Comment se dérouleront les « procès accélérés »
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Radio -Canada
2019-06-14 11:15:00
![Robert Pidgeon, juge en chef associé de la Cour supérieure du Québec Photo : Radio-Canada / Jean-Simon Fabien.](https://gvm.nyc3.digitaloceanspaces.com/store/uploads/public/di/article/24877__Robert_Pidgeon%2C_juge_en_chef_associ%C3%A9_de_la_Cour_sup%C3%A9rieure_du_Qu%C3%A9bec.jpg)
Des litiges normalement entendus par la Cour supérieure pourront être tranchés rapidement. La Cour supérieure entend les réclamations civiles de plus de 85 000 $.
Prenons un exemple. Louis-Philippe a prêté de l’argent à Cyrille, qui a signé une reconnaissance de dettes de 125 000 $. Cyrille affirme qu’il a déjà remboursé 25 000 $, mais Louis-Philippe soutient avoir reçu un chèque sans fonds. Ce que Cyrille dément.
Date d'audition rapide
Dans un délai de 90 jours, les deux parties signifient donc leur intention d’aller en « conciliation et audition sommaire ». Et, très rapidement, une date d’audition sera déterminée.
« À ce moment-là, un juge désigné par le juge en chef va communiquer avec les personnes concernées et dire : “On va tenter de vous concilier”. En d’autres mots, on va tenter de trouver une solution », explique Robert Pidgeon.
Une séance de conciliation entre Louis-Philippe et Cyrille aura lieu le matin. Si aucune entente ne survient avant midi et demi, le juge entendra les justiciables en après-midi.
Documents à l’appui, Louis-Philippe va citer sa conjointe, témoin du prêt, et son banquier, qui affirme que le chèque était sans fonds.
« Louis-Philippe va déposer des déclarations assermentées de ces gens-là devant le juge. Mais il ne fait pas entendre de témoins. Il dépose des pièces. Chacune des parties fait valoir son point de vue », ajoute M. Pidgeon.
« Par la suite, vos avocats, si vous en avez, ou vous-mêmes, vous allez plaider, faire valoir vos arguments », dit Robert Pidgeon.
Une fois les parties entendues, le juge a 10 jours pour rendre son jugement. Une décision qui sera finale, car les justiciables se seront au préalable engagés à ne pas interjeter appel.
Un système parfait?
Est-ce que les personnes en litige seront aussi bien servies en accéléré que lors d’un procès traditionnel?
« Ce n’est pas un système parfait, rétorque Robert Pidgeon. C’est un projet pilote. On va avoir à corriger des choses au fur et à mesure qu’on va avancer. Mais une chose dont je suis certain, c’est que justice va avoir été rendue. Et elle va avoir été rendue rapidement et à moindres coûts.»
L'héritage de Robert Pidgeon
L’Alberta et les Territoires du Nord-Ouest utilisent déjà le système des « procès accélérés ».
« D’ailleurs, on envoie un juge en Alberta à la fin juin pour voir comment ça se passe. Et ceux qui ont eu recours à ce système se sont généralement dits satisfaits », souligne le juge Pidgeon, qui prendra bientôt sa retraite.
C’est d’ailleurs un héritage qu'il souhaite laisser après avoir « trop souvent entendu au cours de sa carrière que la justice n’est pas accessible à tous ». Ça vise d’offrir une plus grande accessibilité à la justice et redonner confiance aux gens en la justice.
« C’est un système volontaire. Ceux qui veulent y adhérer peuvent le faire, ceux qui ne veulent pas continueront sur le système traditionnel », souligne-t-il.
Le juge Pidgeon aimerait que le projet pilote soit étendu partout au Québec d’ici l’automne 2020.