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« Les avocats, nous sommes les esclaves du taux horaire ! »

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Dominique Tardif

2017-03-08 14:15:00

Cette semaine, Me Dominique Tardif de ZSA s’entretient avec avec Me Pierre Paquet, associé directeur du bureau de Montréal de Miller Thomson.
1. Pourquoi avez-vous, à l’origine, décidé d’être avocat plutôt que de choisir un autre métier ou une autre profession?

Me Pierre Paquet, associé directeur du bureau de Montréal de Miller Thomson
Me Pierre Paquet, associé directeur du bureau de Montréal de Miller Thomson
Jeune, j’étais quelqu’un qui aimait beaucoup le sport et la compétition. J’étais par ailleurs une personne plutôt extravertie. Je voyais dans la pratique du droit un certain aspect compétitif en même temps qu’un forum où j’allais pouvoir faire valoir ma personnalité, en mettant de l’avant mes talents de vendeur d’idées et de concepts.

J’aimais par ailleurs beaucoup lire, j’étais passionné d’histoire et je suivais la politique. J’avais un côté un peu plus intellectuel et artiste qu’homme d’affaires, et j’avais donc indiqué à mon père que je ne reprendrais pas l’entreprise familiale.

Je suis entré en économie à McGill, un peu aussi parce que je voulais y jouer au football! dit-il dans un rire. Après un an, j’en ai décidé autrement et j’ai fait application en droit, une discipline pour laquelle je me sentais plus d’affinités.

2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?

Mon plus grand défi en carrière, je l’ai vécu à l’époque de Pouliot Mercure : suite à plusieurs départs, nous étions quelques jeunes avocats à avoir décidé de « reprendre le bureau ». La grande majorité d’entre nous n’avait qu’entre cinq et dix ans de pratique. Nous avions pour objectif de réussir à conserver, malgré les changements, la clientèle très intéressante que nous avions, notamment dans les secteurs énergétiques et de la construction. Il nous fallait vendre aux clients l’idée que nous pouvions faire la transition malgré le fait que nous étions encore peu expérimentés, et malgré le fait que plusieurs pensaient même, à l’époque, que le bureau disparaîtrait! Nous avons réussi notre pari et, en cinq ans, avons recruté des gens dynamiques faisant passer le cabinet de 17 à une près d’une quarantaine d’avocats!

3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?

Si j’avais une baguette magique, je ferais en sorte que notre domaine ne soit plus dominé par le concept du taux horaire. Nous en sommes tous, bien malgré nous, un peu « esclaves ». D’une part, les clients sont mécontents au motif que les honoraires ne tiennent pas assez compte du résultat. D’autre part, les cabinets demandent à leurs avocats de facturer bien des heures. Dans un monde idéal, je ferais en sorte que les résultats comptent pour beaucoup plus dans la rémunération, même si dans la réalité il est évidemment difficile de tout faire à contingence.

4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique? Et pourquoi, à votre avis?

À mon avis, la perception du public est aujourd’hui meilleure qu’auparavant. La protection des droits individuels, les tribunaux et notre système judiciaire agissent comme un rempart contre les excès. Les avocats ont un rôle important à cet égard quand il s’agit d’assurer le respect de la justice.

Le fait que le système de justice québécois soit très transparent a, je crois, contribué à cette amélioration de la perception du public envers la profession, autrefois vue comme plus élitiste. Les débats, tant politiques que devant les tribunaux, se font de façon civilisée et les gens respectent, sauf exception, les résultats obtenus. Il y a certainement un problème de lenteur du processus mais il demeure que les choses, même si elles roulent tranquillement, roulent généralement bien. Les avocats font enquête, les juges posent des diagnostics et les résultats s’ensuivent. La nécessité du rôle de l’avocat est à mon avis mieux comprise qu’avant, aidée notamment par les chroniqueurs et journalistes aujourd’hui spécialisés dans le domaine. Il existe évidemment toujours un peu de méfiance envers les avocats mais, en bout de piste, le système est à mon avis mieux respecté.

5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et voulant réussir en pratique privée?

Les avocats de pratique privée, compte tenu de l’informatisation des services et de la technologie, devront dans le futur se démarquer encore plus qu’avant en apportant de la valeur ajoutée. Avoir un modèle de contrat ou utiliser une formule donnée pour rendre un service juridique ne nous permettra plus nécessairement de gagner notre vie. Il faudra, encore plus qu’avant, « savoir amener le client vers ce qu’il veut ».

Évidemment, l’art de la plaidoirie aura toujours sa place dans la profession et ne tombera pas en désuétude du fait des changements que subit la profession. Pour certains autres domaines de pratique où les choses peuvent être plus facilement standardisées, la réponse est cependant moins évidente : tout devient une question de coûts et de célérité du service, et il faut de bons gestionnaires dotés de groupes de travail et d’une maîtrise complète et totale des systèmes de gestion de l’information pour pouvoir continuer de faire une différence et de se distinguer.

· Dernier bon livre qu’il a lu: « Team of Rivals : The Political Genius of Abraham Lincoln » (Auteure: Doris Kearns Goodwin)

· Son film préféré : Le Parrain (réalisateur : Francis Ford Coppola)

· Il aime… la musique de la fin des années 60 et du début des années 70, dont Crosby, Stills, Nash & Young.

· Son expression ou diction préféré : « Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent. (La Bruyère)». En d’autres mots : quand on veut dire quelque chose, il faut savoir que quelqu’un l’a certainement dit avant nous. Il s’agit donc de se réinventer et de trouver une meilleure façon de dire les choses.


· Il craque pour… le golf!

· Son restaurant préféré : Graziella (rue McGill)

· Un pays qu’il aimerait visiter : l’Afrique du Sud.

· __Le personnage historique qu’il admire le plus? Churchill, un personnage qui a été la vedette de son propre film, qui a changé la face du monde, qui avait de multiples facettes (et dont chacune était captivante). Sa vie a été, de A à Z, une véritable aventure.

· S’il n’était pas avocat, il serait…probablement écrivain!



Me Pierre Paquet est un avocat plaidant chevronné en droit commercial et l’associé directeur du bureau de Montréal de Miller Thomson. Il jouit d’une excellente réputation acquise notamment grâce à son intervention dans de nombreux procès et litiges dont plusieurs ont fait jurisprudence.

Que ce soit en poursuite ou en défense, Me Paquet a représenté un grand nombre d’entreprises devant des tribunaux civils et spécialisés de toutes instances dans de nombreux dossiers de nature commerciale. En plus d’avoir plaidé devant diverses institutions d’arbitrage nationales et internationales, il est intervenu dans les procédures de plusieurs arbitrages tenus à Genève en application du règlement de la Chambre de commerce internationale et il a représenté plusieurs entreprises dans des litiges assujettis aux règles de l’Association américaine d’arbitrage.

Au cours des dernières années, Me Paquet a obtenu gain de cause dans plusieurs procès complexes. Il a notamment défendu avec brio une société multinationale informatique dans un litige portant sur la mise en place de technologies ainsi que le promoteur d’un projet énergétique d’envergure dans le cadre d’une poursuite portant sur l’utilisation de technologies ou de savoir-faire confidentiels. Me Paquet possède également une vaste expérience dans le règlement de litiges mettant en cause des administrateurs, des dirigeants ou des actionnaires.

Parfaitement bilingue, il peut représenter ses clients en français ou en anglais lors des audiences et des plaidoiries. Il est membre du Barreau du Québec depuis 1981.
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