Éthique et vaccination obligatoire
Raymond Massé
2022-01-14 11:15:00
L’éthique repose sur une délibération ouverte et démocratique quant au meilleur équilibre à trouver dans le respect de valeurs susceptibles d’entrer en conflit dans une situation donnée. Le souci pour le respect des libertés individuelles et de l’autonomie décisionnelle doit être pondéré par un souci égal pour la solidarité envers la collectivité, le respect du bien commun sanitaire, la responsabilité de chacun de limiter les effets négatifs sur la population ou le partage équitable du fardeau associé à la pandémie.
La plupart du temps, les interventions de santé publique impliquent des empiètements inévitables sur certaines valeurs. Par exemple, défendre le droit au refus de se faire vacciner requiert de placer le respect de l’autonomie et des libertés individuelles tout en haut de la hiérarchie des valeurs, mais de considérer comme d’importance secondaire les valeurs telles la défense du bien commun, la protection de la population contre la contamination, la responsabilité citoyenne, la solidarité de chacun envers la collectivité, la protection des personnes vulnérables ou la bienveillance envers l’autre.
L’éthique n’est pas le droit
Étant donné l’attachement de notre société aux droits et libertés de l’individu, les empiètements sur le respect de ces valeurs ne devraient être justifiés qu’en tout dernier recours. Mais la liberté ne peut se résumer à celle de ne pas assumer notre responsabilité envers les autres. Si l’on peut comprendre que certains juristes défendent inconditionnellement les libertés individuelles, contraints par les chartes des droits et libertés, l’éthique n’est pas le droit. L’évaluation de l’acceptabilité éthique ne peut être à la remorque d’aucune valeur promue au rang d’absolu et de dogme sinon au prix d’une perversion de sa fonction.
L’acceptabilité éthique d’une intervention ou d’une politique de santé dépendra bien sûr du contexte social, économique et épidémiologique et des connaissances scientifiques, par nature en constante évolution. Or, les vaccins sont objectivement sûrs, d’une efficacité convaincante, gratuits, aisément accessibles, et ils n’entraînent (dans la très grande majorité des cas) que des désagréments mineurs pour le vacciné. À l’inverse, les vaccinés doivent vivre au quotidien en contact avec des porteurs non vaccinés d’un virus hautement contagieux, au travail ainsi que dans les commerces et autres lieux publics. Ils se voient exposés à un risque de contamination aisément évitable. On ne peut minimiser les difficultés concrètes que soulève l’application de l’obligation vaccinale. Mais, autre élément de contexte, la gravité des répercussions de la présente vague de cas de COVID-19 sur le délestage des soins et des opérations chirurgicales, sur les milieux scolaires, sur l’économie constitue des circonstances qui appellent une reconsidération du poids accordé aux libertés individuelles dans les analyses éthiques. Les effets de la vaccination sur la liberté d’une minorité de non-vaccinés doivent être évalués à l’aune des effets qui découlent d’une non-intervention. Se concentrer sur les impacts éthiques de la vaccination obligatoire biaise l’analyse en faveur des non-vaccinés, dès lors désignés comme victimes. Dans sa recherche d’avis équilibrés, la sagesse éthique devra tout autant soulever les enjeux découlant de la non-intervention sur la société.
Parmi les trois étapes de la prévention que sont informer, convaincre et contraindre, la contrainte doit être une mesure de dernier recours. Mais dans le contexte d’urgence actuel, il serait irresponsable, voire non éthique, de soutenir qu’un travail supplémentaire d’information et de conviction puisse avoir une incidence considérable sur la prévention des torts irréparables faits aux malades privés de soins, au système de santé et à la société. Prolonger le mirage d’une conversion massive et immédiate des non-vaccinés aux valeurs de bien commun et de responsabilité sociale ne sera qu’une justification pseudoéthique de l’inaction.
Raymond Massé est anthropologue, éthicien de la santé publique et professeur retraité de l’Université Laval.
Anonyme
il y a 3 ansL'analyse de ce professeur est très simpliste caricaturale, idéologique et par conséquent nulle. Il suggère que tous les non-vaccinés sont porteurs du virus. Il aurait fallu qu'il nous donne ses sources d'information. Même Legault ne nie pas que les vaccinés hospitalisés représentent plus de 70%. Et personne n'a pu prouver que les vaccinés malades ont été contaminés par les non-vaccinés.Au lieu de lire les rapports objectifs publiés par des experts médicaux reconnus, on voit bien que cet ancien prof se nourrit de la propagande du Journal de Montréal qui suggère que les problèmes du Québec sont causés par les méchants non-vaccinés.
Ce prof oublie que les problèmes d'accès aux soins de santé ne datent pas de 2020. Moi j'attends une chirurgie depuis 2017. La pandémie n'est qu'un problème parmi les autres.
En terminant, j'invite ce prof à lire les articles suivants:
https://www.ledevoir.com/monde/660345/entrevue-on-court-derriere-un-train-qui-va-plus-vite-que-nous?fbclid=IwAR0DVsvzjjz3SJUUk6tMUnd3u8ktyBblmS5oz6-gCb14Bogg8qEfFwoCNyw
https://www.ledevoir.com/societe/sante/660390/coronavirus-les-non-vaccines-pas-tous-des-complotistes?fbclid=IwAR2vsgX1rO-S7RBT31s1oOxzf0UgOCJ-bWOP8SL0Afk66zCjnglFX-_c0GI
https://www.lapresse.ca/covid-19/2022-01-12/des-medecins-s-opposent-a-la-contribution-sante.php
https://plus.lapresse.ca/screens/6de1fb79-0551-4e72-b51e-2c4aefd8872a__7C___0.html?utm_content=screen&utm_medium=facebook&utm_campaign=microsite%20share&fbclid=IwAR3vLcqwQsR5iV2oupGV61Y0_kBS4TcQaYBdIEcBTP4aEbN1RN7DnFVEm1E