Quels Cabinets produisent les Meilleures Plaideuses?
Rene Lewandowski
2024-08-20 15:00:37
Faut-il pratiquer dans un grand cabinet pour faire partie des meilleurs? Pas nécessairement…
La publication récente des « Super plaideuses » de 2024 par Benchmark Canada a mis en lumière 16 des meilleures avocates plaidantes du Québec, toutes reconnues pour leur expertise exceptionnelle en litige.
Évidemment, il faut prendre ces résultats avec un grain de sel.
Ne serait-ce que par la taille de l’échantillonnage, le classement de Benchmark ne saurait, en aucun cas, représenter l'ensemble du marché québécois du talent juridique.
Cela dit, l'analyse de la répartition de ces avocates révèle des tendances intéressantes qui méritent d'être explorées.
Répartition des avocates parmi les cabinets
Le graphique en camembert ci-dessous illustre la répartition des avocates en fonction de leur cabinet d'appartenance. Sur les 16 avocates reconnues :
- Langlois Avocats se distingue parmi tous les cabinets régionaux, avec la représentation la plus forte, comptant trois des avocates honorées, soit environ 19 % du total. Son concurrent direct, Lavery Avocats, pourtant dirigé par une ex Super plaideuse, ne compte qu’une avocate dans le palmarès.
Et où sont les BCF? TCJ? Cain Lamarre? Aucune trace…
- McCarthy Tétrault, avec également trois avocates, renforce sa position de leader dans le domaine du litige au Québec. Parmi les cabinets nationaux, il devance de loin Norton Rose, Stikeman, et Blakes, qui n’ont qu’une avocate du Québec dans la liste. À noter les absences de Fasken, Osler, Dentons, Davies, Miller Thomson, Gowling, BLG…
Est-ce que cela démontre que les grands cabinets ont encore bien du mal à retenir le talent juridique féminin? Difficile de conclure ici, mais la question mérite d’être posée.
- Woods et Audren Rolland se partagent la deuxième place en termes de représentation, avec deux avocates dans cette prestigieuse liste, représentant environ 12,5 % chacun.
Analyse des tendances
Cette répartition suggère plusieurs points d'analyse intéressants :
1. Dominance des grands cabinets : Les grands cabinets comme Langlois Avocats et McCarthy Tétrault continuent de dominer le litige de haut niveau au Québec, non seulement en termes de taille, mais aussi en termes de qualité et d'expertise de leurs avocats.
2. Émergence de cabinets spécialisés : Les cabinets plus spécialisés comme Woods et Audren Rolland, bien que plus petits en taille, démontrent une concentration d'expertise juridique de haute qualité, capable de rivaliser avec les plus grands noms du secteur. Mentionnons d’ailleurs que Woods compte également deux ex-associées dans la liste, soit Caroline Biron partie récemment chez Blakes et Sarah Woods, chez McCarthy.
3. Diversité des représentations : La diversité des cabinets représentés montre que l'excellence dans le domaine du litige n'est pas l'apanage d'un petit nombre de grands cabinets, mais qu'elle est répartie parmi divers acteurs du marché, des firmes locales spécialisées aux cabinets nationaux et internationaux.
4. Les opportunités pour les cabinets moins représentés : Pour les cabinets ayant une représentation plus modeste, ces résultats peuvent servir de point de référence pour évaluer et potentiellement renforcer leurs équipes de litige afin d'améliorer leur positionnement futur dans de telles distinctions.
Au Canada
Au Canada, premier constat, l'Ontario domine le classement avec 47 avocates, suivi par la Colombie-Britannique, avec 26, et le Québec, avec 16.
Pour les cabinets, si l’on tient compte de l'ensemble des 100 Super plaideuses, Blake, Cassels & Graydon arrive en tête avec 10 lauréates, ce qui en fait le bureau le plus dominant en termes de talents féminins dans le domaine du litige.
Borden Ladner Gervais et McCarthy Tétrault, chacun abritant huit super plaideuses, suivent dans l’ordre. Ces cabinets, bien établis dans le paysage juridique canadien, montrent leur capacité à attirer et à maintenir des talents féminins exceptionnels. Ce qui n’est pas nécessairement le cas pour tous les grands cabinets dont, j’en suis sûr, les plus observateurs d’entre vous, noterez les absences…
L’Importance des cabinets de taille moyenne et spécialisés
Au-delà des géants du droit, des cabinets de taille moyenne tels que Lawson Lundell (6 super plaideuses) et Osler Hoskin & Harcourt (4 super plaideuses) émergent également comme des acteurs clés. Ces cabinets, tout en étant plus spécialisés, montrent qu'ils offrent un environnement favorable où les talents féminins peuvent s’épanouir. Lawson Lundell, en particulier, se distingue par son expertise régionale, souvent reconnue dans l’ouest du Canada, et montre que la taille du cabinet n'est pas toujours proportionnelle à la qualité des avocats qu'il produit.
Diversité et opportunités dans les cabinets de niche
Enfin, comme au Québec, les cabinets plus petits et spécialisés montrent que même les structures plus modestes peuvent jouer un rôle crucial dans le soutien aux talents féminins en litige.
Gillian Hnatiw & Co ou Hunter Litigation Chambers, par exemple, bien que moins nombreux en termes de super plaideuses, offrent des opportunités uniques pour les avocates de se distinguer dans des niches spécifiques du droit. Gillian Hnatiw & Co est notamment connu pour son travail dans les affaires de droits humains et de litiges civils complexes, où la finesse juridique et la ténacité sont essentielles.