Karim Renno

Un lourd fardeau sur le vendeur professionnel

Main image

Karim Renno

2015-08-05 14:15:00

Quelle sont les règles de preuve applicables quand il s’agit d’établir qu’un bien est atteint d’un vice ? Me Karim Renno nous répond avec un jugement récent...
Le jeune super plaideur Karim Renno
Le jeune super plaideur Karim Renno
Le législateur - dans le Code civil du Québec (article 1729) - a choisi d'imposer un fardeau important au vendeur professionnel en prévoyant que l'existence du vice est présumée au moment de la vente.

Il ajoute - comme le souligne la Cour supérieure dans l'affaire Lasido inc. c. Multibond inc. (2015 QCCS 3275) - que c'est le vendeur qui a le fardeau de renverser cette présomption en démontrant que la détoriation du bien est attribuable à la mauvaise utilisation du bien par l'acheteur.

Dans cette affaire, la Demanderesse - une fabricante de guitares - intente des procédures contre la Défenderesse en dommages au motif que l'adhésif qu'elle lui fournit est affecté d'un vice qui cause une multitude de problèmes.

C'est dans ce contexte que l'Honorable juge Marie-Claude Lalande est appelée à discuter de la responsabilité potentielle d'un vendeur professionnel comme la Défenderesse pour un vice qui affecte le bien vendu.

Elle souligne à cet égard que le législateur édicte une présomption d'existence du vice au moment de la vente et que le fardeau pèse sur le vendeur professionnel de repousser ce fardeau:

(189) À titre de fabricant vendeur, Multibond est présumée connaître l’existence du vice.

(190) Pour renverser cette lourde présomption, celle-ci doit prouver de manière prépondérante que l’acheteur, en l’occurrence Guitabec, a fait une mauvaise utilisation du produit ou que la technologie ne permettait pas de répondre aux besoins de l’acheteur au moment où le produit a été acheté.

(…)

(196) Certes la présomption légale de l’article 1729 du Code civil du Québec est élevée, mais le législateur a voulu imposer un devoir de connaître le produit au fabricant qui fait son métier de le vendre.

On note donc de la décision de la juge Lalande que la barre est haute pour le vendeur professionnel et qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence, mais bien de la volonté expresse du législateur.

Karim Renno est associé fondateur du cabinet Renno Vathilakis Inc. Il est le fondateur et rédacteur en chef du blogue juridique À bon droit où il publie quotidiennement des billets de jurisprudence.
3616
Publier un nouveau commentaire
Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires