Cri du cœur d’une juge au palais de justice de Sept-Îles

Radio-Canada Et Cbc
2025-03-10 10:30:09

Lors d'une journée d’audience au palais de justice de Sept-Îles, la juge Louise Gallant a souligné le travail de la greffière en place, tout en déplorant le manque de main-d'œuvre dans l’appareil juridique.
« Il devrait y avoir deux greffières », a-t-elle dit, « et on a besoin de quelqu’un d’autre pour faire le travail de façon efficace ».
Le ministère de la Justice, contacté par courriel, constate la pénurie dans toute la province.
Les greffières ont pour rôle d'assurer le lien entre le public et les différents intervenants du tribunal.
Elles sont au nombre de 11 sur la Côte-Nord, selon le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec. « C’est 50 % moins qu’il y a 10 ans », souligne le vice-président, Michel Girard, qui constate de nombreux départs prématurés d'employées qui ne sont en fin de compte pas remplacées.
Avec 23 $ de l'heure en début de carrière, il montre du doigt les salaires qu’il juge désavantageux, sans compter la surcharge de travail.
« Ce que les employés nous disent, c’est que la charge de travail continue d'augmenter. On va arriver à un point de rupture majeur. Ça ne peut pas continuer comme ça », déplore M. Girard.
De plus, le ministère de la Justice se voit dans l’impossibilité de procéder à de nouvelles embauches. M. Girard rappelle que le personnel administratif, comme plusieurs postes de la fonction publique, est frappé depuis le 1er novembre d’un gel de recrutement.
Aucune amélioration depuis les revendications de 2022

Les greffières, ou paratechniciennes judiciaires selon l'appellation officielle de la nouvelle convention collective, ont négocié difficilement le renouvellement de leur convention dans les dernières années.
Les années ont passé, et ni le syndicat ni le barreau du Québec n’observent d’amélioration dans leurs conditions de travail.
Au contraire, la bâtonnière du Québec, Catherine Claveau, constate l’essoufflement, l'insatisfaction et des retards liés à la pénurie de travailleurs du système judiciaire.
« On risque de mauvais classements de dossiers, de l’accumulation ou des pertes de pièces, des retards », explique-t-elle.
Elle s'inquiète par ailleurs de la perte de confiance du public envers le système de justice.
« C’est directement lié au problème de financement dans le système de justice. Il faut investir plus. C’est difficile d’obtenir ce qu’on souhaite, alors que le gouvernement coupe partout », ajoute-telle.
Le ministère de la Justice indique par courriel que « les équipes des services de justice sont complètes, à l’exception de celle de Baie-Comeau où deux postes sont en processus de dotation ».
Il soutient que l’unité mobile provinciale mise sur pied permet de répondre aux besoins de main-d’œuvre ponctuels du réseau à travers la province.