Parlons sondages!

Les chefs des principales formations politiques ont passé une partie importante des derniers jours à se préparer pour le débat économique du 17 septembre et pour le débat en français de ce soir. Profitons de ce moment de « tranquillité » électorale (si cela existe !) pour parler… sondages !

Bien que les sondages d'opinion existaient déjà depuis plusieurs années, c’est en 1936 que le journaliste G.H. Gallup a fondé « l'American Institute of Public Opinion » à l'occasion de l’élection présidentielle américaine. Depuis ce temps, avant, pendant et après les élections générales partout dans le monde, il se produit une multitude de sondages d’opinion politique sur des thèmes tant importants qu’inusités.

Ici au Canada, en raison de la durée particulièrement longue de la présente campagne électorale fédérale, l’opinion des électeurs canadiens aura été sondée plus que jamais. Aujourd’hui, je vous présente certaines de ces études de l’opinion publique les plus révélatrices des états d’âme actuels de la population canadienne.

Mon sondage chouchou

La firme Nanos Research, fondée par le désormais « célèbre » sondeur Nik Nanos, publie quotidiennement le Suivi de scrutin. Ces rapports sont particulièrement précis puisqu’ils résultent de sondages téléphoniques aléatoires menés chaque soir auprès d’un nouveau groupe de 400 répondants admissibles. Les données du Suivi sont basées sur une moyenne mobile de trois jours comprenant 1 200 entrevues.

En 2011, Joël-Denis Bellavance de La Presse avait d’ailleurs souligné que « la firme Nanos est celle qui avait prédit avec le plus de précision les résultats des élections fédérales de 2004, 2006 et 2008 ».

En date de ce matin, les Libéraux se retrouvaient à 31.5%, le NPD à 30.8%, les Conservateurs à 30.5%, le Parti vert à 3.7% et le Bloc Québécois à 2.3% dans les intentions de vote nationales, selon le Suivi. Vu la répartition des sièges à travers le pays et les intentions de vote régionales, ces chiffres mèneraient probablement à l’élection d’un gouvernement minoritaire conservateur si le scrutin avait lieu aujourd’hui, malgré la quasi-égalité au vote populaire entre les trois principaux partis.

Poll Tracker et Si la tendance se maintient

Le fondateur de threehundredeight.com, Éric Grenier, et le créateur de Si la tendance se maintient, Bryan Breguet, tiennent des blogues politiques fort intéressants qui discutent des mouvements et tendances dans les sondages d’opinion à travers le pays. Grenier et Breguet ont créé des simulateurs de résultats d’élections basés sur une agrégation des sondages menés le plus récemment à travers le pays, tant sur le plan national que régional. Le modèle de Breguet est particulièrement intéressant puisqu’il permet de prédire les résultats par circonscription et parce qu’il offre la possibilité aux internautes d’insérer leurs propres chiffres nationaux et régionaux dans le simulateur.

Il est à noter que le site du Globe and Mail propose lui aussi un prédicteur de résultats d’élections basé sur les sondages récents et des données et résultats historiques. L’outil est moins manœuvrable que le simulateur de Si la tendance se maintient, mais tout de même fort impressionnant.

La Boussole électorale

Cette application proposée par Radio-Canada est un outil conçu par des politologues de l’entreprise Vox Pop Labs pour aider les électeurs canadiens à explorer leur positionnement sur la scène politique.

La Boussole calcule à quel point les vues de chacun se rapprochent de celles des divers partis en lice en se basant sur des réponses à une série de questions qui reflètent les enjeux politiques les plus saillants des élections.

Bien que cela ne constitue pas un sondage à proprement parler, certaines des données obtenues grâce à la Boussole sont publiées dans des reportages de Radio-Canada.

Par exemple, les utilisateurs de la Boussole se sont prononcés sur la compétence de chaque chef. Tom Mulcair reçoit la meilleure note avec un 5,5 sur 10, alors que Justin Trudeau, Elizabeth May et Stephen Harper reçoivent des notes de 4,5, 4,4 et 4,2 respectivement. Gilles Duceppe, le seul chef à être évalué uniquement par les utilisateurs québécois , reçoit une note de 4,6.

Au niveau de la confiance accordée aux chefs, M. Mulcair remporte encore la palme (ex-aequo avec Mme May à 5,5), alors que M. Trudeau se retrouve à 4,7, M. Duceppe à 3,9 et M. Harper à 2,9. Il est à noter qu’en amont de l’élection générale de 2011, le premier ministre Harper avait aussi reçu la pire note des utilisateurs de la Boussole, mais figurait bien mieux en termes d’appréciation de sa compétence.

Le dernier sondage choc : Ekos/La Presse

Ce matin, La Presse révèle les résultats d’un sondage Ekos réalisé entre le 17 au 22 septembre auprès de 2 343 Canadiens, qui place le Parti conservateur loin devant le Parti libéral au premier rang, à 35,4% des intentions de vote au national. Le PLC récolte 26,3% des voix et les Néo-démocrates se retrouvent à 24,5%, une chute de 5,4% à l’échelle nationale.

Il semble maintenant évident que la position de Stephen Harper sur la question des réfugiés syriens et du niqab lui a permis de faire bouger l'aiguille des intentions de vote de façon spectaculaire.

Même Gilles Duceppe a profité de sa prise de position en faveur d’une interdiction du port du niqab durant les cérémonies de prestation du serment de citoyenneté, le Bloc Québécois bénéficiant d’une hausse de 2 points, à 18% des intentions de vote au Québec.

N’oublions pas qu’il y a deux semaines, je vous rappelais dans cette même chronique que plus d’un sondage démontraient qu’environ la moitié des Canadiens ne désirent pas que le Canada reçoive davantage de réfugiés qu’il en accueille actuellement. Des chiffres tout aussi étonnants sur le port du niqab ont aussi fait surface depuis.

Une chose est certaine, les sondages demeurent incontournables dans toute campagne électorale. Le débat en français de ce soir pourrait tout autant infléchir ou confirmer la tendance actuelle qui se dessine, particulièrement au Québec. À suivre lors des prochains coups de sonde de la population…