Martin Cauchon «traverse la Chambre»
Rene Lewandowski
2012-02-10 10:15:00
Après huit ans chez Gowlings, il passe donc chez Heenan Blaikie, où il retrouvera son ancien patron en politique, l'ex-premier ministre du Canada, Jean Chrétien, sous lequel il a assumé plusieurs fonctions ministérielles.
En langage politique, on dirait qu'il a «traversé la Chambre», mais, dans son cas, il aura quelques mètres supplémentaires à parcourir pour se rendre de la Place Ville-Marie au boulevard René-Lévesque, où il est attendu dès lundi prochain.
«L'occasion qu'on m'a présentée était trop extraordinaire pour la refuser», dit l'avocat de 49 ans, joint par La Presse hier midi alors qu'il était encore en train de faire ses boîtes chez Gowlings.
Le nouvel associé de Heenan pratiquera à partir du bureau de Montréal, mais il faut s'attendre à ce qu'il soit souvent en déplacement, autant au Québec qu'à l'étranger.
«Mon mandat est différent et plus vaste que celui que j'avais chez Gowlings», dit Martin Cauchon, qui admet avoir été séduit par le défi que Heenan lui a proposé.
Chez Gowlings, on comptait sur lui pour faire du démarchage à Montréal et surtout pour développer le marché chinois, qu'il connaît bien. Le cabinet a même ouvert un bureau à Pékin l'an dernier. Il s'agit donc d'un dur coup, d'autant plus que Me Cauchon amène avec lui Judy Hou, avocate d'origine chinoise, ainsi que Rachel Wang, spécialiste du marketing pour la Chine. Les deux étaient chez Gowlings.
Plan Nord, Chine, autochtones...
Chez Heenan, il travaillera sur plusieurs fronts: Plan Nord, relations avec les autochtones, développement international, percée du cabinet Chine... Il ne risque pas de chômer.
Ainsi, Me Cauchon fera équipe avec les avocats de Heenan de l'équipe du Plan Nord au service d'entreprises qui cherchent à développer des occasions d'affaires et des partenariats. On compte sur ses bonnes relations avec les premières nations pour faciliter les transactions éventuelles des clients du cabinet.
Il mettra aussi à contribution sa connaissance du marché chinois en élaborant la stratégie de Heenan Blaikie pour la Chine et en mettant en place les stratégies qui en découleront.
De plus, il conseillera les entreprises locales et étrangères en matière de mondialisation des marchés. Ayant été secrétaire d'État (Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec) pendant plus de cinq ans, un poste où il a appuyé les PME et autres partenaires du développement économique québécois, Me Cauchon s'est tissé un bon réseau de contacts dans ce milieu.
Il compte bien réactiver ce réseau, d'autant plus, dit-il, que Heenan est bien positionné géographiquement avec des bureaux à Montréal, Québec, Sherbrooke et Trois-Rivières, une force, selon Me Cauchon, qui «ajoutera à sa capacité de rayonner».
Chez Heenan, on est bien évidemment heureux de cette super prise. «L'arrivée de l'honorable Martin Cauchon est un événement marquant pour notre cabinet et pour nos clients», ont déclaré Me Robert Bonhomme et Me Norman Bacal, coassociés directeurs nationaux.
L'effet Aubut
Il faut dire que le cabinet lui courait après depuis des années. Cela remonte même, en fait, à l'époque de sa retraite de la vie publique en 2004. Gowlings avait alors été plus rapide à lui faire une offre.
Mais un associé de Heenan bien connu pour sa fougue et persévérance n'a jamais abandonné l'idée de le convaincre un jour de changer de camp: Me Marcel Aubut, président du Comité olympique canadien.
«Marcel, vous le connaissez, il est tellement tenace!», dit Martin Cauchon. Il explique que Marcel Aubut est souvent revenu à la charge et, chaque fois, arrivait toujours avec une bonification de l'offre. Cette fois, ce fut la bonne.
Au fil des ans, les deux hommes ont gardé contact, mais les discussions ont vraiment démarré sérieusement à la fin de l'été dernier au cours de petits déjeuners informels.
«Il a toujours été dans notre ligne de mire; il deviendra un atout exceptionnel pour notre cabinet», dit Marcel Aubut, ravi de son coup.
Bien sûr, on n'attire pas un bon élément sans mettre la main dans son portefeuille. Et nul doute que Heenan a su le convaincre financièrement parlant.
«Tous les bons avocats coûtent cher, dit Marcel Aubut. Mais ils sont tellement bons qu'au bout du compte, ce sont eux qui coûtent le moins cher.»