Un nouveau procès pour Turcotte?
Agence Qmi
2012-09-20 07:00:00
En juillet 2011, le jury rend son verdict. Guy Turcotte est tenu non responsable criminellement des meurtres de ses deux enfants, âgés de trois et cinq ans, pour cause de troubles mentaux.
Le cerveau de Turcotte était, semble-t-il, perturbé par sa maladie mentale, sa crise suicidaire et son intoxication au lave-glace, à tel point qu'il ne savait pas ce qu'il faisait.
Le Directeur des poursuites criminelles et pénales, on le savait, n'est pas d'accord avec le verdict. Il vient de déposer à la Cour d'appel ses arguments dans un document de 28 pages.
« Le DPCP demande à la Cour d'appel l'ordonnance d'un nouveau procès », a expliqué Me Jean-Pascal Boucher, porte-parole, directeur des poursuites criminelles.
Un des principaux arguments de la Couronne, c'est que le juge a fait une erreur et que la non-responsabilité criminelle ne pouvait pas être retenue parce que Guy Turcotte s'est intoxiqué volontairement au lave-glace, au méthanol, avant de tuer ses enfants. Bref, la non-responsabilité criminelle ne peut pas être invoquée, comme l'a souligné dernièrement le plus haut tribunal au pays dans l'arrêt ''Bouchard-Lebrun''.
« Si l'intoxication, soit avec une drogue ou de l'alcool, déclenche un trouble mental, on ne peut pas avoir de défense d'aliénation mentale, parce que c'est provoqué par une intoxication volontaire, c'est ce que la Cour suprême a dit, », a précisé la criminaliste Danièle Roy.
Selon le Dr Gilles Chamberland, psychiatre, tout sera une question d'interprétation de la part de la Cour d'appel.
« De ce que je sais de la cause, il y aurait deux pathologies : un trouble d'adaptation et une intoxication à la substance. On a quand même deux pathologies différentes. Il faudra départager quelle était l'influence de la prise de cette substance sur le trouble d'adaptation », a affirmé le Dr Chamberland.
Pour la mère des petites victimes, Isabelle Gaston, c'est un débat de société qui prend de plus en plus d'importance.
« On peut tuer des enfants, les agresser et ensuite se sortir de ça en disant "j'étais intoxiqué" », a dit celle qui a perdu ses deux enfants.
L'avocat de Guy Turcotte présentera à son tour ses arguments écrits à la Cour d'appel. Il a 60 jours pour le faire. Après quoi trois juges devraient entendre la cause au début de 2013.
« Remarquez ce que les gens disent à la fin, quand le verdict tombe : “enfin, maintenant mon deuil peut commencer”. Parce que tant qu'on est dans la bataille de faire valoir ce qu'on pense être la vérité, on ne peut pas se concentrer à 100 % à guérir et à dire adieu aux autres qui sont partis vers une autre vie »,a conclu Isabelle Gaston.