Pour une protection globale des sources journalistiques

Paul Martin
2016-11-30 10:15:00

Ici, les événements entourant l’« affaire Lagacé » ont clairement démontré l’urgence d’agir de nos gouvernements pour assurer une meilleure protection des sources journalistiques et pour reconnaître formellement, par ce geste, le rôle primordial que les journalistes – les « chiens de garde de la démocratie » - et leurs sources peuvent jouer dans la sauvegarde et l’essor de notre société de droit et de ses institutions démocratiques.
Il est carrément aberrant que les confidences faites à un prêtre bénéficient depuis longtemps d’une forme de secret professionnel, alors qu’une protection semblable n’ait pas encore été consentie aux sources journalistiques. Il est grand temps qu’il le soit.
Même si la Cour suprême du Canada a déjà mis en place certaines mesures de protection, elles sont nettement insuffisantes à plusieurs égards.
Au provincial, une reconnaissance statutaire du secret des sources journalistiques, par laquelle il serait réputé être un « secret professionnel », s’impose pour combler les lacunes judiciaires. Une telle loi aurait, du même coup, l’immense avantage de conférer automatiquement à ce secret un statut quasi-constitutionnel.
En effet, cette protection deviendrait alors un droit garanti par l’article 9 de la Charte des droits et libertés de la personne. Ainsi, toute violation de la protection des sources journalistiques, par le journaliste lui-même ou par toute autre partie, y compris des policiers, pourraient faire l’objet de poursuites civiles donnant lieu à une indemnisation et même des dommages-intérêts punitifs.
Cependant, la simple imposition de sanctions civiles par le provincial ne suffit pas. Le gouvernement fédéral aussi doit agir. D’abord en resserrant, dans le Code criminel, les règles en matière d’écoute électronique dans le cas des journalistes (par exemple, en étendant la définition d’ « interception » à la fourniture, par une société de communications, de donnés téléphoniques et en exigeant que la demande d'approbation d’une écoute électronique d’un journaliste soit faite, non pas à un simple juge de paix, mais à un juge d’une cour supérieure). Il faudrait également préciser que le crime de recel exclut de sa portée tout document d’intérêt public fourni à un journaliste suite à son vol.
Mais le fédéral se doit d’aller encore plus loin. Compte tenu de l’importance capitale du secret des sources journalistiques dans une démocratie forte et transparente, toute violation de ce secret devrait, en soi, constituer une infraction criminelle. C’est le cas notamment en France où, une amende et une peine d’emprisonnement peuvent être imposées s’il y a une atteinte au secret des sources comme tel mais aussi pour une atteinte au « secret des correspondances », postales ou électroniques, y compris leur interception, leur utilisation et leur divulgation.
Avec cette protection de confidentialité, tant civile que criminelle, mise en place, l’État enverrait ainsi aux lanceurs d’alerte potentiels le message clair qu’ils ont non seulement le droit de contribuer à assainir nos institutions démocratiques mais qu’ils sont fortement encouragés à le faire.
Cette double protection statutaire accordée aux sources créerait aussi du même coup un important effet dissuasif: avec le risque accru de se faire dénoncer publiquement par des informateurs bénéficiant d’un anonymat garanti, les élus et fonctionnaires seront davantage incités à mieux se comporter dans l’exécution de leurs fonctions.
En protégeant ainsi davantage les citoyens qui désirent offrir des « os » aux chiens de garde de notre démocratie, celle-ci pourra alors être défendue avec encore plus de mordant.
Avocat et auteur, Me Martin est aussi le Corbeau de Droit-inc!
Anonyme
il y a 8 ansQu'en est-il de la situation où le fait de divulguer des informations est lui-même un acte illégal?
Pensez à la situation où une source divulgue des secrets d'état. Y aurait-il une exception du fait que le divulgation soit faite à un journaliste? Et si le journaliste le divulgue à une puissance étrangère. Qui devient responsable de l'acte de trahison?
À moins évidemment que vous croyiez qu'il ne devrait pas y avoir de secrets d'état?
Prenons par ailleurs le cas d'un policier qui divulguerait l'existence d'une enquête criminelle en cour ou la liste des informateurs confidentiels. Est-ce acceptable si le journaliste fournit cette info dans un article? Et si plutôt il refile l'info à des éléments criminalisés? Ou au parti au pouvoir qui est sous enquête?
En manchette: "Tel ministre sous enquête avec filature et écoute électronique- Live". Le seul fait de divulguer cette info ne viendrait pas compromettre l'enquête. Serions-nous plus avancé en tant que société?
Des beaux principes, mais comme disent les anglais, le diable est dans les détails.
Paul Martin
il y a 8 ansCe que vous ne savez pas c’est que mon texte a d’abord été publié vendredi dernier dans la section “Débats” de La Presse + (http://plus.lapresse.ca/screens/683a4c7a-1b06-40aa-b1ac-db4ca6f5caa4%7C_0.html ). Il était donc destiné, au départ, au « grand public », pas à un lectorat d’avocats, et avait alors été rédigé en conséquence.
Non seulement est-ce que j’étais astreint à une longueur maximale de 600 mots mais, en plus, le texte ne se voulait aucunement un traité exhaustif sur le sujet; d’ailleurs, j’en avais ni l’intention, ni le temps, ni l’expertise. C’est donc évident qu’un tel texte ne pouvait pas aborder toutes les diverses facettes de la question. Je me proposais plutôt de seulement attirer l’attention sur certains besoins criants - et aussi sur certaines aberrations consternantes - pour justifier une protection accrue des sources d’information et ce, tant au niveau provincial que fédéral.
