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Les juges américains se sentent menacés

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Thomas Vernier

2025-03-20 13:15:28


Donald Trump. Source : Radio-Canada
Donald Trump. Source : Radio-Canada
Les magistrats fédéraux s'inquiètent que les intimidations en ligne puissent conduire à des violences réelles, alors que Trump intensifie ses attaques…

Les juges fédéraux américains font face à une inquiétante montée des menaces et actes d'intimidation, rapporte le New York Times.

Cette tendance alarmante survient alors que le président Donald Trump a appelé mardi à la destitution d'un juge fédéral qui avait statué contre son administration dans une affaire de déportation.

« J'ai l'impression que des gens jouent à la roulette russe avec nos vies », confie la juge Esther Salas du tribunal fédéral du New Jersey, dont le fils de 20 ans a été tué à son domicile en 2020 par un avocat qui se décrivait comme « anti-féministe ». « Ce n'est pas une hyperbole. Je supplie nos dirigeants de réaliser que des vies sont en jeu. »

La juge Esther Salas. Source : United States District Court for the District of New Jersey
La juge Esther Salas. Source : United States District Court for the District of New Jersey

Les menaces prennent diverses formes : alertes à la bombe, faux appels pour envoyer des équipes SWAT aux domiciles des juges, et même livraisons de pizzas non commandées - une plaisanterie apparemment inoffensive mais qui transmet un message clair : « Ils savent où vous et votre famille habitez », explique sous couvert d'anonymat un juge qui supervise un procès contre l'administration Trump.

Neuf jours avant l'attaque verbale de Trump, la police avait été dépêchée au domicile d'une des sœurs de la juge Amy Coney Barrett de la Cour suprême suite à une menace d'explosion d'une bombe dans sa boîte aux lettres. La menace s'est révélée être un canular, mais l'inquiétude persiste.

Les juges nommés par des présidents des deux partis sont visés, mais une tendance se dessine : beaucoup de menaces ciblent les magistrats qui instruisent des procès contre l'administration Trump.

Dans son message sur les réseaux sociaux mardi, Trump n'a pas seulement exigé la destitution du juge James Boasberg, qui a temporairement bloqué le plan de déportation de migrants vénézuéliens ; il l'a également qualifié de « Lunatique de la Gauche Radicale, un fauteur de troubles et un agitateur ».

Cette déclaration a provoqué une rare réprimande publique du président de la Cour suprême, John G. Roberts Jr., qui a affirmé que « la destitution n'est pas une réponse appropriée à un désaccord concernant une décision judiciaire. »

Laura Loomer, proche alliée de Trump, a attiré l'attention de ses 1,5 million d'abonnés en ligne sur la fille du juge Boasberg, écrivant que « sa famille représente une menace pour la sécurité nationale ».

« Il ne faut pas une foule prenant d'assaut le tribunal », avertit Jeremy Fogel, juge fédéral à la retraite. « Il suffit d'une seule personne qui décide de s'en prendre à un juge. »
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