Entrevues

Bibliothécaire juridique : plus « sexy » qu’on le croit!

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Céline Gobert

2017-01-13 14:01:00

Voilà 15 ans que cette notaire dirige des bibliothèques de droit d’Osler à Stikeman en passant par SOQUIJ ou le CAIJ et elle vous le dit : les bibliothécaires n’ont plus les cheveux gris et des chignons!
Cet article s’inscrit dans une série d’articles que Droit-inc consacre aux différents métiers du droit. Zoom sur les bibliothécaires juridiques.

Droit-inc :Qu’est-ce qui vous a mené à la profession de bibliothécaire juridique?

Me Nathalie Bélanger dirige des bibliothèques de droit
Me Nathalie Bélanger dirige des bibliothèques de droit
Me Nathalie Bélanger : J’ai gradué comme notaire en 1989. À l’époque, il y avait beaucoup de diplômés en notariat, entre 120 et 150 par année, ce qui était beaucoup si l’on regarde le nombre d’emplois disponibles et la récession qui existait. J’ai d’abord débuté comme indexeur au sein de SOQUIJ, puis j’ai poursuivi comme analyste au Fonds d’Assurance de responsabilité professionnelles des notaires. J’organisais l’information interne et je gérais le petit centre de documentation à l’interne. Il fallait surtout organiser les opinions d’avocats de firmes externes, rendre l’information organisée et accessible. C’était de « la gestion du savoir ». Par la suite, j’ai travaillé au sein de cabinets d’avocats.

Lesquels et qu’y faisiez-vous?

En 1994, j’ai accepté un poste chez Desjardins Ducharme, je m’occupais de l’organisation de la documentation interne ainsi que d’informatiser le tout. Il y avait beaucoup de gestion de documents, de formation, de recherche, de gestion de bases de données, de cédéroms, c’était les balbutiements de l’internet. Les avocats n’étaient pas forcément confortables avec ces outils donc ils me confiaient la recherche. C’est là que j’ai recueilli de l’information sur la formation en bibliothéconomie-sciences de l’information. Je suis ensuite entrée à l’Université McGill, j’étudiais à temps partiel. Après cinq ans, j’étais diplômée.

Ensuite, j’ai travaillé cinq ans, jusqu’en 2007, au sein du cabinet Osler, je dirigeais leur bibliothèque. Il s’agissait notamment de mettre à jour et de développer la collection qu’ils avaient acquis. Après, j’ai intégré Stikeman Elliott, un plus gros cabinet, une plus grosse équipe. J’effectuais beaucoup de tâches de gestion : gestion du service, du budget, gestion de l’équipe. Après ça, j’ai fait un détour par le CAIJ en tant que gestionnaire des contenus numériques et maintenant me voici chef de la bibliothèque de droit de l’Université de Montréal!

J’imagine que vous étiez amenée à travailler en lien avec les avocats?

En lien, oui et non. Nous ne sommes pas impliqués dans les dossiers mais ils nous confient des recherches. J’ai déjà supervisé une technicienne juridique et une avocate dans des recherches. On est impliqués mais pas au même niveau que les avocats. On facture aussi en cabinet notre temps de travail consacré à un dossier.

Au quotidien, quelles sont vos tâches?

Je joue un rôle de gestionnaire de la bibliothèque, ce qui peut être très vaste. D’abord, il y a la gestion des lieux : les réaménagements, l’entretien, les achats du mobilier, on travaille avec les architectes, les designers. Ensuite, il y a les ressources humaines : on gère les budgets ainsi que l’équipe avec les techniciens en documentation, les bibliothécaires. On négocie les ententes avec les fournisseurs, on s’occupe de la collection, de l’espace rayonnage, on met en place des partenariats avec les gens de la Faculté, les étudiants, l’Association des Étudiants en Droit. On fait partie d’un réseau de bibliothèque de Montréal dont on partage les orientations, les pratiques à mettre en place.

Faut-il nécessairement être diplômé en droit pour faire ce métier?

Non, ça pourrait être compensé par beaucoup d’années d’expérience mais c’est quand même important. Après on voit des directeurs de bibliothèque en cabinets qui ne sont pas diplômés en droit mais ils sont montés au fil du temps et de l’expérience dans la hiérarchie. En revanche, mes employés sont obligés d’être diplômés en droit. Ça leur est utile tous les jours.

Vous ne regrettez pas une éventuelle carrière en notariat ?

