La nouvelle reine de l’immigration d’affaires
Julien Vailles
2018-08-01 15:00:00
En dix-huit mois, Immetis a connu une fulgurante expansion, passant de deux à huit employés, dont sept collaborateurs. La boîte a ouvert une division à Brockville, en Ontario.
Immetis, soit le « imm » d’immigration, bien sûr, et « metis », la personnification de la sagesse et du conseil dans la mythologie grecque. Car c’est bien là l’objectif : être la référence en termes de conseils juridiques dans le processus d’immigration d’affaires au Canada.
Droit-inc a rencontré Me Mignon dans ses bureaux modernes et lumineux du quartier Griffintown.
Vous êtes associée avec un parajuriste et êtes la seule avocate du cabinet : c’est inusité! Pouvez-vous me parler de votre pratique?
En effet! Et au moins la moitié de l’équipe est issue de l’immigration. Nous partageons une passion pour l’immigration; notre philosophie est que peu importe le client avec lequel on fait affaires, que ce soit un employeur, un employé, un cadre, une entreprise, il y a toujours un changement de vie pour quelqu’un en matière d’immigration. Forcément, donc, tous les dossiers ont une très grande importance. De plus, on essaie de rendre le processus plus attrayant pour les clients. Souvent, les formalités d’immigration ennuient tellement les gens qu’ils attendent le dernier moment avant de les compléter : c’est ce qu’on essaie de changer en expliquant les politiques derrière les formulaires. Ainsi, la politique est ainsi et c’est pourquoi, par exemple, il faut un permis de travail; on essaie de tirer des comparatifs avec le pays d’origine.
Pourquoi vous être lancée à votre compte?
Cette idée était présente dès que je suis devenue avocate. Je voulais le faire, mais pas n’importe quand ou n’importe comment. Avec mes années de pratique en cabinet, j’ai eu le temps de réfléchir à la formule. Notamment, la paperasse m’ennuyait…je voulais que tout soit « high tech » et sans papier!
Pourquoi Immetis?
Immetis est composé des termes immigration et Metis, en référence à la mythologie grecque. Metis y incarne une océanide, qui fut la première femme de Zeus. Elle est aujourd’hui synonyme de conseil avisé. J’aimais le sens fort de ce mot, intrinsèquement lié à la profession d’avocat. J’aime aussi la féminité qui s’en dégage. Insuffler une culture d’entreprise féminine, basé sur le respect strict du droit des femmes et la parité était quelque chose qui me tenait particulièrement à cœur, car je suis moi-même une immigrante mère de trois enfants.
Les autres valeurs du cabinet sont l’intégrité, la promotion de la diversité, et l’engagement social, pourquoi?
J’ai voulu un cabinet engagé, au cœur de la cité. Notre implication prend la forme de soutien à des associations d’aide aux nouveaux arrivants, telles que IMMIGRANT QUEBEC ou à l’organisation de séances de consultations gratuites. Nous participons également à divers forums de réflexion sur l’immigration.
En immigration, l’humain est placé au centre. Quelles que soient les raisons professionnelles qui justifient une arrivée au Canada, il y a toujours une aspiration personnelle, un rêve d’Amérique, une envie de large. L’histoire cachée derrière chaque dossier les rend tous passionnants. Pourquoi une famille accepte de se déraciner ? D’éloigner ses enfants de leurs proches ? La plupart de nos clients travaillent pour des sociétés européennes ou des États-Unis, ils ne sont pas en situation de détresse, comme moi qui a suivi le même chemin que mes clients il y a dix ans. Pourtant, ils font ce choix d’ailleurs et se tournent vers le Canada. Entrepreneure, femme et immigrante, c’est une identité qui me convient.
Vous mettez beaucoup l’accent sur la technologie dans votre pratique quotidienne. Pouvez-vous me donner des exemples?
Dans un bureau d’avocat, les papiers s’amassent! Donc, dès qu’on reçoit quelque chose, on le numérise, on l’envoie au client et on passe le papier à la déchiqueteuse. Mais surtout, on a énormément investi en temps pour mettre en place une plate-forme à l’intention des clients, afin de gérer les dossiers. L’idée est de permettre de traiter les demandes d’immigration entièrement en ligne, au moyen de formulaires à remplir par les clients. À partir de ces informations, Immetis prépare les demandes de permis nécessaires. Cela permet d’éviter les oublis, d’économiser du papier et surtout, d’être plus efficace. Évidemment, on a aussi mis en place un système de conversation en ligne; un client peut nous contacter rapidement si, par exemple, il ne sait pas quoi écrire à la page 2 du formulaire, et on lui donne des conseils en conséquence. Le Barreau est beaucoup plus moderne qu’on peut l’imaginer; il a été très compréhensif et a donné son approbation pour cette manière de faire!
