Future criminaliste, elle écrit des romans policiers!
Céline Gobert
2018-12-07 15:00:00
Dans à peine quelques jours, Florence Chadronnet se fera appeler Maître. Et elle espère bien continuer à concilier ses deux passions : le droit criminel et la littérature.
Stagiaire chez Couture Avocats, la jeune femme de 24 ans vient de publier un livre «Tuer la justice» dans lequel elle suit le point de vue d’un tueur, ayant assassiné la ministre de la justice!
Droit-inc a pu discuter avec elle, alors que le Salon du livre, où elle tenait des séances de dédicaces, s’est achevé il y a peu, et avant qu’elle ne s’envole vers les Îles Turques-et-Caïques dans les Caraïbes.
Droit-inc : Vous avez écrit ce livre pendant vos études en droit? De quoi parle-t-il?
Florence Chadronnet : Oui, je l’ai terminé à l’automne 2016 mais avec les délais de publication, il ne sort que maintenant. Il s’agit d’un roman policier pour adultes qui imagine le meurtre de la Ministre de la justice et qui s’intéresse au point de vue du meurtrier, une personne qui veut se venger du système judiciaire.
D’où vous vient votre inspiration?
Pour l’écrire, je me suis inspirée de mes études en droit, de cours sur les difficultés d’accessibilité à la justice ou concernant les modes alternatifs de règlements des différends. Dans certains cours, les professeurs nous montrent les lacunes du système pour développer notre esprit critique. Les professeurs insistent beaucoup sur l’importance de la présomption d’innocence, beaucoup de gens n’en tiennent pas compte.
Ce n’était pas trop difficile de concilier vos études et l’écriture?
Oui, mais à force d’écrire, j’ai développé une rapidité. En plus, le roman est assez court, 150 pages, j’ai mis quatre mois à l’écrire. J’écrivais les midis à la bibliothèque de la fac de droit ou le soir après les cours.
Quels sont vos auteurs préférés?
Au théâtre, j’aime beaucoup Ionesco. En poésie, Baudelaire. C’est d’ailleurs une phrase tirée des Fleurs du Mal, du poème Obsession, qui ouvre mon roman. J’adore JK Rowling, et au Québec j’aime Martin Michaud qui est aussi avocat. Parmi mes livres préférés : The Catcher in the Rye de J.D Salinger ou La fille du train de Paula Hawkins.
J’ai toujours adoré la lecture, et l’écriture. J’ai écrit mon premier roman à 10 ans. Il faisait 40 000 mots! Plus que celui que je publie aujourd’hui! (Rires)
De quelle façon vos deux passions, pour le droit et l’écriture, se nourrissent-elles?
Mes aptitudes en écriture facilitent mon travail en rédaction. Ça m’aide beaucoup. J’ai par exemple écrit trois publications juridiques, dont deux publiées dans le Journal du Barreau. Et inversement, le droit criminel peut inspirer mes romans policiers!
C’est d’ailleurs un domaine qui me fascine depuis l’adolescence, où je suivais déjà les procès criminels dans les journaux. Dans le livre, je m’intéresse particulièrement à l’aspect psychologique du tueur. D’où ma passion pour le droit criminel, et les consultations avec les clients.
Qu’est-ce qui vous attire dans cette branche-là?
C’est la matière qui vient le plus me chercher. L’aspect humain et émotionnel y sont très importants, contrairement au droit des affaires par exemple. La théorie s’accompagne de beaucoup de jurisprudence aussi. J’adore l’idée de faire une différence dans la vie des gens.
Est-ce que c’est aussi cette envie de faire une différence dans la vie des gens qui vous pousse à écrire?
Je ne prétendrais pas à ça, mais plutôt à les divertir, leur faire passer un moment de détente.
Quand vous dites à vos confrères que vous êtes romancière, comment réagissent-ils?
C’est accueilli avec beaucoup de curiosité, ça les intéresse, les surprend. On n’est pas des tonnes à être avocat et écrivain. Me Julie Couture m’encourage beaucoup dans cette voie, elle est super gentille.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant en droit qui rêverait de devenir écrivain comme vous?
Je lui dirais de faire preuve de persévérance. C’est rare qu’un manuscrit soit accepté à un seul envoi dans une maison d’édition. Il faut l’envoyer à plusieurs. J’ai envoyé le mien à une dizaine.
Ensuite, je dirais qu’il faut lire beaucoup, et dans des styles différents, pour s’inspirer et se pratiquer à écrire différents styles d’histoire. Et surtout, il ne faut pas se décourager!