Un avocat suspendu après avoir harcelé plusieurs collègues
Radio-Canada Et Cbc
2024-02-05 12:00:46
Un avocat a été suspendu pour une durée indéterminée après avoir harcelé plusieurs collègues féminines pendant plusieurs années…
Un comité disciplinaire de la Société du Barreau du Manitoba l'a suspendu après avoir conclu qu'il a fait preuve d'une « conduite non professionnelle » et indigne d'un avocat, selon un document publié en décembre. Il a plaidé coupable aux accusations auxquelles il faisait face.
La suspension est en lien avec des messages « de nature sexuelle et harcelants » à l'endroit de cinq femmes travaillant dans le milieu légal à partir de 2016, selon la Société du Barreau.
Lorsqu'il a été réprimandé pour des incidents de nature similaire par le passé, la Société avait établi qu'il devait s'abstenir de consommer de l'alcool et signaler une rechute, en plus d'éviter de contacter ses collègues féminines en dehors du cadre professionnel.
Or, il a brisé ses conditions et ne peut pratiquer le droit jusqu'à ce qu'il « prouve que ses dépendances sont sous contrôle et qu'il fait preuve de stabilité à un point auquel il pourra pratiquer à nouveau ».
Il doit également payer 5000 $ à la Société du Barreau pour les coûts liés aux procédures disciplinaires.
L'avocat de Brandon a offert « des excuses sincères aux personnes qui ont été affectées par sa conduite », selon la décision écrite rendue le 11 décembre 2023.
L'avocat représentant le juriste dans ces procédures, Greg Bartel, indique que son client accepte la responsabilité de ses gestes et « qu'il a payé un lourd prix (...) en lien avec ses problèmes de dépendance ».
L'avocat suspendu a pratiqué à partir de juin 2001 depuis Brandon, où il a notamment travaillé pour l'Aide Juridique du Manitoba, en droit d'intérêt public et comme avocat criminaliste.
Des inconduites sur plusieurs années
En 2020, la Société du Barreau a interdit à l'avocat de Brandon de communiquer avec ses collègues féminines pour des raisons autres que professionnelles, avant d'étendre cette interdiction à toutes les femmes de la profession légale.
La Société l'a alors accusé de harcèlement, d'inconduite professionnelle et de bris d'intégrité, ce à quoi il a plaidé coupable. L'organisation l'a enjoint à suivre un traitement pour sa dépendance, à s'abstenir de consommer de l'alcool et à la contacter en cas de rechute.
Les interruptions dans sa pratique du droit en 2008, 2009 et 2020 sont « toutes en lien avec ces problèmes », d'après la Société du Barreau.
Cette dernière indique qu'il a notamment envoyé des messages « émotionnellement alarmants et potentiellement effrayants » à une des femmes impliquées dans ces incidents.
Il a aussi plaidé coupable à des accusations de voies de fait simples en lien avec un incident où il a « touché la poitrine d'une femme » lorsqu'il était intoxiqué dans un bar de Brandon en 2017, selon la Société.
En 2022, il a été réprimandé et à nouveau accusé d'inconduite professionnelle lorsqu'il est entré en contact avec une femme travaillant dans le milieu légal, brisant du même coup les conditions établies précédemment par la Société du Barreau.
« Aucun doute sur ses compétences »
L'avocat représentant la Société du Barreau, Rock Kravetsky, a cependant indiqué l'automne dernier que l'avocat de Brandon a démontré qu'il était un juriste compétent qui travaillait au profit des membres marginalisés de la société.
Selon les documents relatant les audiences, M. Kravetsky estime que ces inconduites ne se sont pas produites lorsqu'il était au travail et « n'amènent aucun doute sur ses compétences en tant qu'avocat criminaliste ».
Rock Kravetsky a noté à l'époque que les procédures disciplinaires doivent prendre en compte le fait que la dépendance est un problème de santé.
« À en juger par ses réussites dans son combat contre sa dépendance, il est raisonnable de croire en un dénouement positif pour (l'avocat de Brandon), autant pour la Société que pour le public », note la Société du Barreau du Manitoba.
« Toutefois, jusqu'à ce qu'il ait atteint ce résultat, il ne pourra pratiquer le droit ».