Non, je suis très heureuse de ce que je fais. C’est un travail varié, dynamique. Ce que je préfère, c’est l’aspect gestion. Le travail est axé sur les relations interpersonnelles, il faut faire notre promotion auprès de la clientèle, on ne doit pas se contenter d’être la bibliothèque de droit, il faut être proactif! Je me tiens tout le temps au courant des nouveautés dans le domaine mais aussi dans le travail des avocats car je dois penser mon offre de services en fonction des besoins des juristes. Mon expertise en gestion de l’information peut servir ailleurs que dans la bibliothèque, par exemple une fois les avocats parlaient d’implanter un nouvel outil de gestion des courriels. Je pouvais leur être utile au niveau de l’aspect gestion et structuration de l’information.

Vous me disiez par courriel que ce n’est pas un métier que les gens considèrent comme « sexy » mais que pourtant.. le métier pouvait être excitant!

Oui, les gens considèrent que ce n’est pas sexy car ils ont encore certains préjugés comme celui de la bibliothécaire avec des cheveux gris, un chignon, et qui dit à tout le monde de se taire! Ce n’est pas ça. Nous sommes dynamiques, toujours dans l’action. On vit au même rythme que nos clients, qui sont les avocats, les étudiants en droit, les professeurs. Ça veut dire qu’on a les mêmes deadlines qu’eux. Ils ont des demandes quasi instantanées. On doit apprendre de nouvelles technologies, être à l’affût de ce qui se passe dans le domaine de l’édition. On commence aussi à faire de la gestion des données de recherche. Il y a une nouvelle génération de bibliothécaires système ou web qui fait un travail plus technologique. On peut être bibliothécaire gestionnaire, comme moi, mais aussi bibliothécaire de référence, spécialiste de contenu et de recherche d’informations, ou encore « catalogueurs » pour les plus solitaires et introvertis où c’est beaucoup d’analytique et de création de bonnes cotes ou références.

Oui, donc il y a des profils et des parcours variés de bibliothécaires…

Absolument. Moi je suis extravertie, sociable, j’ai le sens du public et de la clientèle, j’aurais été malheureuse comme catalogueur. Mais vice versa, un catalogueur ne serait pas confortable dans mes souliers. Je trouve tout ça très stimulant. Les bibliothèques, nous sommes redevenues plus utiles encore qu’avant pour démêler tout le monde avec la quantité d’informations disponibles maintenant. Nous sommes aussi devenues des lieux, des milieux de vie. Ici, c’est toujours plein! Les gens s’y installent du matin au soir. Les fins de session, c’est ouvert 24/24 et 7 jours sur 7. Les gens y viennent la nuit.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait suivre vos pas?

Au niveau des diplômes, ça prend les deux formations : la maîtrise en sciences de l’information et le bac en droit. Ensuite, il faut orienter ses choix de cours selon ce qu’on préfère faire : de la référence, de la gestion, du catalogage. Enfin, au-delà de la formation, je pense qu’il est important de ne pas être modeste sur notre expertise. Il faut la faire valoir car les gens ne pensent pas à nous pour certains projets. Les bibliothécaires qui se font remarquer s’impliquent et lèvent leur main, c’est eux qui ont le plus de visibilité.

Un avocat en F&A chez Stikeman Elliott me disait tout le temps : « C’est beau la bibliothèque mais j’ai pas besoin de ça ! ». Je l’ai convaincu du contraire. Les services en recherche d’intelligence d’affaires leur servaient beaucoup. Les bibliothèques, ce n’est pas que pour les avocat en litige qui veulent de la jurisprudence! C’est pour ça qu’il faut toujours rester en mode « je suis présente », convaincante et dans l’autopromotion, il n’y a que comme ça qu’on fait notre place en cabinet!

Comment accéder à la profession?

On devient bibliothécaire après avoir fait une maîtrise en sciences de l’information à l’Université de Montréal ou à l’Université McGill, et ce après avoir obtenu un baccalauréat en n’importe quelle discipline.

Combien gagne-t-on?

Environ 60 000$ en début de carrière, jusqu’à 130 -150 000 $ ensuite. En cabinet, ça peut monter plus haut selon les responsabilités.
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2 commentaires
  1. DSG
    Comment accéder à la profession?
    There's a great future for librarians. This whole internet, digital thing is just a fad. I firmly believe that organizations will soon begin expanding their office space in order to physically warehouse loads of information converted from those impractical computer chips.

  2. Rafic Michel Ayoub
    Rafic Michel Ayoub
    il y a 6 ans
    Bibliothécaire juridique
    Je souhaite travailler dans une bibliothèque juridique.

    Mon C.V. est sur mon site web: www.rma-news.ca

    Merci.

    Rafic Michel Ayoub, bibl. prof., M.B.S.I., LL.B., B.Sc.

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