«Une réelle partenaire d’affaires»
Dominique Tardif
2016-02-17 14:15:00
J’ai choisi le droit pour l’amour des mots et de l’art oratoire. J’ai, en effet, toujours aimé lire, étant également attirée par le théâtre et la rédaction. Mes cours préférés étaient ceux de littérature, d’art dramatique et d’histoire.
Le droit n’était pas un de mes choix d’autant plus que personne dans ma famille ne travaillait dans ce domaine. C’est dans le cadre d’un cours, au cégep, que j’ai envisagé cette option pour la première fois: mon professeur de sociologie, à qui je venais de remettre un travail de fin de semestre, m’a convoquée dans son bureau. Il m’a demandé ce que je pensais faire ensuite, et je lui ai répondu en référant à la littérature et au marketing. Il m’a alors répondu : « Mettez à l’œuvre votre talent et appliquez en droit! ». Nous avons eu une longue discussion et cela a suscité une réflexion sur mon choix de carrière.
En y repensant aujourd’hui, je constate que je n’aurais probablement pas appliqué en droit si nous n’avions pas eu cette discussion. J’y ai réfléchi et en ai conclu que la rédaction, l’importance du choix des mots, la logique, la rhétorique, et la plaidoirie me plairaient. Je suis entrée à la Faculté de droit l’esprit ouvert, me disant que je pourrais choisir un autre domaine si le droit ne me convenait pas. C’est en deuxième année de droit que j’ai été convaincue que j’étais à ma place, en faisant le cours de tribunal-école puis, en troisième année, un concours de plaidoirie : j’allais être une plaideuse!
2- Quel est, jusqu’ici, le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Mon plus grand défi a été de prendre la décision de laisser ma pratique en cabinet, où j’avais du plaisir et du succès après avoir travaillé très fort pour être nommée associée tout en étant maman de deux enfants, pour plonger dans un tout nouveau rôle. J’étais, en effet, confortable et heureuse en pratique privée: je travaillais avec des clients avec qui j’entretenais de très bonnes relations, qui me faisaient confiance, j’étais entourée d’une très bonne équipe et je côtoyais des collègues qui étaient pour plusieurs devenus des amis.
De mon « lit douillet » chez Lavery, j’ai donc fait le saut vers un domaine que je ne connaissais pas du tout, à savoir le domaine bancaire, de nouveaux collègues et une entreprise BMO– Banque de Montréal que je ne connaissais pas.
Le défi consistait à accepter de laisser derrière moi la pratique que j’avais bâtie avec beaucoup d’énergie, de temps, de passion et de cœur, ainsi que mes collègues pour sauter vers l’inconnu en espérant avoir fait le bon choix. Cela s’accompagnait évidemment d’une très grande excitation, du sentiment qu’une fois la période de transition passée, je pourrais créer de nouveaux liens, continuer de m’épanouir, m’accomplir, développer de nouvelles qualités, surmonter des défis et surtout faire une différence au sein de ma nouvelle entreprise; je confirme : j’ai fait le bon choix !
3- Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Si j’avais une baguette magique, j’aimerais bien que l’on puisse, avocats et parties, se concentrer davantage sur les véritables enjeux, en évacuant ce qui tient surtout à la procédure. Même s’il est vrai que la procédure permet parfois de prendre un certain positionnement dans les dossiers, il est aussi important d’avoir rapidement la capacité, la maturité et la sagesse pour identifier le vrai problème, l’enjeu et les impacts pour les parties, pour ensuite prendre des mesures proportionnelles à ces enjeux, et ce, dans le but d’en arriver à une solution.
Trop souvent, les parties non seulement ne se parlent pas mais ne s’écoutent pas. La mise en place d’un forum pour échanger ouvertement fait, selon moi, une différence et permet parfois de réduire la lourdeur du processus ainsi que d’évacuer certains irritants qui entravent notre capacité à trouver des solutions.
4- Que pensez-vous de la perception du public envers la profession et les avocats en général?
Je pense qu’il existe différentes perceptions de la profession.
Il y a, d’une part, celle du grand public, qui n’a pas eu à travailler avec des avocats et qui est parfois influencée par les nouvelles du moment. Lorsque la profession fait la une sur certains sujets atteignant l’image de la profession, la perception du public en est évidemment affectée négativement.
J’ai cependant, d’autre part, le sentiment que les clients qui collaborent avec les avocats nous perçoivent comme des conseillers, des partenaires qui tentent de les aider à trouver des solutions. C’est d’ailleurs ce que je ressens comme avocate d’entreprise : j’ai la chance de créer des liens très forts avec mes collègues qui sont mes clients, je suis non seulement leur avocate mais aussi leur partenaire.
5- Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière? Que faut-il pour réussir sa carrière en droit aujourd’hui?
Écoutez ! L’écoute active est clé selon moi. Le droit est un domaine qui nous amène à beaucoup parler.. En tout temps, cependant, l’écoute est très importante…et particulièrement quand on débute dans cette profession Écouter permet de comprendre les enjeux, les différentes positions, de saisir certaines subtilités et les objectifs de nos clients. Enfin, il ne faut pas hésiter de soulever des questions pour s’assurer de bien comprendre.
