Un ancien juge fête ses 50 ans de carrière!
Marie-Ève Buisson
2024-01-30 15:00:15
Un ancien juge et avocat a récemment célébré son 50ᵉ anniversaire au Tableau de l’Ordre. À Droit-Inc, il raconte les moments marquants de sa carrière…
Me Michel Yergeau a maintenant 50 ans de pratique en tant qu’avocat. Avant de devenir juge de la Cour supérieure du Québec, il a été le premier vice-président du Bureau d'audiences publiques sur l’environnement (BAPE) en plus d’avoir été président du conseil d’administration de Lavery de 1996 à 2009. Il a d’ailleurs fondé la première équipe en droit de l’environnement dans un cabinet privé au Canada.
« Sa carrière a été remarquable comme avocat chez Lavery, comme plaideur d’exception, comme juge d’instance à la Cour supérieure du Québec et se poursuit comme avocat-conseil. Je le félicite et lui rends hommage pour sa carrière exceptionnelle! » a écrit l'avocate Suzanne H. Pringle sur LinkedIn.
Pour l’occasion, Droit-inc a reçu en entrevue l’avocat pour discuter de sa carrière et de ce qu’il l’a marqué.
Comment vous vous sentez après avoir célébré vos 50 ans de carrière?
Je me sens très bien parce que j'ai été chanceux dans ma carrière. Je suis même prêt à dire que j’ai été plus chanceux qu’intelligent! J’ai été plus d’une fois au bon endroit au bon moment et j’en suis reconnaissant.
J’ai eu une carrière palpitante qui m’a permis d’avoir des mandats très intéressants. J'ai eu la chance d’explorer des domaines du droit qui étaient très peu connus à l’époque, dont le droit à l’environnement.
Après plus de 50 ans d'expérience en droit, quel est votre secret pour rester dans la profession?
Il faut aimer ce que l’on fait. Il faut aussi être capable de calmer ses ambitions et d’avoir le sens du service. Personnellement, je n’ai jamais perdu mon enthousiasme à pratiquer le droit, ni comme avocat, ni comme juge. Ça m’a permis de pratiquer longtemps, je crois.
Il y a un facteur de chance comme je l’ai dit plus haut, mais il faut aussi travailler fort et avoir la conviction profonde que ce que l’on fait est la bonne chose.
Est-ce qu’il y a un moment dans votre carrière qui vous a marqué?
Mon moment le plus marquant a été ma derniere journée sur le banc lorsque j’ai conclu un procès sur le profilage racial. J’ai senti de la part de la salle, de la part des avocats et des témoins une réelle confiance en la justice.
Pour moi, ç'a été un moment bouleversant, puisque je me suis rendu compte que j’ai bien fait mon travail. Toutes ces personnes ont eu confiance en moi, en mon jugement. Je n’ai jamais eu de moments aussi forts que celui-là tout au long de ma carrière.
Qu’est-ce que vous avez le plus aimé faire dans votre carrière, être juge ou avocat?
J’ai adoré être avocat et juge. Toutefois, le fait d’être devenu juge à l’âge de 65 ans m’a permis d’acquérir beaucoup de connaissances. Chaque journée passée en tant que juge était un plaisir pour moi. J’avais atteint à ce moment-là une sérénité professionnelle que je n’avais pas nécessairement lorsque j’étais plus jeune, lorsque j’étais avocat.
De quoi vous êtes le plus fier dans votre carrière?
D’avoir toujours respecté ma parole. Mon maître de stage à l’époque me disait même: « Lorsque vous prenez un engagement, vous n’avez pas à le mettre écrit, puisque c’est évident que vous allez y tenir parole ».
C’est ce dont je suis le plus fier.
Vous êtes maintenant avocat-conseil. Voulez-vous bientôt arrêter de pratiquer le droit?
Non. Je suis chanceux puisque j’ai 76 ans et je n’ai pas de problèmes de mémoire, intellectuels ou physiques. Je n’ai jamais rien eu d’autre que le rhume dans ma vie. J’ai un conjoint dans la même situation que moi et nous prenons le temps de voyager, puisque nous savons que ça ne va pas durer.
Pourquoi arrêter de travailler alors que je peux continuer? Je vais en profiter avant d’être obligé d’arrêter pour des raisons de santé.
A
il y a 10 moisC’est un personnage imbu et prétentieux