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Une accusation d’extorsion retirée contre un avocat

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Radio-Canada Et Cbc

2025-02-05 10:15:42

James Bowie. Source : CBC / Radio-Canada / Service de police d'Ottawa
James Bowie. Source : CBC / Radio-Canada / Service de police d'Ottawa
L’avocat a plaidé non coupable lundi aux accusations criminelles. Il a ensuite déclaré par courriel qu'il «s'attend à être acquitté».

L’accusation criminelle d’extorsion alléguant que l’avocat suspendu, James Bowie, aurait extorqué à une cliente des relations sexuelles orales en échange de ses services juridiques a été retirée.

La femme au centre de ses allégations, Leanne Aubin, venait de témoigner pendant trois jours.

« Le ministère public a concédé que pour retenir le chef d’accusation d’extorsion, il fallait une menace plus directe et plus explicite », a admis l’avocate de Mme Aubin, Emilie Taman.

Cette décision a été prise après que la défense eut évoqué la possibilité de demander au juge de rejeter l’accusation en raison d’un manque de preuves, a expliqué Mme Taman.

L’avocate de Mme Aubin, Emilie Taman. Source : Champ & Associates
L’avocate de Mme Aubin, Emilie Taman. Source : Champ & Associates

James Bowie, 41 ans, a plaidé non coupable d’avoir proféré des menaces de mort à l’encontre de Leanne Aubin et d’une autre femme, d’avoir harcelé cette dernière et d’avoir tenté de la convaincre de lui procurer une arme à feu.

L’identité de la deuxième femme ne peut être dévoilée en raison d’une ordonnance de non-publication. Elle a témoigné la semaine dernière et les accusations relatives à ses allégations et à son témoignage demeurent inscrites à son dossier.

Leanne Aubin a quant à elle demandé et obtenu que l’ordonnance de non-publication soit levée, ce qui lui permet de parler publiquement de son histoire.

« Cela aurait pu ruiner ma vie »

Mme Aubin a rencontré M. Bowie en 2022, alors qu’elle avait besoin d’un avocat en droit pénal. C’est une connaissance qui lui a recommandé les services de l’avocat d’Ottawa.

Elle avait été accusée d’agression armée après avoir frappé un homme avec un pichet de bière en plastique lors d’une dispute dans un bar sur la question de savoir si l'ex-dirigeant cubain Fidel Castro était le père du premier ministre canadien Justin Trudeau.

L’homme avec qui elle s’est disputée a ensuite pris son téléphone et l’a lancé au visage de Leanne Aubin, lui brisant l’os orbital. L’homme en question n’a pas été accusé.

« M. Bowie m'a dit qu’il pouvait faire abandonner les accusations qui pesaient contre moi et que si j’étais reconnue coupable, je perdrais mon emploi, ma maison et la garde de mon enfant. Cela aurait pu ruiner ma vie », a témoigné Mme Aubin la semaine dernière lors de l’interrogatoire mené par le procureur adjoint de la Couronne, Kerry Watson.

L’avocat a finalement demandé à sa cliente de communiquer par le biais de Snapchat, une application qui supprime les messages après avoir été lus, à moins qu’un paramètre ne soit modifié pour les supprimer 24 heures après leur lecture.

La plaignante a déclaré ne pas avoir pris des photos de l’entièreté de leur conversation, mais seulement de certaines parties.

L’embauche d’un nouvel avocat

Dans son témoignage, Leanne Aubin a fait valoir que le comportement de James Bowie l’avait fait sentir « sans valeur » et « dégoûtée », mais qu’elle ne l’avait pas bloqué ou dénoncé parce qu’elle avait besoin de son aide et qu’elle pensait que personne ne la croyait.

Elle craignait également que, s’il était capable de l’aider à faire tomber l’accusation dont elle faisait l’objet, il puisse aussi décider de détruire sa vie.

Le criminaliste Michael Spratt. Source : AGP LLP
Le criminaliste Michael Spratt. Source : AGP LLP

Elle a tout de même fini par demander de l’aide d’un criminaliste, Michael Spratt, qui lui a dit qu’il « attendait cela depuis si longtemps » lorsqu’elle lui avait révélé sa plainte concernant James Bowie.

La défense a demandé à Mme Aubin si elle savait qu'il y avait déjà eu des tensions entre MM. Spratt et Bowie, insinuant que le premier aurait peut-être voulu s'en prendre au second. À cela, Mme Aubin a répondu qu'elle n'était au courant de rien.

M. Spratt a finalement fait retirer l’accusation portée contre elle. Il a ensuite dit à sa cliente qu’il pensait que ce serait une bonne idée qu’elle présente ses allégations au Barreau de l’Ontario et qu’elle intente une action civile - qu’elle a gagnée par la suite - contre James Bowie. Mme Aubin a assuré qu’elle ne s’était pas sentie obligée de le faire.

Elle ne s’est pas adressée aux policiers. C’est plutôt un détective qui l’a appelée pour lui dire que la police avait été informée que M. Bowie essayait d’acheter une arme à feu pour lui faire du mal. C’est à ce moment-là qu’elle leur a fait part de ces allégations.

« J'étais incrédule. Elle a dit qu'elle avait peur de sortir seule en public, que son père était venu habiter avec elle parce qu'elle avait peur et qu'elle ne faisait pas confiance aux hommes ».

Contre-interrogée par l'avocat de la défense Eric Granger, Mme Aubin a déclaré qu'elle n'avait jamais envoyé à M. Bowie de photo d’elle, nue, montrant un tatouage en forme de toile d'araignée sur sa poitrine, et que son tatouage ne représentait pas une toile d'araignée, mais un motif qu'elle ne pouvait pas décrire.

Lorsque James Bowie lui a envoyé une photo de son pénis, elle a répondu « Oh nice ». Elle a nié qu’il s’agissait d’une réponse « favorable », mais plutôt qu’elle ne savait pas comment répondre.

L'avocat de la défense Eric Granger et sa conseillère juridique Hannah Drennan. Source : Greenspon Granger Hill
L'avocat de la défense Eric Granger et sa conseillère juridique Hannah Drennan. Source : Greenspon Granger Hill

Elle a par la suite rejeté une autre allégation de la défense voulant qu’elle flirtait avec James Bowie lorsqu’il lui a envoyé la photo de son pénis. Elle a reconnu qu’elle n’avait pas sauvegardé les captures d’écran des autres messages échangés à cette époque.

La plaignante a aussi rejeté une suggestion de la défense selon laquelle la demande de M. Bowie sur Snapchat de venir au bureau pour discuter de son dossier n’était que pour des motifs professionnels.

« C’est ce qui est écrit, mais je ne pense pas que c’est ce qu’il voulait dire. Nous ne parlions que très rarement de l’affaire, voire pas du tout. Je n’avais aucune raison de me rendre à son bureau, si ce n’est qu’il voulait se droguer ou que je lui fasse une fellation. S’il s’agissait de l’affaire, nous aurions facilement pu nous parler au téléphone ou (se texter) ».

Eric Granger et sa conseillère juridique Hannah Drennan devraient dire à la Cour, mardi, lors de la reprise du procès, s’ils appellent ou non des preuves.

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