Du data au coaching
Camille Dufétel
2023-03-27 14:15:00
À travers cette plateforme lancée initialement début 2019, l’avocate propose entre autres du ''coaching'' pour « mieux vivre son stress », « se sentir épanoui », ou pour « instaurer du changement dans sa vie personnelle ou professionnelle ».
Souhaitant « créer des ponts entre la tête et le cœur », l’avocate veut amener « les gens à reconnecter avec leur intuition » et propose notamment un volet d’aide au niveau de la gestion du stress. Au programme, ateliers et conférences, ''coaching'' et événements immersifs.
Cette entreprise, Me Deschênes ne l’a pas lancée par hasard. Il y a neuf ans, ce Barreau 2008, actuellement chargé du groupe « Protection des données, Vie privée et Cybersécurité » chez Robic, vivait un épuisement professionnel.
Celle qui s’est jointe au Mouvement Desjardins en août 2013, où elle a plus tard été nommée cheffe de la protection des renseignements personnels, et qui détient le titre de ''Fellow of Information Privacy'', revient sur cet épuisement qu’elle considère comme un « événement marquant » de sa vie.
Frapper un mur
« On frappe un mur, et quand on le frappe, on n’a pas d’autre choix que de s’arrêter, assure-t-elle. C’est là où j’ai commencé à prendre du temps pour moi, à faire davantage de yoga et de la méditation. »
L’avocate, qui dit avoir vécu des choses que son rationnel avait de la difficulté à expliquer, a voulu « comprendre et creuser », pour éventuellement se former dans le milieu du développement personnel. « C’est devenu une grande passion depuis ce temps-là ».
Me Deschênes a alors multiplié les formations, devenant tour à tour ''coach'' certifiée en yoga, praticienne certifiée en neurosciences appliquées, professeure et ''coach ''certifiée de méditation, ''coach'' certifiée en santé holistique…
« Pour moi, c’est important d’avoir tout le côté scientifique qui sous-tend pourquoi les sciences ancestrales fonctionnent et font du bien et pour comprendre toute la biologie, la biochimie, ce qu’il se passe au niveau des neurotransmetteurs dans le cerveau », explique l’avocate, qui suit par ailleurs une formation en hypnose.
Détentrice d’un MBA en gestion des entreprises, Me Deschênes s’épanouit aujourd’hui entre son travail chez Robic, qu’elle décrit comme un « cabinet non traditionnel » fort de parcours atypiques, et son implication pour Ntuiva.
Elle était d’ailleurs associée, l’année dernière, au sein de Robic, mais a décidé de « laisser aller le ''partnership'' » pour avoir plus de temps à consacrer à son entreprise.
Un « enjeu réel »
« On le voit dans les médias, la santé mentale est un enjeu réel. Dans notre profession, il y a beaucoup d’épuisement professionnel, de la dépression aussi. On parle souvent du mal du 21e siècle ».
L’avocate estime qu’il existe de réels besoins à ce niveau et que la bonne nouvelle est que « c’est moins tabou que ça ne l’a été ».
Que conseillerait-elle en premier lieu à un avocat surmené ? La ''coach'', qui propose aussi des séances de méditation en entreprise, suggère d’abord de prendre trois grandes respirations.
« Ça a l’air simple mais en fait la respiration est directement liée à notre système nerveux. Le fait de respirer lentement, de faire gonfler notre ventre comme un ballon, envoie le signe à notre corps que l’on n’est pas dans une situation de danger et qu’il peut arrêter de stresser. »
Niveau d’hydratation et temps de sommeil de la personne sont aussi à considérer. Ensuite, à chacun de trouver l’outil qui « ''fitte ''» avec sa personnalité.
« Ma force est d’avoir une panoplie d’outils à proposer en séance de ''coaching'', selon le mode de vie de chacun. Méditer 30 minutes par jour, ce n’est pas possible pour tout le monde ».
Données et bien-être
Elle estime que « la grande ouverture » de Robic l’aide aujourd’hui à allier son travail d’avocate et celui d’entrepreneure.
L’avocate précise qu’à son arrivée chez Robic en 2020, à peu près deux semaines avant la pandémie, le cabinet a décidé de lancer le groupe dont elle est responsable.
« J’avais le mandat de le structurer. Essentiellement, cela consiste à accompagner nos clients, de la ''start-up'' à la grande entreprise, et de les appuyer sur toute question relative à la protection des renseignements personnels. »
Elle pratique « l’évaluation de la maturité des organisations ». « Cela signifie regarder ce que les entreprises ont en place, voir s’il y a un écart avec les nouvelles lois et proposer un plan de match pour amener l’entreprise à se mettre en conformité ».
L’avocate rend aussi des avis juridiques face à des questions plus pointues en matière d’utilisation des données et de protection des renseignements personnels.
« On peut aider aussi au niveau de la formation, et il y a aussi un volet d’accompagnement pour la gestion des incidents. »
Me Deschênes rappelle qu’on retrouve de la donnée partout aujourd’hui et que cela amène des enjeux « très complexes, très pointus, nécessitant une expertise particulière ».
« Étant nous-mêmes dans le domaine, on est parfois dépassés. Ça démontre à quel point il évolue très rapidement. »
Une meilleure avocate
Aujourd’hui, l’avocate dit en tout cas s’être donné les outils pour être « beaucoup plus à l’écoute » d’elle-même et ne pas en arriver au surmenage.
« La différence, c'est qu’avant, je ne reconnaissais pas les signes, et que maintenant oui ».
Me Deschênes l’assure, avoir intégré ce qu’elle appelle « les éléments bien-être » dans sa vie fait d’elle une meilleure avocate, plus efficace et efficiente.