Soignons l’intérêt de SNC Lavalin

Donald Riendeau
2012-03-09 11:15:00
La Cour Suprême du Canada a récemment créé une révolution dans les décisions Wise et BCE en stipulant que l’intérêt d’une organisation n’était plus le synonyme des seuls intérêts des actionnaires mais également de ceux des créanciers, employés et autres parties prenantes.

Ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain
Rappelons-nous que SNC Lavalin est « toujours intègre », comme l’étaient Enron ou WorldCom. En réalité, ce sont les individus qui peuvent être, à une époque donnée, malhonnêtes ou négligents. Parfois, il ne suffit que de quelques personnes pour malheureusement entacher l’ensemble. Je suis convaincu qu’à la Ville de Montréal, à la Ville de Mascouche et chez SNC Lavalin il y a une très large majorité d’individus honnêtes. Alors il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain et détruire un fleuron qui a créé des milliers d’emplois et bâti une partie du Québec d’aujourd’hui avec son génie.
Oui SNC Lavalin est vraisemblablement malade. Mais au lieu de l’euthanasier il serait préférable de la soigner. Tous devons travailler à concocter le remède qui la remettra sur ses pieds, chaque personne est un maillon de la chaîne de la confiance dont dépend sa viabilité. Certains investisseurs majeurs tels que la Caisse de dépôt et Jarisloswky Fraser de même que le conseil d’administration devront jouer un rôle de premier plan et rapidement afin d’éviter que la vilaine grippe ne se transforme en pneumonie. La pire chose serait de pelleter par en avant et de manquer de transparence, la confiance serait doublement affectée.
Une culture de l'éthique
Depuis quelques années, l’opinion publique et les clients sont devenus de plus en plus sensibles aux enjeux éthiques. Les firmes d’ingénierie n’ont aujourd’hui plus d’excuses et se doivent de consulter régulièrement le docteur pour prévenir la maladie. Ce qui étaient des pratiques acceptables ou tolérables autrefois, telles que les commissions secrètes transitant via des sous contractants établis dans des paradis fiscaux pour gagner des contrats en Afrique, ne le sont plus aujourd’hui. Il faut savoir résister à de lucratifs contrats dans des pays où il faut jouer la game. Laissons d’autres s’y casser la gueule et sauvons notre réputation, notre âme et notre fierté.
Contrairement à hier, il n’est plus suffisant pour une entreprise de tenter d’embellir son image par de beaux documents, encadrements et campagnes de relations publiques. Il faut investir du temps et des efforts pour développer et encourager une véritable culture de l’éthique. Des centaines de clients, des milliers d’employés et des millions de québécois n’attendent que ça, dans le meilleur intérêt de SNC Lavalin et de nos autres sociétés qui ont contribué à notre renommée internationale.
Sur l'auteur
Donald Riendeau, avocat indépendant et conseiller en éthique