Les sexpressos remportent une victoire devant les tribunaux
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Jean-Francois Parent
2017-12-11 11:15:00

Des comptes Instagram—tel celui de candygirlsespresso —affichant de jeunes nymphes aux protubérants attributs, servant café et biscotti, documentent la pratique qui durent depuis le début du siècle.
Les baristas en bikini de Seattle ont fait des émules à travers l'État. Mais c'est à Everett, en banlieue de Seattle, que les édiles locaux ont tenté de faire interdire le service en petite tenue, offrant ce qui est familièrement qualifié de « sexpresso ».
Au début de l'été, le conseil de Everett proclamait donc un édit exigeant des employées en bikini des restaurants à porter « au moins un short et une camisole », voulant ainsi endiguer—ou à tout le moins voiler—le mouvement suggestif des jeunes tenancières de bar à café.
Ainsi, la ville d'Everett ayant « constaté que la nature minimaliste des vêtements portés par les baristas des stands à café » favorisait le commerce illicite de la chair et d'activités criminelle idoine.
Selon les élus, les «établissements à service rapide » servent de prétexte à la sollicitation et à la prostitution, peut-on lire dans l'ordonnance municipale.
Cette dernière exige donc que les serveuses en bikini dissimulent les « parties génitales, de l’anus, de la moitié basse de la raie des fesses, ou de toute portion du mamelon de la poitrine », peut-on lire dans le règlement 170732 du 19 juillet dernier.
La ville dit également constater que le modèle d'affaire du service client en bikini se répand rapidement aux autres entreprises de restauration rapide et craint que le tout ne dégénère.
Demande d’injonction
Les baristas en bikini ont cependant déposé une demande d'injonction en septembre dernier pour suspendre l'application de l'édit municipal.
« Ce n'est pas une question de bikini, mais plutôt un problème de droit des femmes et de constitution. Everett a bafoué le droit des femmes », a déclaré l'avocat des baristas, Schuyler Lifschultz, au Seattle Times, lors du dépôt de la requête.
Finalement, lundi dernier, la juge Marsha Pechman a accordé aux baristas une injonction interlocutoire, le temps qu'un tribunal se prononce sur le fond; la poursuite déposée en septembre doit toujours être entendue, et les baristas demandaient que l'application du règlement soit suspendue jusqu'à la fin du litige.
La juge Pechman leur accordé l'injonction, invoquant deux raisons dans sa décision de 13 pages : d'une part, un tel règlement enfreint les garanties constitutionnelles de protection de l'égalité parce qu'il vise les femmes exclusivement.
De plus, le premier amendement protégeant la liberté d'expression, les baristas peuvent bien porter ce qu'elles veulent, du moins jusqu'à ce que que le fond de l'affaire soit entendu.