La retraite après 38 ans chez Fasken

Un avocat prend sa retraite à l’issue d’une carrière de près de quatre décennies au sein de Fasken. Il revient sur son parcours marqué par le mentorat…

« J’ai le plaisir de vous annoncer que je commence un nouveau poste de Retraité chez moi! »

C’est ainsi que Me Karl Delwaide a informé ses contacts sur LinkedIn qu’il prenait ce tournant professionnel.

« Je me spécialise dans les sports d’hiver et la musique », précise avec le sourire celui qui était plutôt expert en accès à l’information et protection des renseignements personnels jusqu’à la fin de son activité chez Fasken…

Sur le réseau social, les commentaires à l’annonce de la retraite de l’avocat originaire de Chicoutimi sont nombreux à saluer le rôle de mentor qu’il a eu pour ses collègues.

La médecine, la guitare, le hockey…

Pourtant, Karl Delwaide pensait initialement devenir médecin plutôt qu’avocat. En effet, au moment de choisir son domaine d’études, Karl Delwaide avait d'abord prévu d'intégrer la faculté de médecine de l'université Laval. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu…

« Le jour de l'examen d'entrée en médecine, j'ai quitté l’université à l'heure du lunch. J'ai acheté une guitare Norman 12 cordes comme Serge Fiori à l'époque. Sur le trajet de retour vers Chicoutimi en autobus, on a joué de la guitare et chanté tout le long du trajet! » De retour à la maison, « ma mère était découragée… » se souvient-il. « Je lui ai dit: je vais en droit. C’était ma place. » L’avocat attribue ce goût pour le droit aux discussions qu’avait son père, un syndic de faillite, quand il recevait ses amis avocats et juges à regarder le hockey à la maison. « Je regardais le hockey avec eux, qui discutaient de droit. »

Près d’un demi-siècle plus tard, Me Karl Delwaide conclut une carrière marquée par ses 38 années au sein du cabinet Fasken à titre d’avocat-conseil, et avoir été associé durant 34 ans.

« Au cours de cette période comme avocat-conseil, j’ai agi comme mentor pour les avocats plus jeunes qui avaient besoin de savoir comment s'orienter dans les dossiers, ainsi que pour des collègues qui avaient pris la relève dans mes dossiers », explique le jeune retraité. Initialement, il avait transmis ses dossiers à Me Antoine Aylwin, qui a été nommé juge de la Cour supérieure l’été dernier.

Des mentors d’envergure

Le mentorat a joué un rôle de premier plan dans le parcours de Me Delwaide, qui souligne l’importance majeure qu’ont eu plusieurs avocats dans sa carrière.

« Ce rôle est crucial car il forge une carrière. Henri Brun, Michel Jolin, Pierrette Rayle et Marcel Cinq-Mars ont influencé ma façon d'être avocat, ma manière de réfléchir à un problème et de me connecter avec un client en comprenant ses préoccupations. Know your client : c'est un principe que mes mentors m'ont transmis et que je m'efforce de partager aux jeunes avocats », explique-t-il.

Admis au barreau en 1979, Me Karl Delwaide a commencé sa pratique en exerçant pour le gouvernement provincial. « J'ai commencé par un stage avant de pratiquer plusieurs années à la direction du droit constitutionnel du ministère de la Justice du Québec sous la direction d’Henri Brun, un magnifique mentor », salue Me Delwaide.

Le jeune avocat s'envole ensuite pour l'Université de San Diego où il accomplit une maîtrise en droit comparé.Quand il revient au ministère de la Justice, il rejoint le bureau des plaideurs dirigé par Michel Jolin. « J'ai travaillé sur des dossiers majeurs avant de faire le saut dans le secteur privé à Montréal chez Martineau Walker en avril 1986 », se rappelle-t-il.

Le passage d'avocat du gouvernement à Québec vers le secteur privé à Montréal a été un choc pour le jeune juriste. « À Québec, tout le monde se connaissait et les procédures étaient plus flexibles. À Montréal, c'était plus impersonnel et plus rigide », décrit-il.

Chez Martineau Walker - qui deviendra Fasken Martineau puis Fasken-, Me Delwaide reçoit le soutien de Pierrette Rayle et de Marcel Cinq-Mars, qu’il qualifie de « mentors extraordinaires ». L’avocat développe ses compétences. Guy Gagnon, spécialiste du droit du travail et de la mise en marché des produits agricoles, l’introduit à ces domaines. Par la suite, un mandat de conseiller juridique pour la Commission de la culture de l'Assemblée nationale sur la Loi sur l'accès aux documents lui ouvre de nouvelles perspectives.

« Nous avons formé une équipe de pointe en protection des renseignements personnels et en vie privée. Aujourd'hui, ces questions sont omniprésentes dans les médias, mais il y a 30 ans, ce n'était pas le cas », relève celui qui a été un des cofondateurs du groupe de pratique national Protection de l'information et de la vie privée chez Fasken.

« Cela m'a permis de développer une pratique solide en accès à l'information et en protection des renseignements personnels », témoigne Me Delwaide, en partageant ce conseil aux jeunes avocats: « Quand une opportunité se présente, saisissez-la. Ça ne ressemblera peut-être pas à ce que vous imaginiez, mais cela peut façonner votre avenir. »

Avant d’ajouter: « Le mentorat exige du temps et des efforts de part et d'autre. Les opportunités existent, encore faut-il savoir les saisir. J'espère avoir pu redonner ce que j'ai reçu. Je ne sais pas si j'ai réussi, mais j'ai voulu le faire. »