C’est un secret pour personne qu’il y a de nombreuses autres importantes et épineuses questions à aborder et à régler dans le cadre d’une réforme en la matière, notamment :
• Comment définir une information dite « d’intérêt public »?
• Où s’arrête le droit du public à l’information et commencent les intérêts supérieurs de l’État (sécurité nationale, etc.) pour établir la ligne de démarcation de protection de la source?
• Est-ce que tous les journalistes ou seulement les journalistes d’enquête pourraient invoquer le secret et le devoir de protection de leurs sources? Et, dans ce dernier cas, comment définir « journaliste d’enquête »?
• Est-ce que tous les médias, traditionnels et nouveaux, devraient être visés?
• À qui, à l’interne, le journaliste pourrait-il divulguer l’information reçue d’une source requérant l’anonymat ? À son chef de pupitre seulement? À l’éditeur-en-chef aussi?
• Quelles mesures de protection devront être mises en place par le journaliste pour recevoir et conserver des informations protégées par le secret (encryptage, etc.) pour ne pas enfreindre son devoir de confidentialité?
Je laisse aux experts, dont je ne suis pas, le soin – et le plaisir – de répondre à ces questions et à toutes les autres qui, inévitablement, surgiront sur la route cahoteuse de la réforme à venir.
Chose certaine, ceux qui voudront participer à cet intéressant débat public sur la protection des sources devront le faire à visage découvert, contrairement à vous qui, n'ayant manifestement pas le courage de votre opinion, avez plutôt choisi ici de vous replier derrière un facile anonymat, qui, lui, ne mérite aucune protection...
Martin Côté
il y a 8 ans"Ce que vous ne savez pas c’est que mon texte a d’abord été publié vendredi dernier dans la section “Débats” de La Presse"
Pourtant le texte ci-haut dit qu'il fera parti d'un livre. C'est une erreur?
Quoi qu'il en soit, à l'exception du "diable dans les détails", il n'y a aucune opinion dans mon commentaire, seulement des questions soumises sans arrière pensée. N'étant pas avocat, elles ne sont pas particulièrement techniques ou juridiques .
Je ne comprends donc pas que vous m'attaquiez sur la supposée crainte de me cacher derrière un anonymat quelconque, j'ai juste pensé que mon nom n'ajoutais rien aux questions que je posais. En fait, c'est le cas, vous savez comment je m'appelle, mais ça ne change absolument rien à mon commentaire.
Drôle d'attitude, surtout considérant que vos collègues semblent ne pas avoir ét particulièrement intéressé par votre texte (mon commentaire est le seul). J'aurais pensé que vous auriez apprécié une discussion, mais de toute évidence votre priorité est ailleurs.
Mais en lisant vos précisions, je comprends qu'en fait vous n'avez fait qu'exposer des principes généraux- stipulé de façon absolue toutefois- sans réfléchir à leur application ou même à leur balises. Vous laissez ça à d'autres, ceux qui s'y connaissent. Dans ce cas, c'est quoi l'intérêt de votre texte? Laissez les experts se prononcer.
Ce sera la même chose pour votre livre? Donnerez-vous des conseils de cuisine ou plomberie pour par la suite dire que vous ne savez pas de quoi vous parlez quand quelqu'un osera demander des précisions?
Franchement, vous avez une drôle d'attitude...
Paul Martin
il y a 8 ansM. Côté,
Vos commentaires, en présumant même qu’ils soient cohérents et pertinents, me laissent un peu perplexe.
Mais, honnêtement, je n’ai ni le goût ni le temps d’y répondre point par point.
Je vais m’en tenir à ce que j’ai déjà dit et à l’esprit dans lequel ces propos ont été faits.
Je n’ai plus rien à ajouter.
À bon entendeur, salut !
Anonyme
il y a 8 ansBonjour M. Côté. J'adore votre réponse.
(s) un avocat anonyme
Anonyme
il y a 8 ansI thought your questions were relevant. Clearly the author simply did not consider those points when he set about drafting what he considered all that wisdom into his paper.
Now, he cannot and will not admit that a non-lawyer went further into the analysis than he did. And if the document was indeed sent to La Presse, he still chose to publish it on Droit Inc, a site frequented principally by legal professionals without specifying that it was not meant for them.
By the way, considering some of his previous comments here, consider yourself lucky...
Your comments are well reasoned and your comments respectful. We are not all like Me Martin, your contribution is welcome.
Martin Côté
il y a 8 ans"Vos commentaires, en présumant même qu’ils soient cohérents et pertinents, me laissent un peu perplexe."
C'est une manie de répondre par l'insulte ou est-ce juste dans les cas où vous vous faites boucher?
Quoi qu'il en soit, je ne suis pas avocat, mais je sais quand quelque chose est cohérent et pertinent et c'est le cas de mon commentaire. Que vous prétenidez qu'il vous laisse perplexe en dit beaucoup plus sur vous que sur moi.
Martin Côté
il y a 8 ans"À bon entendeur, salut !"
Du site Expressio.fr: "Cette expression qui date du XVIIe siècle est en général une menace, un avertissement plus ou moins voilé."
Du site Linternaute: Celui qui a bien compris ce qui a été dit est alors prévenu, à lui de faire attention.
Il me menace donc? Ouais, vraiment une drôle d'attitude...
Anonyme
il y a 8 ansThose with the least reason to have a big ego are typically the ones who have a tendancy to perceive everything as a slight and to react the loudest.