunes avocats là sont rares. Le défi pour nous est de parvenir à les embaucher et à les garder par la suite.
Pour les faire choisir notre bureau, on met en avant l’approche humaine de notre cabinet. Ainsi, on explique à chaque avocat qui nous rejoint que notre but est de faire de lui un excellent avocat et ensuite un associé. Après on reste en échanges continus avec les avocats, on discute de tout ensemble, du plus professionnel au sens de la vie en général. A date, je suis content de voir qu’on n’a pas à regretter de départs dans les effectifs.
Avez-vous un plan de match en terme de nombre d’embauches pour 2010 ?
Non, le seul objectif est qualitatif. Ce que je peux vous dire c’est quand même que si on trouve 4-5 ou 6 avocats répondant aux critères ce sera bien.
Des changements concernant la facturation en 2010 ?
De 2009 à 2010, il y aura une augmentation modérée des taux horaires.
Plus généralement, la facturation est une préoccupation ancienne du cabinet. On fournit depuis longtemps des estimés à nos clients, bien avant que cela ne devienne à la mode sur la place. On a aussi une vision de bâtisseur. On veut éviter que nos honoraires heurtent nos clients. Donc on encadre les honoraires, on les explique aux clients et on est ouverts, en fonction des dossiers, à pratiquer d’autres types de facturation comme des forfaits.
Les défis de votre cabinet tels que vous venez de me les exposer sont-ils en adéquation avec les défis actuels de l’industrie juridique ?
Je repère un changement fondamental dans l’industrie juridique actuellement.
En effet, les services juridiques des entreprises et des institutions ont pris beaucoup d’ampleur et savent désormais gérer à l’interne peut-être 90 % des problématiques juridiques. Les cabinets d’avocats sont amenés à travailler sur les 10 % restants, que les avocats en entreprise ne traitent pas soit parce que cela appelle à une trop grande spécialisation ou à des questions internationales, soit parce qu’ils veulent un partage du risque, soit par manque de temps.
Les avocats en entreprise consultent à l’externe que pour les services offrant une forte valeur ajoutée. Le pari d’excellence de LKD me semble donc en phase avec ce nouveau défi des cabinets d’avocats.