Résidences pour aînés : Couvre-feu et contrôle des visites

Agence Qmi
2012-03-19 13:15:00
Leur constat est pour le moins troublant. Tous les baux étudiés contenaient au moins une, voire plusieurs dispositions illégales.

Certaines clauses sont particulièrement choquantes, selon Me Grégoire, car elles violent impunément les droits à la liberté, à la dignité et à la vie privée des personnes âgées.
Bain obligatoire
Croyez-le ou non, le propriétaire d’une résidence pour personnes âgées autonomes impose qu’un bain par semaine soit donné par ses préposés à chacun des résidents, sans qu’« aucune excuse ne soit acceptée pour détourner (sic) cette directive ».
Même le jour et l’heure de ce bain obligatoire sont établis par le locateur. « Ces pratiques infantilisent les gens âgés de manière inadmissible. Il y a aussi beaucoup de clauses d’expulsion immédiate, alors que c’est totalement interdit », souligne Me Grégoire, dont l’étude vient de paraître dans la « Revue du Barreau du Québec ».
L’avocate a de plus relevé des frais de toutes sortes facturés aux locataires âgés, en contravention des règles de la Régie du logement.
« Certains baux imposent aux résidents des heures de visite et de sortie et interdisent toute visite en dehors de ces heures. C’est absolument incroyable! Ces règles isolent les personnes âgées de leurs proches, ce qui risque par le fait même d’augmenter leur vulnérabilité », dénonce Me Grégoire.
Autorégulation insuffisante
L’autorégulation est insuffisante pour protéger adéquatement les gens âgés. Le gouvernement québécois doit exercer un meilleur contrôle des baux en amont, au moment de la certification des résidences privées pour personnes âgées, affirme Me Grégoire.
Le « laisser-faire » actuel conduit tout droit à des abus, déplore-t-elle.
« Le gouvernement Charest n’a pas l’intention de développer des places dans le réseau public. S’il laisse le soin au privé de le faire, il doit s’assurer de la validité des baux. Ceux-ci doivent être simplifiés et rédigés en termes clairs, tant pour les aînés que leurs proches », stipule Me Grégoire.
- Frais « administratifs » de 350 $ chargés au locataire qui sous-loue son appartement;
- Clause qui limite la responsabilité du propriétaire en cas d’infestation du logement par des insectes;
- Interdiction de recevoir un membre de sa famille ou une autre personne pour la nuit;
- Bail conditionnel à l’examen médical du locataire âgé;
- Le résidant qui souhaite se prévaloir d’un droit de sortie doit prévenir la résidence 24 heures à l’avance, sous peine de sanctions pouvant mener à l’expulsion;
- Dépôt exigé de 30 $ ou 60 $ pour le retour de clés ou de cartes magnétiques;
- Frais de remise en état du logement assumés par le nouveau locataire;
- Augmentation de plus de 100 $ par mois en cas de maladie ou d’utilisation d’un climatiseur;
- Interdiction d’avoir recours à des services extérieurs de ménage ou de soins infirmiers;
- Autorisation d’entrer dans l’appartement du locataire en tout temps, sans préavis.
Source : « Revue du Barreau »