De quel genre de mandats vous occupez-vous?
Le cabinet est orienté sur l’immigration temporaire – même si elle devient parfois de l’immigration permanente! On parle de permis d’études, de permis de travail, de visa, de parrainage et autres. On travaille sur tout le processus d’immigration, depuis la définition de la stratégie jusqu’à l’obtention du visa. Nous sommes souvent mandatés par des employeurs qui veulent déplacer des cadres ou des employés-clés. De plus, comme le cabinet s’est taillé une niche pour l’immigration d’affaires, il est souvent référé par des cabinets d’avocats, petits comme nationaux, qui n’ont pas de groupe d’immigration et qui préfèrent confier le travail à l’externe.
D’où viennent vos clients, généralement?
Je suis aussi inscrite au Barreau de Paris. De par mon bagage et ma formation, ma clientèle est principalement française. Parmi les personnes qui veulent venir ici, on a de tout, depuis les particuliers jusqu’à des grandes entreprises, comme Décathlon. À l’inverse, nos clients qui veulent s’établir à l’étranger sont surtout des grandes entreprises. Par exemple, on compte Moment Factory parmi nos clients.
Pourquoi avoir choisi ce domaine d’expertise?
Peu avant mon arrivée chez Kaufman Laramée, une équipe d’immigration d’affaires est partie du cabinet. On recevait donc beaucoup de mandats de ce type et ils me revenaient un peu par défaut, comme j’étais moi-même immigrante. Au début, j’ai dû déléguer beaucoup à d’autres juristes plus expérimentés. C’est là d’ailleurs que j’ai rencontré Marc-André, mon associé, puis que j’en ai fait une spécialité. J’ai adoré! J’aime la réflexion stratégique, la minutie et surtout le fait que les dossiers sont limités dans le temps. Les mandats ne durent pas huit ans comme c’est parfois le cas en litige!
En vous lançant dans l’immigration d’affaires à temps plein, vous avez délaissé le litige. Qu’est-ce qui vous manque le plus de cette pratique?
Le litige ne me manque pas tant que ça. Seulement la plaidoirie! J’aimais beaucoup plaider. Mais de toute façon, on plaide moins au Québec puisqu’on règle tout. En France, on se rend davantage à procès…
Quels sont les grands enjeux de l’immigration d’affaires présentement?
La mobilité. Les gens veulent des résultats extrêmement rapidement, il y a beaucoup de pression. Par exemple, j’ai des clients états-uniens qui arrivent ces jours-ci en avion mais ils n’ont pas de visa de travail, et ils veulent que tout soit complété la semaine prochaine! C’est normal, car les affaires vont vite et on peut vouloir déplacer rapidement un cadre, par exemple. Mais il faut être réaliste : certaines demandes ne peuvent être traitées dans les délais demandées, ne serait-ce que parce qu’il faut attendre la réponse des autorités. Je ne peux pas lancer un dossier si je juge qu’il n’est pas prêt parce qu’il manque un document, malgré les pressions du client.
Et personnellement, quels sont les plus grands défis dans votre pratique?
Gérer la croissance, certainement. On a énormément de demandes et j’avoue que je ne dors pas beaucoup! Mais embaucher du personnel ne résoudrait pas tant le problème puisqu’il faut d’abord les former selon nos méthodes de travail. Éventuellement, je voudrais que mon bureau devienne ni plus ni moins qu’un carrefour de l’immigration, avec des espaces dédiés pour la clientèle. Par exemple, lorsqu’un client a à remplir un formulaire, il pourrait le faire sur place plutôt que d’aller deux heures dans un café!
mephisto
il y a 6 ansQue de fautes dans ce texte !
« faire affaire », cette locution ne se met pas au pluriel.
« basée » et non pas « basé » puisque l’adjectif s’accorde avec « culture »
« moi qui ai » et pas « moi qui a »
« délais demandés », et non pas « demandées ».