Financement

La crise du crédit menace-t-elle les avocats ?

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Rene Lewandowski

2007-08-28 13:40:00

La crise du crédit qui a bousculé les marchés boursiers pourrait bien avoir des conséquences néfastes sur les avocats, particulièrement sur ceux œuvrant dans le domaine des fusions et acquisitions, de l’immobilier et du financement structuré.

La nervosité des marchés financiers à d’ailleurs déjà refroidi l’ardeur de quelques fonds privés, reconnus pour allonger les milliards en empruntant massivement. Résultat : certains avocats spécialisés pourraient bien se retrouver à court de boulot.
Aux États-Unis, plusieurs grands cabinets entrevoient même des licenciements massifs dans certains groupes de pratique si jamais la crise devait perdurer ou s’engouffrer davantage, relate ce matin un article du The Legal Intelligencer.

Au Québec, la crise a eu un effet immédiat, admet d’ailleurs le co-président d’Ogilvy Renault, Norman Steinberg.

« Quelques-uns de nos clients nous ont demandé de mettre un « hold » sur certains dossiers », dit-il.

Même s’il soutient que l’activité en fusions et acquisitions pourrait souffrir à court terme, Norman Steinberg n’entrevoit pas de problèmes majeurs à long terme.

Pour lui, on vient de connaître des années exceptionnelles en fusions et acquisitions, et cela ne pouvait pas perdurer indéfiniment.

« On vit des cycles, ça reviendra », dit-il.

Avantage : acheteurs stratégiques
Cela dit, la crise du crédit pourrait avoir tout simplement changé la donne dans le marché des fusions et acquisitions, c’est-à-dire favoriser les acheteurs stratégiques plutôt que les acheteurs financiers.

Les avocats n’auraient donc rien à craindre.

Avec des surplus de liquidités dans les marchés financiers et des taux d’intérêt relativement bas, les acheteurs financiers (principalement les fonds privés) ont eu le beau rôle ces dernières années, étant capables d’emprunter pour financer leurs emplettes - parfois jusqu’à 90% du prix d’acquisition – à faibles coûts.

Cela a eu pour effet de hausser les prix des acquisitions et de laisser bien souvent sur la touche les acheteurs stratégiques, incapables de suivre les enchères.

« Aujourd’hui, les acheteurs stratégiques ont le champ libre », dit Sidney Horn, associé chez Stikeman Elliott, à Montréal.

Selon lui, à court terme du moins, les prix devraient être plus raisonnables, notamment parce que la concurrence est moins féroce entre les acheteurs potentiels.

Maître Horn souligne que cela favorise les acheteurs stratégiques, capables de financer leurs acquisitions avec moins de dette, soit en pigeant dans leurs liquidités, leur ligne de crédit, ou en payant avec des actions.

Il donne l’exemple de Transcontinental, qui vient faire une offre publique d'achat auprès des actionnaires de PLM, quatrième plus important imprimeur au Canada.

Sidney Horn admet que parmi les acheteurs potentiels se trouvaient quelques fonds privés, qui ont finalement reculé.

Pierre-André Themens, associé-directeur de Davies Ward Philips & Vineberg, à Montréal, est aussi d’avis que la crise du crédit favorisera les acheteurs stratégiques.

Mais il nuance ses propos en soulignant que le financement d’acquisitions par ce type d’acheteurs est souvent plus compliqué à réaliser. Conséquence, selon lui : « Seuls les acheteurs stratégiques aux poches pleines pourront en profiter », dit-il.

Le bonheur des experts en restructuration
Comme le dit le dicton, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ainsi, sur le neutre depuis quelques années, les experts en faillite et restructuration sont soudainement redevenus en grande demande depuis la crise du crédit, comme l’explique ce matin cet article du Globe and Mail.

Pour les cabinets généralistes – qui combinent plusieurs domaines de pratique – la crise du crédit n’aura donc que peu d’impacts ; la perte de mandats en fusions et acquisitions sera compensée par une hausse de l’activité dans le secteur des faillites et des restructurations.
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1 commentaire
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 17 ans
    Being a partner in a major law firm...
    Vous connaissez le dicton ? Being a partner in a major law firm is like winning an eating pie contest and the price that you receive is more pie to eat....

    Ce qui se passe n'est que la continuité d'un processus qui se réitère à chaque 10-15 ans...Souvenez-vous des perspectives pessimistes du marché de l'emploi dans le monde juridique au début des années 90...Combien de fois les jeunes qui ont aujourd'hui 30 ans se sont fait dire à l'époque qu'il n'y avait pas de "jobs" dans le droit... En 1992, c'était beaucoup plus difficile de se placer qu'aujourd'hui et nombreux avocats, associés et salariés, ont été substantiellement affectés par la récession qui prévalait à l'époque...Comme à chaque période semblable, on sort le "bois mort" et on cherche à faire faire le travail par ceux qui coûtent moins cher qu'un associé junior qui n'a pas de clientèle (outre la clientèle interne de son bureau)...

    Bref, sans vouloir m'emporter dans un élan d'élucubrations à caractère pessimiste, je suis d'avis qu'il est plausible de voir le monde juridique tel qu'on le voit présentement être affecté par les secousses des marchés qui risquent d'aller en empirant. Des grosses structures de plus de 400 employés où des associés font plus de 300 000 $ par année sans avoir de clientèle qui leur sont propre risquent de devenir nerveux au cours des prochains mois...Certains cabinets risquent de trouver leur solde de marge de crédit assez lourd à supporter...

    Évidemment, je ne crois pas qu'il faille généraliser mais le monde des grands cabinets, avec ses gros coûts fixes, ses structures pouvant être lourdesà supporter (elles le sont déjà pour certains..) et leur imposante masse salariale, risque d'être affecté par une baisse substantielle de régime de l'économie... Sans nécessairement dire que tous les cabinets seront affectés par cette vague, je suis d'avis que quelques uns risquent de l'être...et ça pourrait ne pas être drôle pour certains...

    Bref, pour les avocats qui sont indépendants, c'est à dire ceux qui ont une bonne part de clientèle, ils seront capable de tenir le coup, de "survivre". De toute façon le nerfs de la guerre dans cette industrie, c'est la clientèle (mais elle ne doit pas être trop concentrée entre deux trois clients majeurs car sinon on devient vulnérable...parlez-en à certains !)

    Mais pour d'autres, commandant des gros salaires et roulant sur la clientèle de leur cabinet, je leur recommande de faire aller leurs soupapes entrepreneuriales car le portrait risque de changer.

    Bref, il semble que dans cette businness, on ne doit rien prendre pour acquis...même après avoir travaillé de longues heures et plus souvent qu'à son tour tard le soir et les week-ends....ce qui me fait revenir à mon dicton que j'ai mentionné en introduction....

    Mais la vie va continuer: dans quelques années on reviendra à un autre cyle et on parlera des avocats qui seront rendus à 2000 $ / l'heure !

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