Il est également important de s’entourer de bons mentors, qui sont généreux et qui prennent le temps de nous encadrer, nous conseiller ,répondre aux questions et célébrer les succès..
Connaître ses limites est également essentiel.
Enfin, travailler avec passion en investissant temps et énergie. On sort évidemment de l’université avec un bon bagage de connaissances, mais il nous reste encore à apprendre notre profession. Cela ne survient pas du jour au lendemain : chaque avocat avec qui on collabore y contribue et chaque heure consacrée à la recherche, la rédaction, la préparation d’une audition façonne l’avocat.
• Sont sur sa table de chevet : Love, le grand livre de l’amour (Leo Bormans), Happiness, le grand livre du bonheur (Leo Bormans) et Anna Karenina (Leo Tolstoy).
• Les derniers bons films qu’elle a vus : La vita è bella (réalisateur : Roberto Benigni) et La Vie des autres (Réalisateur : Florian Henckle von Donnersmarck).
• Ses chansons fétiches – La vie en rose (Édith Piaf) et Dance Me to the End of Love (Leonard Cohen)
• Son dicton préféré – « Le destin lui-même loge dans le rêve le plus tenace ».
• Son péché mignon – Le chocolat noir et les madeleines chaudes de la Maison Boulud (rue Sherbrooke Ouest).
• Son restaurant préféré – Estiatorio Milos (avenue du Parc) et Park (avenue Victoria).
• Elle aimerait…faire un safari en Afrique du Sud ou au Kenya.
• Le personnage historique qu’elle admire le plus : Marie Curie, pour sa persévérance à prouver ses thèses, et parce qu’elle a su aller au bout de ses idées et de ses rêves!
• Si elle n’était pas avocate, elle serait…professeure de littérature!
À ce titre, depuis 2013, elle est responsable de l’équipe des Affaires juridiques qui supporte la Banque de Montréal, division du Québec, quant à la gestion des litiges, ainsi qu'au niveau des lignes personnelles et commerciales.
Dans le cadre de ses fonctions, elle, ainsi que son équipe, travaillent en étroite collaboration avec les différentes lignes d'affaires et groupes de la Banque, notamment les équipes responsables de la conformité, la sécurité, le crédit, les relations de travail, le marketing et les relations médias.
L’objectif principal de son équipe est d’identifier et de réduire significativement les risques légaux, réglementaires et à la réputation de la banque, tout en collaborant avec les lignes d’affaires, afin de s’assurer d’être à l’affût et de bonifier leurs pratiques, politiques et processus.
Pour ce faire, depuis son arrivée, elle a notamment contribué à des changements importants au niveau opérationnel et a dispensé plusieurs formations et conférences à différents groupes de la Banque, afin de les sensibiliser à certains risques et de les outiller pour mieux les gérer.
L’équipe des Affaires juridiques est également responsable de la gestion des litiges et collabore étroitement et activement avec les différents groupes de la Banque, ainsi qu’avec les avocats externes, pour déterminer les approches, élaborer les stratégies et s’assurer que la Banque soit bien représentée et protégée.
Elle est une conseillère et partenaire, dont l'ensemble des interventions reflète la vision de la Banque.
Diplômée de l’Université de Montréal, Dina Raphaël a œuvré pendant 15 ans en pratique privée avant de se joindre à la Banque. Elle était associée au sein de l’équipe Litige du bureau Lavery, de Billy. Elle se spécialisait dans les domaines de la responsabilité professionnelle, la responsabilité des administrateurs et dirigeants, la responsabilité du fabricant, la fraude et le droit des assurances.
Elle était Maître de Stage, activement impliquée dans le recrutement, et responsable de la formation des étudiants et stagiaires.
Elle a prononcé plus de trente (30) conférences et a dispensé de nombreuses formations, notamment en matière de conformité pour les conseillers en placement, de droit des assurances et de distribution de produits d’assurance sur Internet.
De 2005 à 2011, elle était chargée de cours à l’Université de Montréal et a été, pendant deux ans, membre du Comité de Liaison avec la Cour supérieure. Elle est activement impliquée au sein de la Fondation de l’Hôpital Ste‑Justine et elle est membre du Conseil d’administration de Pro Bono Québec.
Elle a été reconnue en 2012 et en 2013 par The Best Lawyers in Canada dans les domaines de la responsabilité des administrateurs et dirigeants et du droit des assurances.
Elle a aussi été nommée dans les éditions 2013 et 2014 du répertoire Benchmark Canada, the Guide to Canada’s Leading Litigation Firms and Attorneys à titre de Litigation Future Star in Quebec, dans les domaines de la responsabilité du fabricant, la responsabilité professionnelle et du droit des assurances.
Enfin, le travail de l’équipe des Affaires juridiques de la Banque a été reconnu par Benchmark Litigation Canada en se faisant décerné le prix In house team of the Year en février 2015, et plus récemment, en septembre 2015, par Canadian Lawyer Inhouse qui a attribué à l’équipe les prix Litigation Management Awardet Innovation Award.