Les cabinets à l’assaut de la nouvelle manne: les startups
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Delphine Jung
2017-05-24 11:15:00
Mais les coûts sont parfois prohibitifs. Plusieurs nouveaux entrepreneurs préfèrent se passer des services d’un avocat.
Hannah Palmer, cofondatrice de ¾ oz, une startup qui produit des cocktails, se souvient : « Lorsqu’on a lancé notre compagnie, on n’a pas fait vraiment appel à un avocat. On avait une amie fiscaliste, d’autres qui étaient juristes, on a aussi fait des recherches sur internet. Le volet juridique, on ne se rend pas compte que c’est important au début. Je pense que les gens ont peur de trop payer ».

D’après Jean-Sébastien Noël, fondateur de La Ruche, une plateforme de financement participatif, le soutien juridique est essentiel : « sur le moment, ça coûte cher et beaucoup ne peuvent pas se le permettre, mais ça peut éviter de nombreux problèmes dans l’avenir et même sauver de l’argent ».
Tarifs préférentiels et parrainage
Dans son programme « Imagine » spécialement dédié aux startups, BCF propose des tarifs préférentiels : 20 heures de conseils juridiques gratuits et « des prix démocratisés, plus accessibles ». Le tout présenté comme un programme de parrainage d’entreprise « qui ont des rêves et des ambitions ».
Un peu comme Langlois, qui lance « Projet L-inc » : « On offre une tarification préférentielle aux entreprises en démarrage. En ce qui me concerne, mes honoraires sont à 30% de rabais », explique Me Simon Chénard, l’un des quatre avocats à avoir conçu ce projet.
La mise à disposition d’un carnet d’adresse est aussi offerte dans les deux programmes. « Le nom de projet symbolise cette volonté de créer un pont entre notre clientèle existante et les entrepreneurs », explique l’avocat de Langlois.
Une sélection rigoureuse
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Depuis le lancement du programme il y a deux mois environ, 40 startups ont été sélectionnées par BCF via les partenariats qu’il a développé sur son site internet, où les entrepreneurs intéressés peuvent postuler, ou encore via ses propres relations d’affaires.
Chez Langlois, les « candidats » peuvent entrer directement en relation avec les avocats qui gèrent Projet L-inc. « On organise une rencontre pour discuter et pour voir s’il y a du potentiel de part et d’autres », précise Me Chénard.
Les secteurs visés: technologies, dont intelligence artificielle et industrie du web, jeux vidéos ou encore design, pour BCF. L’innovation doit être au coeur des projets. « On privilégie aussi les startups avec un fort potentiel de croissance », ajoute l’avocat de Langlois.
Objectif: développer sa clientèle
Lorsque le partenariat est scellé, les avocats s’impliquent : incorporation, établissement d’une structure juridique, questions concernant la protection de la propriété intellectuelle, contrats de travail…
Pour les cabinets, l’investissement est humain et financier, du moins à court terme. Parce qu’à long terme, les remontées peuvent être très bénéfiques. « L’idée est évidemment que ces entreprises rejoignent notre bassin de clientèle », concède Me Chénard.
« C’est sûr qu’on est gagnant. Mais on se réserve aussi le droit de mettre un terme à notre collaboration si ça ne vaut pas la peine, si on sent que ce ne sera pas gagnant. Ce sera la partie la moins fun… », explique Me Charpentier.
Me Hillier a le même objectif, même si sa manière d’attirer les entrepreneurs est différente: « Nous faisons le pari qu’en investissant dans les entreprises à haut potentiel, au moment de leur lancement, nous créerons avec elles une relation à long terme, qui nous permettra de les accompagner tout au long de leur croissance ».
Cela dit, les cabinets gardent les pieds sur terre. Comme le dit Me Charpentier : «On devra aussi accepter que tous ne vont pas réussir... »