La Presse

Départ canon pour Blakes

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Rene Lewandowski

2010-04-23 10:15:00

En panne sèche depuis deux ans, les fusions et acquisitions internationales reprennent tranquillement. Un cabinet d'avocats canadien en profite.
«Rien ne sert de courir, il faut partir à point.» On a beau connaître par coeur les fables et les proverbes, c'est toujours plus compliqué de les mettre en pratique, dans la vie comme dans les affaires. Mais lorsqu'on y arrive, ça donne de bons résultats. Un cabinet d'avocats pancanadien semble en tout cas avoir compris le principe, car, au premier trimestre de 2010, dans le domaine des fusions et acquisitions, il a largué tous ses rivaux canadiens, se hissant même dans le top 10 des cabinets mondiaux.

Selon le dernier classement des conseillers juridiques en fusions et acquisitions internationales publié par Thomson Reuters, Blake Cassels & Graydon (Blakes) occupe en effet la première position au Canada et le neuvième rang mondial, tout juste devancé par des concurrents américains et britanniques. Blakes est le seul cabinet canadien à figurer dans la liste des 25 premiers cabinets mondiaux.

Au cours des trois premiers mois de l'année, Blakes a réalisé 28 transactions internationales pour une valeur totale de 46 milliards US. Ce n'est pas encore la frénésie de 2007, mais, clairement, on sent que les avocats transactionnels reprennent peu à peu vie, après deux ans d'hibernation.

Blakes se classe aussi en première position pour les transactions concernant des entreprises canadiennes. Entre janvier et mars 2010, les avocats de Blakes ont réalisé 18 transactions totalisant 3,9 milliards US. Le cabinet a devancé l'américain Willkie Farr & Gallagher (une transaction, 2,6 milliards US) et le torontois Goodmans (quatre transactions, 1,8 milliard US).

«Ça bouge, on sent que ça reprend, on a présentement plusieurs clients qui analysent des dossiers et qui songent à faire des acquisitions», dit l'associé Yvon Martineau, 63 ans, spécialiste qui pratique au bureau montréalais de Blakes. Ce regain de vie, dit-il, est notable depuis quelques mois et concerne surtout des acheteurs «stratégiques», c'est-à-dire des entreprises qui cherchent à acquérir des concurrents. Il note aussi que les banques sont moins frileuses que l'an dernier. «Ça élargit donc le spectre des occasions d'affaires», dit l'avocat.

Partout dans le monde

Au premier rang mondial, on retrouve le cabinet américain Cleary Gottlieb Steen & Hamilton (26 transactions, 114,8 milliards US). Deux autres cabinets américains complètent le podium, soit Weil, Gotshal & Manges, (28 transactions, 91,7 milliards US) et Wachtell, Lipton, Rosen & Katz (19 transactions, 87,9milliards US).

Le tableau de chasse des avocats de Blakes est impressionnant, autant par le nombre et la taille de certaines transactions, que par la diversité des secteurs industriels et géographiques. Par exemple, en janvier, Blakes a représenté la pharmaceutique suisse Novartis AG lors de son acquisition du concurrent Alcon Inc., une transaction de 10,6 milliards US. Toujours en janvier, le cabinet était du côté des français Alstom et Schneider Electric pour l'achat du rival Areva T&D SA. Valeur de la transaction: 5,8 milliards US. En février, Blakes a récidivé, cette fois pour l'américain Smith International Inc., acquis par son concurrent Schlumberger Ltd pour 12,2 milliards US.

Cette capacité à s'incruster dans les grandes transactions internationales, Blakes l'attribue à plusieurs facteurs, notamment par sa concentration en droit des affaires transactionnelles. Contrairement à d'autres cabinets qui touchent un peu à tout, Blakes est hyper spécialisé, tant dans des champs de pratique clés que dans des secteurs industriels stratégiques.

Avantage concurrentiel

«Ici, on ne fait que ça, du droit des affaires», dit Me Martineau, qui a justement quitté l'an dernier Fasken Martineau, un cabinet plus généraliste. Cela procure un avantage concurrentiel en fusions et acquisitions internationales, explique-t-il, puisque lorsqu'une entreprise étrangère veut acquérir au Canada, elle a besoin de conseils juridiques en fiscalité, en fusions et acquisitions, en droit de la concurrence, en services financiers, des domaines dans lesquels Blakes est reconnu dans le monde.

Autre explication, Blakes se concentre dans des secteurs industriels majeurs, comme les mines, l'énergie et le pétrole, les télécommunications, bref dans des industries qui intéressent les investisseurs étrangers.

Enfin, un peu comme quelques autres cabinets pancanadiens, Blakes a mis le paquet ces dernières pour élargir son réseau. Le cabinet est présent dans toutes les grandes villes canadiennes, mais aussi à New York, Chicago, Londres, Bahreïn, Pékin et Shanghai. Et ça commence à rapporter. Le mois dernier, le cabinet a ainsi représenté le géant chinois pétrolier Sinopec lors de son acquisition de la participation du groupe pétrolier américain ConocoPhillips dans le canadien Syncrude. Valeur de la transaction: 4,65 milliards US. Osler, autre cabinet canadien, représentait ConocoPhillips.

«Ça fait longtemps que je dis que le monde est à nos portes; je crois qu'on y est arrivé», conclut Yvon Martineau.
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