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Dominique Tardif

2013-09-11 14:15:00

Cette semaine, Dominique Tardif, de ZSA, rencontre Me Michel Brunet, président de Dentons Canada, qui expose son parcours et sa vision de la pratique...
1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir une autre profession? Était-ce de famille, une évidence ou le fruit de longues réflexions?

Je ne peux dire que c’est de famille : mon père était plombier au coin de la rue Saint-Laurent et de Dorchester! Je suis le seul de la famille à avoir opté pour le droit. C’est un domaine qui m’a intéressé très jeune : j’ai fait mon choix vers l’âge de treize ou quatorze ans. Ce sont des amis de mes parents qui m’ont influencé : des gens articulés, sûrs d’eux-mêmes et qui m’ont impressionné par leur approche et leur qualité. Dès la première année de droit, j’ai aimé le milieu et la matière, et je travaillais déjà à temps partiel, à l’époque pour un avocat criminaliste.

Évidemment, au moment de choisir le droit, on ne sait pas exactement ce que l’avenir nous réserve. Si l’on m’avait dit que je dirigerais un jour un cabinet d’avocats, j’aurais certainement été très surpris!

2. Quels sont les plus grands défis professionnels auxquels vous avez fait face au cours de votre carrière?

Le premier grand défi de Me Michel Brunet en fut un de gestion.
Le premier grand défi de Me Michel Brunet en fut un de gestion.
Le premier grand défi en fut un de gestion. Nous étions, chez Fraser Milner Casgrain (maintenant Dentons), un cabinet dont les ressources étaient également réparties à travers le pays : nous comptions à peu près le même nombre d’avocats dans l’est que dans l’ouest. Le défi était conséquemment, à titre d’associé-directeur national de 2006 à 2010, d’arrimer les cultures, à savoir une culture très entrepreneuriale et audacieuse dans l’ouest et une culture plus conservatrice dans l’est. La chose a certainement donné lieu à quelques situations disons ‘intéressantes’, dit-il dans un rire sans s’avancer sur les détails. L’objectif était de trouver des compromis entre les différentes façons de faire, qu’il s’agisse du profil des gens embauchés ou des différentes façons de pratiquer.

J’étais, pendant cette période, très bien supporté par une équipe de professionnels compétents en développement d’affaires, comptabilité, informatique, communications et j’en passe. Cela facilitait évidemment les choses, d’autant plus que je pouvais déléguer en toute confiance ma pratique à mes collègues de Montréal. Mon travail, quant à lui, consistait à écouter et résoudre des problèmes qui tenaient surtout aux personnalités et à la culture d’entreprise. Sauf si je ne me trompe, j’étais à l’époque le premier canadien français à être à la tête d’un cabinet national, et 80% de mon temps était passé sur la route. Le défi de gestion, j’y ai à bien des égards fait face en apprenant les choses « sur le terrain », mais les avocats sont ainsi faits : ils préfèrent être dirigés par des avocats que des gestionnaires!

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

À dire vrai, je ne changerais pas grand-chose à la pratique du droit. La profession a, selon moi, connu un beau cheminement et un développement positif dans son ensemble.

Elle évolue, en effet, très bien en termes de qualité de la pratique, de type de mandats, de contribution des avocats aux enjeux de leurs clients, etc. L’apport croissant des femmes dans le milieu et celui des jeunes, qui sont extrêmement compétents et cumulent souvent plusieurs diplômes universitaires, est également non négligeable. Quant à la pratique, elle est excessivement intéressante, tant sur le plan géographique que sur le plan de la diversification des secteurs d’intervention. Les avocats ont maintenant la chance de voyager pour affaires et d’avoir des mandats qui proviennent d’un peu partout sur la planète.

Je crois qu’il faut donc, en résumé, être positif en constatant tout le chemin parcouru.

4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?

