L'iPad, meilleur ami de l'avocat
Rene Lewandowski
2011-02-25 14:30:00
«Mon iPad, je le traîne partout: au bureau, à la maison, dans le métro, même chez les clients!» raconte le jeune homme de 27 ans.
Vers 9h donc, juste avant de travailler sur un contrat d'un client pour y effectuer quelques modifications, il a appuyé sur l'application Time Master. Cette «App» permet de calculer à la seconde près le temps passé sur un dossier. Pour un avocat, c'est bien utile. Il lui a ensuite suffi de sélectionner le nom du client, puis de démarrer le «compteur», un peu comme le fait un chauffeur de taxi au début d'une course. Instantanément, l'horloge facturable s'est mise à compter les secondes et dollars...
«Quand j'ai reçu un appel, 15 ou 20 minutes plus tard, je n'ai eu qu'à appuyer sur stop pour que le compteur s'arrête», explique l'avocat.
Vrai, Lampros Stougiannos est friand de cette nouvelle technologie. Chez Heenan Blaikie, où il pratique en droit des affaires, ses collègues l'ont d'ailleurs surnommé le «mini IT man du service pour iPad». Il n'est pas le seul à s'être laissé séduire. Sans parler de folie, de plus en plus d'avocats se tournent vers cette tablette magique pour pratiquer leur métier. Pas seulement les jeunes, habituellement plus portés sur la haute technologie, mais aussi des avocats plus mûrs, qui voient là un outil à la fois convivial et pratique.
Un bon outil pour avocats?
«C'est simple, mon iPad a remplacé mon ordinateur portable!» dit André Rivest, 47 ans, associé chez Gowlings, à Montréal. Il a acheté son iPad l'automne dernier, avec l'idée de s'en servir lors de lors de ses déplacements, nombreux. Jamais il n'aurait cru pouvoir faire autant de choses. Avec sa tablette, il lit et envoie ses courriels, dicte des lettres grâce à une application de reconnaissance vocale, rédige des notes avec un stylet... Surtout, il consulte des tonnes de documents juridiques qu'il n'a plus à trimballer avec lui; ils sont accessibles en ligne ou téléchargés sur son iPad.
André Rivest en est convaincu, l'iPad a un bel avenir chez les avocats. Mais il faudra pour cela que les applications juridiques se développent un peu plus. Au Canada, et au Québec, on en trouve encore peu spécifiques aux juristes. Une recherche dans le AppStore renvoie à quelques grands cabinets comme Torys ou Ogilvy Renault, qui ont développé leurs propres applications. On peut aussi consulter le Code civil du Québec, grâce à un étudiant en droit de l'UQAM qui a conçu une application iPhone. Pour le reste, pas grand-chose.
Des Apps pour juristes
Les avocats américains, en revanche, peuvent télécharger des douzaines d'applications, notamment des iBooks comme la déclaration de l'indépendance ou la constitution américaine. Ils ont aussi leurs blogues, comme Tablet Legal (www.tabletlegal.com), Legal iPad (http://legal-ipad.com/), et autres, dont le contenu est entièrement consacré à l'usage des tablettes pour avocats. Le gros des articles est consacré à analyser les nouvelles applications. C'est là qu'on y trouve de petits bijoux, comme l'application Trialipad. Pour 99$, elle permet aux avocats de litige de gérer, de manipuler et de présenter par rétroprojecteur des documents PDF en Cour, durant un procès.
D'autres applications sont davantage des gadgets que de véritables outils. Ainsi, pour 9,99$, un avocat plaideur peut se procurer JuryTracker, censée lui permettre d'observer et de rapporter le comportement des jurés durant le procès, une analyse de leur langage non-verbal, en quelque sorte, de façon à prévoir le verdict!
Philipp Park, lui, associé chez Heenan Blaikie, à Montréal, n'a pas besoin de ce type d'applications. En tant qu'avocat d'affaires et spécialiste en fusions et acquisitions, il ne plaide pas. Ce qui lui est utile, par contre, c'est l'application iAnnotate, qu'il utilise depuis une semaine. De son iPad, il peut désormais faire des annotations et des surlignages par écrit, grâce à un stylet, dans des documents juridiques. Et de les renvoyer ensuite par courriel à ses clients ou collègues.
«Il faut s'habituer, mais en gros, ça fait la job», dit l'avocat de 38 ans.
Chose certaine, il s'habitue vite. Tellement que la semaine prochaine à l'occasion d'un congrès à San Francisco, il n'apportera pas son ordinateur portable. Son iPad devrait suffire...