Un zonage conservation peut constituer de l’expropriation déguisée
Adina Georgescu
2022-10-18 11:15:00
Son terrain, évalué à plusieurs millions de dollars sous le zonage permettant un usage résidentiel, n’a plus de potentiel de développement sous le zonage « conservation ».
Mme Dupras intente donc, en 2016, un recours en expropriation déguisée contre la Ville de Mascouche. La Cour supérieure du Québec lui donne raison et condamne la Ville à lui verser une indemnité financière.
La décision est portée en appel. La Cour d’appel du Québec conclut qu’il y a expropriation déguisée, même si le règlement de zonage de la Ville est valide. Elle donne ainsi à nouveau raison à Mme Dupras et retourne le dossier en Cour supérieure pour que le montant de l’indemnité due à Mme Dupras soit réévaluée à la hausse.
La Ville dépose alors auprès de la Cour suprême du Canada, une demande d’autorisation pour en appeler de la décision de la Cour d’appel. Cette demande est rejetée le 29 septembre 2022, confirmant ainsi la décision de la Cour d’appel et établissant un précédent d’importance en matière d’expropriation déguisée au Québec.
Il s’agit d’une victoire pour les propriétaires fonciers affectés par des zonages de cette nature. Pour les municipalités toutefois, cette décision est reçue comme un pas en arrière eu égard à la protection des milieux naturels; un appel est d’ailleurs déjà lancé par le monde municipal pour que soit modifié rapidement le cadre législatif et réglementaire afin de permettre aux municipalités de continuer à protéger les milieux naturels sur leur territoire.
Adina Georgescu est avocate en droit administratif, droit municipal, droit de l’urbanisme, droit de l’environnement et droit de l’énergie chez Miller Thomson.