Le zénith des avocates
Rene Lewandowski
2009-10-16 10:15:00
En fait, on pourrait presque dire parmi les meilleures avocates du «reste du Canada», si ce n'était une exception du nom de Christine Carron, associée principale chez Ogilvy Renault, à Montréal. Cette avocate de 58 ans est la seule du Québec à avoir «fait la coupure» de ce «Top 25» des Canadiennes les plus brillantes en droit des affaires.
«C'est flatteur, mais il y a beaucoup d'autres excellentes avocates au Québec», dit la lauréate, alors qu'elle reçoit La Presse dans une salle de conférence d'Ogilvy Renault, quelques jours avant de recevoir son trophée. Il est vrai que Christine Carron a l'habitude des honneurs. En 2007, elle a reçu la distinction d'avocate émérite du Barreau du Québec, et elle est depuis plusieurs années Fellow de l'American College of Trial Lawyers, une reconnaissance que reçoivent seulement les meilleurs plaideurs en Amérique du Nord.
C'est toutefois moins pour la gloire que Christine Carron est particulièrement fière de ce Zenith que pour la «petite obligation» qui vient avec. Car en recevant leur prix, les lauréats s'engagent à jouer un rôle de mentor auprès de jeunes avocates. Il y a de plus en plus de femmes dans la profession mais leur accession vers les hautes sphères des organisations - particulièrement dans les grands cabinets - est toujours difficile, malgré les efforts timides. En jumelant des avocates d'expérience à des plus jeunes, les organisateurs des Zenith espèrent accélérer le processus.
Celle jumelée à Christine Carron s'appelle Renée-Maria Tremblay et travaille à la Cour suprême du Canada. Ce qu'elle cherche à apprendre de sa coach? Le réseautage et l'art de la plaidoirie. Ça tombe bien puisque son mentor pourra la conseiller dans les deux domaines.
Il est vrai qu'après plus de 30 ans de pratique, Christine Carron possède un réseau assez important. Mais il lui a fallu 30 ans! Peut-être existe-t-il des moyens plus rapides? «Plus jeune, j'aurais apprécié avoir un mentor juste pour me guider lors des cocktails où je me sentais mal à l'aise», dit celle qui a immigré des États-Unis au Québec à la fin des années 70. Elle explique qu'en début de carrière, on ne connaît pas les gens et on ne sait pas comment «briser la glace» pour entamer une conversation. Elle a donc l'intention d'accompagner sa jeune recrue lors d'événements ponctuels et de la présenter à ses contacts.
Une super plaideuse
Mais c'est surtout des talents de plaideuse de son mentor que la jeune avocate pourra en apprendre le plus. Car à ce chapitre, Christine Carron est considérée comme l'une des plus redoutables au Canada et les grandes sociétés se l'arrachent pour régler leurs litiges commerciaux. Ces dernières années, c'est en défense, dans les grands recours collectifs, que l'avocate a concentré sa pratique.
Au printemps 2009, elle a réussi à obtenir le rejet d'une demande de recours collectifs contre des fabricants de biberons à qui on reprochait de savoir que leurs produits contenaient des BPA (bisphénol A), un produit chimique néfaste pour la santé des poupons. Ces temps-ci, dans le cadre d'une autorisation d'un recours collectif, elle représente Procter&Gamble, dont dans l'un des shampoings pour enfants on aurait découvert des substances chimiques nuisibles. L'avocate est aussi impliquée dans à peu près tous les recours collectifs entamés contre les banques (elle représente entre autres la Banque Royale), notamment ceux liés aux divers frais de cartes de crédit.
La cause dont elle est toutefois la plus fière remonte au milieu des années 80. Elle concerne les devoirs fiduciaires d'un cadre et son obligation de loyauté envers son employeur. Un ex-VP du Groupe Investors et quelques employés avaient quitté l'entreprise pour fonder leur propre société; ils sollicitaient des clients de leur ex-employeur. Ce dossier, rappelons-le, remonte de l'époque d'avant l'introduction du nouveau code civil du Québec. Investors avait donc fait appel à Christine Carron et avait gagné en Cour d'appel. Le tribunal avait émis une injonction interdisant aux défendeurs de solliciter les clients et leur avait ordonné de remettre toutes les listes de clients. «C'était la première fois que le devoir fiduciaire, un principe de Common law, était reconnu en droit civil québécois», dit Christine Carron.
Au-delà du temps et de la persévérance, ça prend beaucoup de qualités pour devenir une bonne plaideuse. Il faut être souple et tenace, savoir parler aux gens, comprendre le droit et les règles qui régissent les lois, comprendre ce qui a motivé le législateur et, bien sûr, travailler très dur. Et le charisme? «Il joue un rôle dans la plaidoirie mais sa contribution à la réussite d'un plaideur n'est pas aussi importante que le travail de terrain au niveau de l'établissement des faits et l'effort que le plaideur doit faire pour engager le tribunal dans la discussion de l'application des règles de droit aux faits de la cause», dit l'avocate.
Il faut être capable de convaincre que la cause du client est juste et qu'elle cadre avec les principes qui sous-tendent les règles de droit, ajoute-t-elle. En un mot, convaincre. C'est ce que Christine Carron tentera de faire avec sa jeune élève au cours des prochains mois.
Me
il y a 15 ansLorsqu'on fait du mentorat ça ne vaut jamais la peine de perdre du temps en enseignant les rudiments de la plaidoirie à quelq'un qui étudie en droit international. Le programme en soit est un ticket pour l'inutilité et, plus rarement, pour l'enseignement.
Bruno
il y a 15 ans> Lorsqu'on fait du mentorat ça ne vaut jamais la peine de perdre du temps en enseignant les rudiments de la plaidoirie à quelq'un qui étudie en droit international. Le programme en soit est un ticket pour l'inutilité et, plus rarement, pour l'enseignement.
bon point... c,est un peu comme donner un séminaire sur les règles de procédure à la Cour fédérale à des notaires...
Anonyme
il y a 15 ans"Le programme en soi". Le "T" à la fin est superflu! Désolé.