Je crois que la perception est meilleure, et ce, pour deux principales raisons. D’une part, parce que d’autres professions - malheureusement pour elles - occupent la première place en termes de réputation peu envieuse. Pensons notamment aux scandales entourant les prêtres, les maires, les ingénieurs et le milieu financier. D’autre part, puisque suite à des efforts et à une prise de conscience, des mesures de contrôle plus grandes ont été mises en place, de sorte qu’un moins grand nombre de situations problématiques surviennent depuis. Les avocats ont par ailleurs soigné leur image au fil des ans, entre autres en s’impliquent beaucoup dans la communauté, en participant à des œuvres caritatives et en donnant de leur temps.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et ayant pour ambition de devenir associé-directeur?

Les avocats doivent, d’abord et avant tout, bien faire leur métier, en exécutant les mandats avec le haut niveau de qualité auquel on s’attend. Le reste suivra!

Quant à la gestion (et je ne suis pas à l’origine de cette invention), les avocats s’attendent à ce que leur gestionnaire ou associé-directeur soit quelqu’un qui ait eu du succès dans sa pratique, afin qu’il soit sensible aux éléments susceptibles de contribuer au succès du cabinet, dont le développement de clientèle. On s’attend, en effet, à ce que notre leader, en pratique privée, ait bien réussi sur ce plan. Là où est le paradoxe, évidemment, est que les avocats habiles à développer la clientèle se retrouvent parfois ainsi affectés à des tâches administratives qui leur laissent moins de temps pour ce même développement….!

En vrac…

Le dernier bon livre que vous avez lu – Shantaran (auteur : Gegory Davis Roberts)

Il est un fan… de Baba O’riley et de Bohemian Rhapsody.

Ses péchés mignons…un bon Bordeaux, ou encore jouer au rebelle sur sa moto!

Le restaurant qu’il affectionne – Chez Alexandre (Rue Peel)

Le pays qu’il aimerait visiter – Les Indes, depuis sa lecture de Shantaran. Il adore aussi la Chine, où il se rend pour affaires de temps à autre.

Les personnages historiques qu’il admire le plus : Pour les sciences, c’est Einstein qui remporte la palme. Pour les sciences humaines, Martin Luther King!

S’il n’était pas avocat, il serait…géologue!

Bio


Me Michel Brunet est associé chez Dentons. Il a occupé plusieurs postes de haute direction au sein de Dentons Canada S.E.N.C.R.L., dont celui d’associé directeur du bureau de Montréal et de chef de la direction du bureau au niveau national. Me Brunet est présentement le président de Dentons Canada S.E.N.C.R.L. Comme président de Dentons Canada S.E.N.C.R.L., son rôle consiste à représenter le cabinet auprès de ses clients, de la communauté et du public en général.

Me Brunet cumule par ailleurs plus de 35 années d’expérience en droit commercial et des sociétés ainsi qu’en droit des valeurs mobilières. Il possède une expertise reconnue sur tout ce qui concerne les appels publics à l’épargne, les opérations de financement public des montages d’envergure en matière de projets d’infrastructures ainsi qu’en matière de vente et d’acquisition de sociétés commerciales, en particulier dans le cadre de participations internationales et privées.

Dans ce contexte, Me Brunet a agi au cours des années à titre de conseiller pour de nombreuses entreprises publiques, parapubliques et privées dans des domaines variés, dont la gestion de fonds institutionnels, l’énergie, le secteur manufacturier, le commerce et les services bancaires et le courtage de valeurs mobilières. Il a représenté des sociétés étrangères dans le cadre de leurs projets d’implantation ou d’acquisition au Canada. Une bonne partie de la pratique de Me Brunet consiste à coordonner les services juridiques de plusieurs importants clients du cabinet.

Les domaines dans lesquels se spécialise Me Brunet sont les suivants : acquisitions et ventes d’entreprises, appels publics à l’épargne, obligations d’information et conformité à la réglementation, consultations auprès de dirigeants et d’administrateurs, offres publiques d’achat, prises fermes, placements privés, financement d’avions, inscription en bourse, notices d’offres, inscription des courtiers, financement par emprunt, financement de projets, consortiums, restructurations d’entreprises, coentreprises, conventions entre actionnaires

Me Brunet est membre du Barreau du Québec depuis 1975. Il est récipiendaire de la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II. Il est également cité dans l'édition 2013 de Best Lawyers in Canada parmi les chefs de file dans le domaine du droit des affaires.
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