Le nouveau Maître de Norton Rose Fulbright Montréal
Jean-Francois Parent
2022-04-07 15:00:00
Choisi par les associés du cabinet pour un mandat de trois ans, renouvelable une seule fois, Luc Morin succède ainsi à Solomon Sananes, qui l’avait lui-même recruté en 2017.
Être choisi, c’est bien, mais encore faut-il le vouloir, et le pouvoir. C’est qu’un associé directeur conserve sa pratique, et continuera d’être le chef canadien de l’équipe Faillite, restructuration financière et insolvabilité du cabinet. Il y a donc augmentation de la charge de travail en vue.
« J’ai 43 ans, et je suis à une étape de ma carrière où je connais les tenants et aboutissants de ma pratique. J’ai donc du temps, et il y a plusieurs choses que j’aimerais mettre de l’avant », dit-il.
Parmi ces projets, il cite l’importance pour Norton Rose Fulbright de consolider l’avantage concurrentiel que constitue la plateforme du cabinet.
Discutant avec Droit-Inc en 2017, il expliquait alors que l’un des enjeux concurrentiels offerts par NRF qui lui avait fait quitter Fasken, où il était depuis 17 ans, résidait dans la plateforme utilisée par le cabinet. C’est d’ailleurs l’un des chantiers qu’il veut promouvoir à titre d’associé-directeur :« Nous avons déjà l’une des plateformes les plus performantes du marché, mais j’aimerais qu’on se penche sur les façons de la rendre encore plus performantes », dit-il.
Mais la direction d’un cabinet n’implique pas tant de s’impliquer dans la gestion quotidienne de ses opérations que de promouvoir les initiatives et d’unifier les équipes autour d’une vision et d’une stratégie communes.
« L’associé-directeur est d’abord le porte-étendard du cabinet, il fait la promotion de la marque et s’assure de faire le pont entre les différentes équipes du cabinet. »
Trois chantiers
C’est ainsi qu’à titre d’associé directeur, il entend mettre de l’avant trois enjeux principaux chez Norton Rose Fulbright. « Nous sommes en train de redéfinir l’expérience de travail. La pandémie a évidemment causé la dématérialisation des habitudes de travail », explique Me Morin. Il estime que le classique 9 à 5 au centre-ville, en veston-cravate, arrive bientôt à échéance.
« On a une occasion générationnelle de redéfinir l’identité d’un bureau à Montréal. »
Redéfinir l’environnement de travail où se donnent les prestations de services implique aussi d’aller plus loin : « ce qui distingue les meilleurs cabinets, c’est qu’ils offrent un environnement propre à retenir le talent, et à le faire éclore », ajoute Luc Morin. Se disant « soufflé » par la qualité du talent sur lequel Norton Rose Fulbright peut miser, assumer que le travail est fait serait une erreur, croit-il.
Dans ce contexte, soutenir la formation et le développement des avocats et des employés est au menu, afin de continuer à relever l’expertise des équipes.
Autre chantier, cher au cœur de Luc Morin. « Le défi de ma génération, c’est d’avoir davantage de femmes », non seulement dans la pratique, mais dans des postes clés. Il dit être « conscient » que les obstacles qu’il a dû affronter pour arriver là où il est sont peu nombreux par rapport à ceux auxquels sa conjointe, Eleni Yiannakis, associée chez IMK, a dû elle-même faire face.
Il est donc d’avis qu’ « il est temps qu’il se passe quelque chose » pour que les choses changent, et que les femmes aient accès à la place qui leur revient.
Développement d’affaires
Tous ces chantiers ne lui font pas perdre de vue que l’avantage concurrentiel de Norton Rose Fulbright doit continuer d’être cultivé, et consolidé. S’il n’a pas d’objectifs chiffrés quant à la progression du cabinet, il n’en considère pas moins que sa force de frappe ne doit pas être tenue pour acquise.
« On a une clientèle sophistiquée, et exigeante. Il faut donc continuer de lui offrir le meilleur. » Et comme le droit, c’est une affaire de relations avant tout, un cabinet cultive ses relations d’affaires avec non seulement une expertise, mais aussi en mettant l’accent sur l’aspect relationnel.
Pour y arriver, Luc Morin pense donc qu’il y a « une adéquation à faire entre les exigences de la main d'œuvre, et celles des clients ». Il faut trouver le match parfait afin d’arrimer le meilleur de l’équipe pour chacune pour chacun des clients, selon ses circonstances et ses besoins.
Faire ce maillage est d’autant plus important que le cabinet est d’abord une plateforme d’affaires et de litige. Et s’il est difficile pour l’instant d’identifier les secteurs de pratique qui sont en croissance, il est essentiel de voir « quels sont les secteurs qui peuvent s’arrimer à notre offre ».