Virée pour un sandwich abandonné dans un cabinet d’avocats
Didier Bert
2024-02-26 12:00:47
Une femme de ménage a été licenciée pour avoir mangé un reste de sandwich dans un cabinet d'avocats. Un syndicat poursuit le cabinet…
Gabriela Rodriguez aura passé deux ans à nettoyer les bureaux des avocats du cabinet Devonshires avant d'être licenciée du jour au lendemain, juste avant Noël.
La femme de ménage est accusée d'avoir mangé le reste d'un sandwich au thon qui avait été laissé sur une table dans une salle de réunion, et qui aurait dû être jeté, rapporte The Guardian. Le média précise que le sandwich entier est vendu 1,50 livre chez Tesco, soir 2,60 $.
La violence de l'outrage a poussé la direction du cabinet à se plaindre auprès de Total Clean, une firme d’entretien ménager, qui employait Mme Rodriguez.
La dame a demandé que la décision soit revue. Mais son employeur a refusé de la réintégrer en affirmant qu'un vol est un vol, et par souci de ne pas froisser ses relations avec le cabinet Devonshires.
Dénonçant une injustice, une trentaine de personnes ont montré leur solidarité avec la femme de ménage, en manifestant devant le bureau du cabinet qui emploie 150 avocats. Les manifestants ont pointé du doigt la responsabilité directe de Devonshires, accusé d'être responsable du licenciement de Madame Rodriguez.
L’affaire ne s’est pourtant pas arrêtée là. Le syndicat de travailleurs migrants UVW poursuit désormais le cabinet Devonshires et la firme Total Clean devant le tribunal du travail.
L'employeur de la dame est poursuivi pour licenciement illégal et discrimination raciale. Quant au cabinet, il est poursuivi pour discrimination raciale directe et/ou indirecte. Selon le syndicat, la dame n'aurait jamais été licenciée si elle n'était pas une latino-américaine qui s'exprime de façon limitée en anglais.
« Ce n'est pas parce que nous nettoyons leur saleté qu'ils peuvent nous traiter comme de la saleté. Nous exigeons le respect, la dignité et l'égalité, quelle que soit la langue que nous parlons, notre pays d'origine ou la couleur de notre peau », a martelé Petros Elia, le secrétaire général de l’UVW, interrogé par le média britannique.
Un porte-parole du cabinet affirme que Devonshires n'avait pas déposé de plainte officielle contre Madame Rodriguez, ni demandé de mesure à son encontre. Le cabinet assure qu'il s'agit d'une affaire privée entre l'employeur et son employé. Le porte-parole a toutefois ajouté que le cabinet ne s'opposerait pas à ce que Mme Rodriguez travaille à nouveau dans ses locaux.
De son côté, l'employeur Total Clean dit avoir respecté le droit britannique de l'emploi, tout en accordant une importance primordiale à la confiance et à l'honnêteté parmi ses employés.