Démantèlement du campement refusé à McGill : une question de « liberté publique »
Sonia Semere
2024-05-21 11:15:44
Un juge vient de refuser l’injonction provisoire réclamée par McGill. Droit-inc a discuté avec l’avocat des manifestants pro-palestiniens pour comprendre les enjeux juridiques.
Le juge Marc St-Pierre a refusé ce mercredi 15 mai la demande d’injonction temporaire déposée par l’Université McGill afin de démanteler les camps pro-palestiniens sur son campus.
Pour rappel, une centaine d'étudiants pro-palestiniens campent sur le terrain de la faculté depuis fin avril. Ils réclament de l'université qu'elle coupe tout lien financier et scolaire avec Israël.
Dans sa demande d’injonction, l’Université McGill soutenait que le campement posait des risques pour la sécurité, la sûreté et la santé, et qu’il avait entraîné une escalade des tensions sur le campus.
Selon Me Julius Grey, l’avocat de plusieurs manifestants pro-palestiniens, la décision rendue par le juge St-Pierre est avant tout « une décision de liberté publique ».
« Notre position était que la propriété, et particulièrement en matière universitaire et gouvernementale, n’est pas si absolue que ça », explique l’avocat à Droit-inc.
« Plusieurs causes dans le passé ont également défendu l’idée qu’à l’université, les manifestations doivent être ouvertes et les expressions politiques doivent être permises ».
Me Grey souligne également le fait que ces campements n’ont pas à vocation à être permanents, « on se souvient des campements universitaires à l’époque du Vietnam, ils ne sont finalement pas restés ».
Pour justifier sa demande d’injonction provisoire, l'université a dû apporter les preuves de l’urgence que posait la situation. Un point qu’elle n’est pas parvenue à démontrer face au juge.
« Les circonstances de la présente affaire ne justifient pas la Cour supérieure d’émettre une ordonnance pour forcer l’évacuation des terrains des demanderesses », peut-on lire dans la décision rendue.
McGill n’a pu faire état d’aucun incident sérieux ou violent depuis l’érection des premières tentes.
« Cette décision montre qu’on ne peut pas faire de demande d’injonction de manière prophylactique. On ne peut pas supposer d’un danger possible », finit par conclure Me Grey.